Guitariste chez Amorphis depuis toujours, Esa Holopainen est un artiste accompli et complet. Si tu jettes un œil sur le catalogue du groupe, tu te rends compte que la formation finlandaise est prolifique et a produit une énorme quantité d’albums et, comme de raison, de chansons.
Lorsqu’un groupe prépare un album, bien souvent, ce ne sont pas toutes les pièces qui sont utilisées. Parfois, elles sont proposées mais elles ne sont pas retenues. À d’autres reprises, un artiste peut tout simplement accumuler du matériel en se disant que le tout sera utilisé, un jour, pour un projet quelconque.
Mais, il y aussi un tout nouveau facteur qui peut entrer en jeu, comme un confinement lié à une pandémie. Cette période où l’on se retrouve seul peut accélérer le processus de composition de pièces et un simple appel téléphonique peut servir de bougie d’allumage face au fait de mettre la main à la pâte.
C’est un peu ce qui arrivé avec Esa Holopainen lorsque Nino Laurenne a remis sur la table ce projet d’album solo dont Esa parlait depuis de nombreuses années. Producteur émérite, Nino savait qu’Esa en jasait depuis longtemps. C’est pour cela qu’il lui a rappelé que le timing se voulait parfait!
De retour au calepin de notes, il ne restait plus qu’à savoir si Silver Lake serait instrumental ou avec voix. En misant sur un projet avec de nombreux invités au niveau vocal, Esa Holopainen se gâte et gâte aussi les amateurs d’Amorphis mais aussi ceux de hard rock car cet album propose de nombreuses voix connues du domaine hard rock/metal mais aussi, quelques découvertes.
Holopainen a donc invité les voix qui le font vibrer à venir chanter sur ses compositions. Il était évident que Tomi Joutsen d’Amorphis vienne pousser la note. Sur In Her Solitude, nous retrouvons une pièce qui se veut essentielle sur cet album, question de ne pas trop déstabiliser les amateurs de la formation finlandaise.
Il y a quelques coups fumants sur cet album. Dans un premier temps, Fading Moon, qui nous offre Anneke Van Giersbergen au chant, est celle qui ressort du lot. Chanson dynamique, nous avons l’impression que la cantatrice était celle qui sommeillait dans l’esprit d’Holopainen lors de son écriture.
Jonas Renske de Katatonia offre un doublé sur cet album. Avec deux chansons plutôt qu’une, les deux morceaux tombent dans ses cordes en étant planantes et semi-acoustiques. Sentiment et Apprentice auraient pu amplement être chantées par Pasi Koskinen, ancien chanteur d’Amorphis, sur un album comme Am Universum.
La chanson Storm, qui nous présente Håkan Hemlin de la formation suédoise Nordman, nous ramène vers un style plus rock, très années ’90, qui aurait pu se retrouver dans le générique d’un film à grand déploiement comme Armageddon ou Mission : Impossible. Cette pièce se veut surprenante car elle se veut beaucoup plus clinquante que les autres.
Ray of Light casse le moule. Avec Einar Solberg de Leprous, nous avons l’impression d’entendre une pièce de Chris Isaak en ouverture pour ensuite se fondre dans la voltige plus aérienne, typique de la voix de Solberg. Aussi, Promising Sun, avec Björn Strid de Soilwork à la voix. Solide et un peu prévisible, on nous laisse beaucoup plus dans une zone de confort que dans un endroit où règnerait la surprise totale.
Avec Silver Lake, il faut s’enlever de l’esprit que nous retrouvons des rejets de chansons d’Amorphis. Ce sont vraiment des pièces originales bâties en fonction de ce projet solo et parfois, tu auras besoin de ton ouverture d’esprit pour laisser passer une pièce comme Alkusointu.
Celle-ci propose Vesa-Matti Loiri et c’est beaucoup plus un monologue récité par cet acteur et musicien finlandais. Certains risquent de passer la chanson lors des écoutes qui suivront la première, sentant que le tout vienne casser le rythme de l’album ou tout simplement, parce que votre oreille n’est pas habituée à entendre la langue finnoise.
Silver Lake passe amplement le test. Cet album se veut juste assez différent pour générer une curiosité tout en gardant les fans d’Amorphis en zone de sécurité. Maintenant, il faut se demander si Holopainen risque de répéter l’expérience sur une deuxième galette!
Disponible le 28 mai sur Nuclear Blast Records.