C’était beau hier. Journée fraiche de printemps, ce qui m’a permis de passer une partie de mon après-midi sur Mont-Royal pour aller chez mes disquaires favoris. J’ai stationné ma voiture au métro Sauvé car je ne veux plus me rendre au centre-ville de Montréal en voiture. C’est trop imprévisible et tortueux. Tu sais quand tu arrives mais avec les travaux de nuit (et même de jour) tu ne sais vraiment jamais quand tu seras de retour.
Après quelques achats fructueux, je me suis dirigé vers le Brewskey où j’allais rejoindre la vieille garde du hard rock/metal de moustachu, des amis que je n’ai pas vus depuis deux ans, d’autres depuis quelques semaines seulement. Et c’est ce qui a d’intéressant face à ce retour à la normale, de retrouver le monde, surtout lorsqu’un événement a lieu le samedi.
Moins de pression, on prend notre temps et on peut discuter autour d’une excellente bière. Vers 19h30 par contre, il fallait s’activer car il n’était pas question de manquer King Buffalo. Ce constat était bon pour tous. L’objectif était aussi de visiter la table de marchandises car les vinyles du groupe ne courent pas les rues et quand tu réussis à en trouver un en magasin, il se veut chèrant.
Le bison des prairies
Au Club Soda, direction la table et il reste quelques vinyles. Je me prends The Burden of Restlessness car à 35$, c’est une aubaine. Hop dans le sac, il va rejoindre les autres achats du jour et le sac sera inséré dans ma veste de jeans, au vestiaire. Il est assez tôt, la foule n’est aucunement compactée, ce qui fait que nous pouvons nous hisser jusqu’au-devant de la scène où les premières mesures d’Ecliptic se veulent audibles. Cette introduction se glissera lentement dans Hebetation, la canette est en main, le tout coule et roule avec précision. La balance de son est parfaite pour le trio qui profite de ce samedi soir pour nous englober de son stoner psychédélique.
Malgré le fait qu’un écran soit disponible en arrière-scène, King Buffalo préfère jouer devant leur logo antique qui se retrouve dans un genre de kaléidoscope, rappelant celui de Blue Cheer. Le trio se veut puissant et sonne comme si King Buffalo était un quintette. Le guitariste chanteur Sean McVay manipule un clavier pour puncher certaines sonorités et le bassiste Dan Reynolds fait de même. Aux tambours, le jeu de Scott Donaldson est fluide et son bass-drum transparent avec lumières à gogo se veut hypnotisant et enjôleur.
Si ce n’était des belles coiffures tendance des deux instrumentistes à cordes, nous aurions l’impression de voir et d’entendre un trio rock des années ’60. King Buffalo pige à gauche et à droite dans son catalogue, le tout est d’une pertinence sonore ultime et les sessions de oui-oui de ma caboche m’indique que je passe une soirée affriolante avec des chansons comme Shadows, Centurion et The Knocks.
Après la prestation du Roi Bison, le constat est immédiat : Nous en aurions pris un peu plus. Ce qui veut dire qu’une visite en tant que tête d’affiche se veut nécessaire.
Tonton acidulé en plein contrôle
Aux environs de 21h30, les lumières se sont tamisées pour laisser place à Uncle Acid & the Deadbeats. Pour avoir vu le groupe à quelques reprises sur scène, je savais environ à quoi m’attendre pour cette prestation qui se voulait attendue par de nombreuses personnes. Effectivement, si King Buffalo s’est retrouvé devant un Club Soda plein à la moitié de sa capacité, l’étage supérieure était maintenant accessible pour cette partie de la soirée.
Mt. Abraxas a ouvert la soirée et la tignasse de Mononc’ Acid et de son bassiste Justin Smith virevoltaient sur chaque coup de la chanson. Derrière eux, des images tirées de vieux films en noir et blanc retravaillées pour avoir un aspect encore plus psychédélique ont été projetées tout au long du concert.
Il est intéressant de voir le batteur Jon « The Charn » Rice aux percussions pour ce groupe. Reconnu comme étant une machine de puissance death métallique et/ou black métallique, de le voir en mode plus hard rock nous permet d’apprécier sa parcelle plus apaisante au niveau du jeu et il ne manque aucun coup.
Montés sur des bottes antiques à talons saillants, les musiciens du groupe n’ont pas tenté de pousser de nouveau matériel à venir, d’un album à paraitre incessamment. C’était plutôt un tour d’horizon face aux productions antérieures d’Uncle Acid, en mettant un gros crayon surligneur jaune sur la période de Bloodlust, avec 13 Candles, Death’s Door, I’ll Cut You Down, Over and Over Again et Ritual Knife.
C’est comme mélanger les Beatles avec Black Sabbath!
Cette soirée se voulait puissante, remplie de pugnacité de la part des Anglais, à l’exception de Slow Death qui est venue, justement, mettre un frein à l’élan entrepris par le groupe. Par contre, après cette pièce plus contemplative, nous avons eu droit à Crystal Spiders et Desert Ceremony, ce qui nous a remis la caboche en mode approbation totale.
De façon logique, la formation a mis un terme à sa soirée avec No Return, tout en laissant paraitre un The End, comme fond d’écran qui annonçait la fin de la soirée, non la fin du groupe.
Après un parcours fructueux pour reprendre ma veste au vestiaire, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un code couleur au niveau des tickets. Deux ans d’inactivité sociale et musicale, il y a certaines habitudes qui se veulent difficiles à reprendre car nous devons réapprendre de nombreuses choses. Et hier soir, j’ai réappris à faire de nombreux oui-oui de la caboche, ce qui fait que j’ai dû me clancher deux capsules de Tylenol en arrivant, le mal de cou se faisant sentir…
Photos: Martin Desbois (2 avril 2022)