Quand le premier album de ce supergroupe qu’est Vltimas est sorti, j’étais plutôt enthousiaste. D’avoir Flo de Cryptopsy (absent de la photo promo) aux percussions, l’ancien Morbid Angel, David Vincent, à la voix et l’ancien de Mayhem, Rune « Blasphemer » Eriksen, à la guitare qui s’alliaient pour proposer du dark metal, ça me rejoignait amplement. J’avais l’enthousiasme de la blonde de Réjean Tremblay roulant dans sa Audi à Fort Lauderdale. Et pour raison, Something Wicked Marches In était un fichu de bon album. Sombre, metal et baraquée, cette première carte de visite se voulait satisfaisante.
Quand j’ai vu que le groupe faisait des concerts, surtout en Europe, et qu’un second album allait sortir en 2024, je me suis dit que j’allais attendre le premier extrait officiel avant d’y aller avec un enthousiasme que j’estimais plutôt précoce. J’allais me garder la même retenue que Réjean Tremblay quand sa blonde aux lunettes démesurées parlait avec exorbitance à Denis Lévesque.
Après tout, un premier album pour un supergroupe est toujours le fruit d’un long travail (bien souvent dans le disque dur du guitariste qui accumule du matériel que le groupe principal n’a jamais approuvé) tandis qu’un second est souvent produit dans la hâte, question de profiter du buzz du moment. Après mes trois premières écoutes de ce nouvel album qu’est Epic, il a fallu que je me demande ce qui se passait.
Effectivement, mon enthousiasme n’était aucunement présent, n’y palpable. Je trouvais que le titre de l’album, Epic, ne collait pas vraiment à ce que j’entendais. Dubitatif, je me disais que c’était probablement dû au fait que je n’avais pas fait mes écoutes en prenant une longue marche dans mon Terrebonne bucolique.
Aucunement fidèle à mes habitudes, j’avais fait mes sessions d’écoute uniquement en étant bien assis, dans la salle à manger, tout en tapant des mots sur mon ordinateur portable. J’ai transféré l’album dans mon iPod antique, enfilé mes Merrell et je suis allé marcher dans mon quartier.
Non, rien d’Epic ne collait. L’album ne me grimpait pas au cerveau, ni aux oreilles. Cet album a fait patate, solidement. Pourtant, j’avais apprécié le premier album, que j’avais même acheté en format vinyle. Je me suis dit que je me devais de me retaper ce premier album qu’est Something Wicked Marches In, pour confirmer ce qui ne fonctionnait pas avec Epic.
Dimanche matin, je me sui reclanché le vinyle et j’ai catché immédiatement. Sur l’album précédent, la voix de David Vincent est beaucoup plus métallique. C’est que sur ce nouvel album, il CHANTE beaucoup plus. Il propose sa voix plus feutrée, plus suave et, justement, plus épique!
Et personnellement, c’est là que j’embarque un peu moins.
Musicalement, l’album est moins rapide que le précédent. Nous sommes vraiment dans du dark metal, c’est sombre mais la voix vient apporter un contraste qui parfois, se veut particulier. Sur la pièce titre, Vincent est en mode voltige sur certains mots punchés et il essaie même de parler en chantant. Un exercice vocal qui se répète à quelques reprises sur l’album…
La pièce qui m’a fait lever le sourcil de façon vertigineuse reste Mephisto Manifesto qui, musicalement, demeure une pièce bien ficelée mais l’approche vocale de Vincent est trop lyrique, embaumante et onctueuse lors des refrains.
Par contre, des chansons comme Miserere, Exercitus Irae, Invictus et Scorcher se veulent plus solides et me remettent en mode satisfaction face à cette seconde production d’Vltimas. Fulgurantes, elles proposent des structures qui me rejoignent un peu plus quand je consomme un « produit » qui se veut produit par des figures emblématiques du metal extrême.
Epic n’est pas un album qui marque mon premier trimestre de 2024. Tant bien que mal, j’ai essayé d’embarquer dans cette production proposée par Vltimas mais je n’ai pas été en mesure d’en tirer une satisfaction complète étant donné l’approche plutôt vaste des élans vocaux de David Vincent.
Disponible le 15 mars chez Season of Mist.
Photo : Jolanda Siemonsa