En ce début d’année, il était plutôt évident que Justin Trudeau allait se retirer comme Premier Ministre ou du moins, se faire démissionner. L’usure du pouvoir aura eu raison de lui, ceci demeure un fait. Les nombreuses frasques liées à sa présence pendant de longues années au pouvoir nous empêchent de voir les grandes réalisations qu’il a pu faire. Si grandes réalisations il y a eues… Joe Caisse-de-Bière va beaucoup plus se rappeler des déguisements, des larmes, de « Bohemian Rhapsody » avec Gregory Charles plutôt que des renégociations de l’ALENA ou des allocations canadiennes pour enfants. Il y aura un sourire face à ce congé de TPS sur la baboche et les chips mais en gros, Trudeau va quitter avec un bilan plutôt négatif pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

Ce sont des choses qui arrivent, personne ne fait de politique pour recevoir de l’amour tout au long du mandat. Trudeau fils sentait venir la soupe plutôt chaude et il est à se demander s’il a pris une marche dans la neige, comme l’a fait son paternel. Effectivement, Pierre-Elliott Trudeau avait pris une marche dans la neige, près du parlement, question de penser à son avenir politique, ce qui avait amené sa réflexion à une démission. Cette image bucolique se veut forte et, comme de raison, une bonne vieille marche permet de bien réfléchir.  

C’est ce que j’ai dû faire, moi aussi, pour bien m’acclimater au nouvel album d’Unreqvited. Du nom de A Pathway to the Moon, ce septième album en neuf années d’existence nous confirme la grande capacité de production de ce projet d’un seul homme, le multiinstrumentiste ontarien du nom de ou William Melsness, nom officiel qui apparait sur son rapport d’impôts. J’ai reçu l’album pendant mon congé des Fêtes et je me le suis tapé fort probablement lors d’une matinée entre deux cappuccinos, juste avant deux ou trois toasts au creton.

Dans le confort de mon foyer, bien vautré dans le sofa du salon, j’ai pris le temps d’écouter l’album à quelques reprises. Ça ne collait pas, mais vraiment pas. Du tout, zéro et une barre. En période festive, d’y aller avec ce genre musical qu’est le Post-Black Metal/Shoegaze/Ambient plutôt mélancolique et baigné dans les émotions liées face à Mère Nature, je ne crois pas que cela fittait avec le fait d’être assis près du sapin, en robe de chambre.

J’ai donc mis A Pathway to the Moon de côté, jusqu’au 5 janvier 2025. Il fallait que je prenne du recul face à l’album pour mieux le redécouvrir. Avec un retour au travail, je reprenais la routine quotidienne et hebdomadaire. Une des habitudes que me caractérise demeure le fait d’écouter ma musique alors que je prends le temps d’aller marcher dans ce fantastique Terrebonne qui se veut ma municipalité, depuis 2008.

J’ai donc pris le temps, samedi et dimanche, d’aller dans le boisé près de chez moi pour m’imbiber de cet album. J’en avais grandement besoin, sinon j’aurais probablement eu des lignes beaucoup plus acerbes face à A Pathway to the Moon, surtout qu’avec la première pièce,on se retrouve dans le caramel sonique le plus sucré de la discographie de Unreqvited. Je ne m’attendais aucunement à entendre une mélodie aussi soyeuse, bercée par le piano et les voix célestes, envoutantes et émotives.

Effectivement, avec Overture I: Disintegrate, on se retrouve dans le gros bonbon sonore. Déstabilisé, je me demandais même si le label qu’est Prophecy Productions ne s’était pas trompé en incluant une pièce d’un artiste grand public dans sa copie promotionnelle. Mais non, c’est bel et bien un morceau d’Unreqvited pour entamer l’album. Un piano dans une grande pièce semble prendre place et la voix de est mise à l’avant, très feutrée et céleste. Harmonies vocales sur touches pianotées, je suis dans une sphère plutôt dubitative.

J’avais l’impression d’entendre un candidat de Star Académie voulant séduire les téléspectateurs québécois, un dimanche soir…

Ce morceau se fond lentement dans la seconde pièce, The Antimatter. Proposition plus acerbe, la cassure est totale face à la portion initiale. Guitare, percussion et voix acidulée, ma cadence peut maintenant accélérer. Parcelle plus noircie mais toujours très aérienne, ce sont les arrangements précis qui viennent apporter la balance dans ce morceau.

Vers le tiers, on retrouve la voix plus éthérée qui sera en duel avec sa proposition acidulée, ce qui permet une montée musicale bien baraquée. Ensuite, c’est une ligne plus planante qui me frotte les oreilles, en plus d’un retour de la voix serpentaire. Je regarde mon lecteur musical pour vérifier où j’en suis et c’est encore la même pièce qui joue, me confirmant que The Antimatter est un morceau plutôt épique!

The Starforger est aussi en douceur dans ses premières lignes. J’ai Shelter d’Alcest en tête, une proposition plus shoegaze pour le groupe en 2014, étant donné que c’est la douceur musicale qui se retrouve à l’avant-plan. Même si nous retrouvons un certain feulement, la proposition demeure musicalement cosmique, ce qui m’incite à prendre un moment de répit. Je cesse ma randonnée, et je regarde autour de moi. Vision panoramique, je suis en hauteur et je peux voir au loin le décor Terrebonnois tout en étant enjôlé par ce morceau, surtout avec sa portion de clavier globuleux qui me rappelait Un Trou dans les Nuages de Michel Rivard.

C’est plus tranchant sur Void Essence, quoique le scintillement musical des arrangements apporte une certaine luminosité à cette pièce. Into the Starlit Beyond me remet (une fois de plus!) ce qui se retrouvait sur Shelter d’Alcest grâce à son effet enveloppant, même si dans le dernier tiers du morceau nous retrouvons une partie plus furibonde mais toujours subtile, en relation avec les arrangements veloutés de cette pièce.    

Et c’est ainsi jusqu’à la toute fin de l’expérience sonore qu’est A Pathway to the Moon. Je suis en mode satisfaction face à cette promenade plus que bénéfique en cette période d’après les Fêtes car, en toute honnêteté, j’ai quelques kilos à perdre. Album surprenant pour sa présentation très accessible, j’ai l’impression que les amateurs des arts musicaux plus noircis, autant que les fanatiques de Sleep Token, pourront trouver satisfaction avec cette proposition.

De mon côté, encore dans ce sentier de neige, j’accélère le pas car je me dois de changer la cadence imposée par Unreqvited pour quelque chose de plus rapide. Sinon, je risque de passer trop de temps en forêt à contempler les arbres qui m’entourent, à regarder les écureuils qui grimpent aux arbres en plus de voir les gens pas trop certains sur leurs skis de fond, probablement achetés au Boxing Day.      

Disponible le 24 janvier sur Prophecy Productions.

www.facebook.com/unreqvited/