Cela fait un bout que je pense faire ce genre de chronique mais là je me lance. Surtout que le nombre de nouvelles sorties métalliques prend une certaine pause pour quelques jours, je me devais de mettre un truc en ligne mais qui demeure pertinent. J’ai fait quelques recherches dans mes archives pour confirmer si je n’avais pas déjà pondu ce genre d’articles pour un autre média. Rien chez Voir, rien chez Sang Frais, rien chez BangBang et rien pour Musik Universe. Non, rien au sujet d’une nouvelle série d’articles au sujet de pièces qui viennent de ma collection personnelle qui se veulent de grande valeur. Du moins, à mes yeux!
Et j’ai décidé de nommer cette série « Une belle pièce, ça! » en honneur du magasin Musik Puces de Chicoutimi, sur la Rue Racine. Effectivement, cette expression venait de la part de l’un des tenanciers de la place qui adorait lancer cette réplique à chaque fois qu’un consommateur de mescaline lui amenait une copie vinyle d’Abracadaboum de Bérurier Noir en échange d’une couple de Wilfrid Laurier ou qu’un métalleux poteux arrivait avec l’homonyme de Bathory, et repartait avec une Reine Victoria, direction le bar SolidRok, pour aller l’échanger contre un sachet de tabac d’orchestre.
Oui, je vais vous dresser le portrait de quelques pièces de ma collection qui se veulent particulières mais surtout, l’histoire qui se cache derrière. Est-ce le début d’une longue série d’articles? Ceci reste à voir! En attendant, voici le premier de cette série et le choix se voulait plus qu’évident : Metallica avec Ride the Lightning!
J’ai cet album depuis 1984. C’est l’édition Banzaï, ce fameux label montréalais qui est responsable du fabuleux logo Speed Metal. La légende raconte que cette étiquette se voulait une branche additionnelle du magasin Rock en Stock, disquaire metal qui était spécialisé dans le genre et surtout, dans le fait de maintenir un catalogue de bootlegs plutôt impressionnant.
Au début des années 2000, Piggy de Voïvod m’avait raconté que Banzaï ne payait pas correctement les artistes et/ou labels avec lesquels ils avaient une entente ou contrat. Avec les années, j’ai fait des entrevues avec de nombreux artistes qui ont eu des albums sortis par le label montréalais, comme Mille de Kreator ou Schmier de Destruction. Je posais tout le temps la question suivante : « Est-ce que vous avez été floué par cette maison de disque? » La réponse demeurait tout le temps la même : « À l’époque, TOUTES les maisons de disque nous flouaient! Hahahha! »
Même Lars Ulrich m’a répondu la même chose…
Pour en revenir à la copie que je possède, c’est celle de Banzaï au numéro BRC 1909, avec l’étiquette blanche sur le Side 1. Comme vous pouvez le voir au bas de la photo, le bas de l’image est arraché. En 1996, lorsqu’il y a eu le déluge au Saguenay, nous avons eu un refoulement d’égout et ma chambre, qui se voulait au sous-sol, n’a pas été épargnée. J’ai une série de vinyles qui y ont goûté solidement, dont ma copie de Ride the Lightning.
J’ai eu ce disque par un ami de la Côte Réserve, Gino St-Gelais qui lui, l’avait eu de son cousin. Je ne me souviens plus si je lui avais acheté ou probablement échangé contre des figurines GI Joe ou un Livre dont Vous Êtes le Héros.
Ride the Lightning demeure mon album metal préféré de tous les temps et en voyant les sillons sur ce vinyle, vous comprenez amplement que ce vinyle a été joué, et pas toujours sous une aiguille de qualité. Par contre, je l’écoute encore régulièrement. Même si je possède deux autres versions de cet album en vinyle, je reviens toujours à l’originale pour y entendre les mêmes crépitements, qui surviennent aux mêmes endroits et ce, depuis 40 ans!
En 2017, j’ai eu l’opportunité de faire une entrevue avec Lars Ulrich, batteur de Metallica, alors que le groupe venait jouer à Montréal pour promouvoir Hardwired… to Self-Destruct. Concert qui avait lieu au Parc Jean-Drapeau avec Avenged Sevenfold et Volbeat, en plus d’avoir MixMaster Mike qui spinnait entre les bands.
Nous devions nous rendre sur place, en arrière scène, pour pouvoir faire les entrevues. Chaque équipe, qui représentait divers médias, se retrouvait dans la loge respective du musicien interviewé. Dans notre cas, j’écrivais pour Voir à l’époque, c’était dans un ancien conteneur maritime que l’on retrouve sur un paquebot qui avait été transformé en loge pour Lars Ulrich. Il y avait ses cossins ici et là, un roadcase de Metallica et un divan, dans le fond.
L’assistante de Lars Ulrich nous a avisés que nous allions avoir 10 minutes car le groupe a un horaire chargé. Très chargé, même. Elle nous a dit qu’elle allait venir ouvrir la porte pour nous confirmer qu’il ne restait qu’une minute à l’entretien et qu’il fallait wrapper ça, là. Étant une personne qui suit les règles, j’ai acquiescé sans broncher.
Ulrich est entré dans son cubicule, tasse de thé à la main. Poignées de main d’usage, nous avons débuté l’entretien qui s’est avéré très riche en anecdotes et autres faits croustillants. Lorsque l’assistante est venue après les 9 minutes, j’ai remarqué la main d’Ulrich, par en dessous, à la hauteur de son genou. Il faisait rouler son index, en voulant dire : « Je continue, donne-moi du temps! »
À ce moment-là, nous parlions de la portion québécoise de la tournée Master of Puppets et Ulrich, qui possède une mémoire phénoménale, était en feu face aux éléments de cette époque. Par la suite, l’assistante est revenue et il a répété le même mouvement du doigt alors que nous parlions, justement, de l’époque Banzaï et de autres parutions bizarres de Ride the Lightning, dont celle avec la couverture où le bleu est plutôt verdâtre.
Après le double du temps alloué, l’assistante est revenue dans le cubicule mais, elle avait les gros yeux face à Lars Ulrich. Il a terminé sa réponse, les remerciements habituels, la photo d’usage mais surtout, l’autographe sur ma copie de Ride the Lightning.
En sortant du cubicule, nous avons vu Ulrich qui rejoignait les autres membres du groupe. James Hetfield descendait les escaliers de sa loge, Trujillo avait terminé son entretien. Il s’étirait avec Kirk Hammett dans un silence presque solennel.
Le représentant de Warner nous attendait. Il nous lance : « C’était plus long que prévu, non? What happened? » Nous lui avons répondu que Lars Ulrich voulait continuer de jaser et il voulait continuer l’entrevue, tout simplement… ce qui ne le surprenait pas!
De son côté, il nous a expliqué qu’étant donné que nous avions jasé plus longtemps que prévu, le meet & greet avec Metallica avait été repoussé d’une trentaine de minutes pour les fans mais qu’avec Lars Ulrich, c’était une pratique courante. Il nous disait que lorsqu’il sent que les « intervieweurs » savent de quoi ils parlent, Ulrich se donne encore plus.
Donc, si vous étiez du groupe de fanatiques qui attendait pour le meet & greet en 2017 et qu’il y a eu un certain face à votre rencontre avec Metallica, je plaide coupable…