Depuis quelques jours, je vois sur mon fil Facebook que j’ai quelques amies qui s’autoproclament « veuves de chasse ». Je dois avouer que ça fait changement des gens qui méprisent le nouveau film du Joker ou qui parlent de leur pool de hockey, mais qu’est-ce qu’une veuve de chasse? C’est plutôt simple, c’est lorsqu’une dame voit son amoureux aller à la chasse pendant une couple de jours, probablement pour aller chasser son buck. Se retrouvant seule pour cette période, elle estime être une veuve de la chasse. C’est certain que de mon côté, étant originaire du Saguenay, j’ai de nombreuses connaissances qui sont en couple avec des chasseurs, ce qui fait que le portrait est régulier.
Lorsque je me suis rendu au Saguenay, il y a trois semaines, j’ai remarqué que certains commerces avaient des promotions en relation avec la période de la chasse. La plus éloquente et surtout surprenante était celle de l’un des sex-shops de Chicoutimi qui suggérait aux veuves de venir les visiter en magasin pour découvrir leur nouvelle collection de dildos. C’est une business qui profite de certains phénomènes collectifs, comme les promotions de l’Action de Grâce ou le Boxing Day.
Mais aller à la chasse libère tes instincts les plus, primaux. C’est une activité qui libère totalement la testostérone chez les messieurs et le sentiment de traquer une bête se veut un acte original qui ramène l’Homme ( et la Femme aussi, dans certains cas!) dans cette notion archaïque mais excessivement éloquente face à ses pulsions. Désolé chers amis des bêtes/nature mais les chasseurs adorent prendre leur gros pickup F-150 pour aller se capturer un orignal et le ramener à la maison, question d’impressionner la famille en plus de combler l’appétit de la personne aimée, ainsi que de la marmaille.
Malgré mes origines saguenéennes, je ne suis pas un chasseur. Par contre, je peux comprendre cette sensation totalement féodale. J’imagine que je ressens le même type de sensation quand je vais à la chasse aux vinyles lorsque je me rends aux 33 Tours et au Freeeson, sur Mont-Royal.
Chacun son buzz, non?
Mais je sens que si j’avais la chasse dans ma série d’activités automnales, il me semble que je ferais le tout en écoutant mon style musical de prédilection, le death metal. Cette musique de type primitive et pratiquement moyenâgeuse se veut parfaite pour ce type d’activité qui libère l’ours en toi. Musique rageuse, grogneuse et bestiale, elle se veut la trame sonore parfaite pour ce genre d’occupation sportive et dans un sens, alimentaire.
L’un des groupes que je me clancherais lors de ma recherche de la bête serait The Crown, autrefois connu sous le nom de Crown of Thorns. Ce groupe suédois lance un nouvel album qui porte justement, ce nom. C’est toujours dans un death metal vif, thrashé mais toujours aussi mélodieux. Composé de vétérans de la scène, The Crown est un groupe qui offre une régularité death métallique qui ne déçoit presque jamais.
Mais je dois avouer que j’ai eu besoin de quelques écoutes pour me faire à l’oreille face à ce nouvel album et c’est surtout lié au fait que j’ai grandement apprécié les deux précédents que sont Royal Destroyer et Cobra Speed Venom. Véritable musique de course, un death metal vigoureux était offert sur les deux albums mais j’avais l’impression que ce n’était pas le cas sur Crown of Thorns.
Effectivement, il y a un petit côté heavy metal classique sur cet album et je me rends compte que j’ai eu de la difficulté à me le modeler dans le fond de la caboche. En fin de semaine, j’ai eu le temps de débuzzer du dernier Blood Incantation et je me suis mis en mode automnal. Mes marches de la fin de semaine étaient sous le signe de cette couronne de piquants.
Je ne pouvais pas me tromper, surtout que la chanson qui te slappe le tout dans le visage est I Hunt With the Devil. Non, je ne me suis pas mis à traquer l’orignal mais c’est plutôt que le pas de cadence imposé par cette pièce demeure, infatigable! Ça reste intense avec Churchburner, le souffle offert par le chanteur Johan Lindstrand est sulfureux et les voix d’accompagnement lors des refrains sont infernaux.
La chanson Gone to Hell est plus harmonieuse. Avec un esprit plus classique, l’intensité offerte depuis le début s’abaisse pour nous offrir une chanson plus détendue quoique la bourrade reprenne avec la rageuse qu’est Howling at the Warfield. Ensuite, on tombe est mode heavy metal plus près des racines sur The Night is Now et c’est implosif avec God-King qui propose des intonations dignes du metal plus noirci.
Ça s’affole grandement avec The Agitator. Au niveau du picking et des coups sur la caisse-claire, c’est rapide et il est pratiquement impensable de s’imaginer des poignets de musiciens dans la fin de la quarantaine/début cinquantaine y aller avec autant de vélocité. Au moins, cette chanson est sous les deux minutes. L’album, en version régulière, se termine plus sagement avec deux gros morceaux lourds mais plus flegmatiques avec Where Nightmares Belong et The Storm That Comes.
Si vous vous dirigez vers la version digipak, vous retrouverez trois chansons en bonus qui, justement, possèdent un esprit plus près des racines. Dans un premier temps, la pièce Eternally Infernal salue au passage l’historique du metal extrême, No Fuel for God propose une bonne ligne qui rappelle le Metallica des années ’90 mais dans une sauce The Crown mais la dernière qu’est Mind Collapse ramène le chasseur dans un sentier plus près de la formule habituelle.
Crown of Thorns demeure un album aussi solide que les bois d’un gros buck mâle, à pleine maturité et déploie la même fierté que le ferait un chasseur qui revient avec la tête sur le hood de son pick-up… mais en version métallique!
Veuves de chasse, si vous étiez en train de vous complaire du retour de votre guerrier à la chaumière, attention à votre enthousiasme car la saison des Canadiens vient tout juste de commencer…
Disponible le 11 octobre sur Metal Blade Records.
www.facebook.com/thecrownofficial
Photo : Daniel Johansson