J’ai regardé ce documentaire qu’est Alphas. On dresse un portrait assez précis face à cette mouvance de gars qui désirent un retour aux valeurs traditionnelles où l’homme est au centre de la famille, il est le pourvoyeur et la femme reste à la maison pour élever les enfants. Les décisions sont donc prises par « Monsieur » et selon ce que nous pouvions comprendre, la femme n’a rien à dire dans tout ça. On parle du culte du corps, de faire du gros cash et de reléguer les femmes à des positions plutôt plastiques, le tout dans un franglais bien assumé.
Ce qui étonnait dans tout ça, c’était de voir que l’un des gars du documentaire se voulait Julien Bournival, ancien guitariste du groupe de deathcore montréalais, Death Lullaby. Ce musicien montréalais serait maintenant à la tête d’un « empire » de thermopompes, habiterait à Tampa Bay, vénérerait Donald Trump et aimerait les fusils. Par la suite, le Journal de Montréal nous a démontré que cet homme d’affaires et influenceur aurait de nombreux problèmes avec sa gestion monétaire.
Mais ça, c’est une autre histoire.
Ce qui m’a surtout surpris dans le documentaire, c’était ce retour à cette lecture rigoureuse de la Bible et de l’application de celle-ci dans le style de vie des Alphas. Par contre, je doute qu’ils aient bien compris les 7 Péchés Capitaux car l’avarice, la colère et l’envie semblent être bien présentes.
Dans ce documentaire, on comprend que la « rigueur » de la Bible demeure au centre de leur vie et une ligne m’est restée dans la tête. Effectivement, à un moment donné, l’un des protagonistes clame que c’est « la peur face à Dieu qui gère ma vie » Donc, le fait de devoir lui obéir fait que tu dois marcher droit et faire ce que doit. Quelques jours auparavant, j’avais fait la lecture d’une entrevue avec Vomit Forth dans le magazine Decibel et la même ligne avait été dite par le chanteur du groupe, Kane Gelaznik.
Interrogé au sujet de l’inspiration face à l’écriture des textes du nouvel album Terrified of God, il a raconté : « Je n’ai pas eu une vie facile. J’ai repris le contrôle, par contre. Je me suis vautré dans cette crainte et j’ai commencé à écrire les textes pour cet album. De quoi ai-je peur? D’être un sans-abri? J’ai la crainte d’être un échec total. J’ai peur de Dieu, car je regarde mes propres péchés, mes insécurités, les portions négatives de mon être. J’ai cette peur que Dieu me regarde en se disant que je ne suis qu’une loque humaine! C’est cette peur qui m’habite…»
On comprend que malgré le fait que certaines sociétés veulent devenir beaucoup plus laïques, l’esprit religieux se veut encore bien présent chez certaines personnes. Bien que cette branche que sont les mâles alphas ne soit que minime, on voit clairement tout ce qui se passe aux États-Unis, nos voisins d’en bas.
Avec un titre aussi massif que Terrified of God, Vomit Forth ne joue pas dans les mêmes platebandes qu’une formation comme Stryper. Ce groupe américain ne propose pas un death metal catholique non plus. Avec eux, c’est un death metal moderne mais qui se veut imprégné d’une bonne couche de la vieille école. L’objectif du groupe était d’offrir l’album le plus brutal possible. Est-ce un objectif atteint?
Selon leurs standards, ce l’est probablement car il n’y a pas vraiment de répit sur Terrified of God, surtout avec 12 chansons plutôt courtes pour un chrono de moins de 28 minutes. Pas de répit, non merci. Que des subtilités, ici et là mais en général, c’est cognard en cibole et la production de Randy LeBoeuf sert grandement le produit offert. C’est gras, lourd et punitif comme effet.
Les percussions sont accablantes, la basse est oppressive et la guitare est tranchante. À la voix, Gelaznik est en pleine maitrise face à son œsophage où le gargarisme passe du tranchage de la jugulaire à l’encombrement porcin. Dans les voix modernes dans le genre death métallique, la sienne demeure l’une des plus innovatrice.
Lorsque je me tapais l’album, je dois avouer que la première pièce de l’album, Victim Impact Statement, était celle qui m’impressionnait le moins dans le lot. Je la passais et mettais immédiatement la seconde, Sacred Apple. Le pont qui mène vers ce qui se veut le refrain est aussi opaque et poisseux que le filtre qui se retrouve sous la friteuse du Poulet Frit Kentucky de Matagami.
Ensuite, c’est l’effet marteau-piqueur de Blood Soaked Death Dream qui s’occupe de la suite punitive, la basse de Negative Penance est répressive tandis que la voix t’injecte un puissant venin dans le fond de l’oreille et Blood Lead Index demeure un barrage sonore plutôt insaisissable puisque rien ne semble pouvoir y entrer, n’y en sortir.
Avec sa guitare aux teintes alarmantes, Non Responsive demeure probablement la pièce de l’album la plus complète car elle propose l’amalgame complet de ce que Vomit Forth peut offrir tant dans les transitions musicales, la basse dominante et la voix en mode complexité. Si Fear of Retaliation mitraille, Rotting Wool se veut plus souple avec sa basse pâteuse, bien appuyée par des coups précis sur les tambours et cymbales, en plus d’une performance vocale abyssale. Si tu ajoutes du sel avant de manger tes frites, sachez que Vomit Forth termine son album avec une pièce du nom de Salt. Ce condiment sonore ne fait que confirmer que cet album se veut un excellent investissement face à votre appétit vorace en brutalité death métallique.
Si le chanteur a probablement la pétoche face à Dieu, bien assis sur son trône posé directement sur son nuage cotonneux, il faut croire que les musiciens, eux, n’ont pas eu peur de nous offrir un fichu bon album de death metal!
Disponible sur Century Media Records.
Photo : Fin Geiger