Revenant Marquis est sans contredit une des figures marquantes de la scène Raw black des dernières années. Malgré sa carrière que je considère encore jeune (première sortie en 2018), il a déjà 7 albums pleine longueur à son actif dont 1 complètement Dungeon synth ainsi que plusieurs splits avec d’autres groupes bien connus (Lamp of Murmuur, Ossements, Spider God, The Sun’s Journey Through The Night). Personnellement, le Revenant représente à merveille ce qui m’attire dans la musique démoniaque : une esthétique sans reproche, une sonorité des plus crasseuses qui soit (#GardeRobe) et beaucoup de malsain. J’étais donc assez curieux de voir ce qu’il allait proposer pour faire suite à l’excellent Below the Landsker Line sorti en 2021.
Les premières notes me donnèrent et me donnent encore des frissons tellement la pièce classique qui est présentée concorde à merveille avec la majestuosité et toute la classe de la pochette. J’étais donc prêt à en prendre plein la poire par la suite comme le Revenant m’a habitué depuis que je l’ai découvert. Malheureusement, après maintes écoutes, je ne réussis pas à accrocher. Milk Teeth répète la recette qui a rendu le one man band précieux dans mon estime sans toutefois réussir à me conquérir. Certes, les mélodies sont à la fois hypnotisantes, agressives et troublées, le vocal est un peu effacé, mais hurlant et tourmenté, la batterie se taille une place de choix malgré qu’elle est beaucoup moins en avant-plan qu’à l’habitude, mais il manque l’étincelle… les papillons dans le ventre.
Après maintes écoutes et plusieurs moments de réflexion, je me suis demandé pourquoi cette sortie me laissait aussi indifférent. Pourquoi est-ce que je suis en train de « friendzoner » le Revenant alors qu’il m’a toujours charmé au plus haut point. J’en suis venu à la conclusion qu’il manquait quelques ingrédients afin que la flamme se ravive. Tout d’abord, je consens qu’il soit bien de conserver une recette gagnante lorsqu’elle l’est, mais dans le cas présent, je ressens une profonde stagnation. Rien pour se renouveler, rien pour emmener l’auditeur dans une autre dimension tout en gardant sa couleur et ses traits caractéristiques. J’ai tout simplement l’impression que la majorité des pièces sont aussi fades et sans entrain qu’un verre d’eau tiède sur le comptoir depuis 3 jours. Il y a quand même certains bons moments (outre l’intro) dont Arboretum of the Spectral Vail qui m’a démontré que le protagoniste sait encore avoir la fougue d’antan.
D’ailleurs, c’est en écoutant à plusieurs reprises cette chanson que j’ai trouvé ce qui manquait au restant de l’album : de l’inquiétude et de la frayeur. J’ai toujours décrit le groupe comme étant déstabilisant tout en semant de l’insécurité et c’est une autre composante qui se retrouve très peu dans Milk Teeth. Je me sentais plus dans une chaise berçante au soleil que dans un donjon avec des sons douteux de l’autre bord de la porte.
En conclusion, au lieu de frapper un grand chelem comme à son habitude, Revenant Marquis a tout simplement perdu pied avec sa dernière sortie. Tout n’est pas mauvais, au contraire, mais rien n’est excellent. D’ailleurs, les 500 copies vinyles chez Death Prayer Records (Death Kvlt Productions) n’ont pas encore trouvé preneur. Coïncidence? À vous de me le dire!