Une toute première pour moi dans le cadre de mes fonctions : le MTelus. Oui, la dernière fois que j’ai posé les pieds sur ce plancher remonte à mars 2010, feu le Métropolis. La raison est simple : on a de très belles salles à Québec, mais ce soir, il n’y avait qu’un seul arrêt en sol québécois pour la formation Nightwish, accompagnée par Beast in Black. Deux formations finlandaises prêtes à tout défaire à coups de claviers, de solos, de chants et d’arrangements symphoniques.
Une salle remplie à bloc. Le fameux « jam packed » s’applique impérativement à la situation. Sold out pour cette soirée qui faisait patienter beaucoup de fans. Beaucoup de damoiselles, de corsages, de gants de satin et de dentelle, de chums qui accompagnent leurs damoiselles, d’hommes arborant des chandails de Wishmaster, peu de jeunes sous la trentaine. Les louveteaux que j’aperçois sont plutôt en présence de leurs parents, prêts pour une soirée rocambolesque. On salue ici notre directeur Klimbo national et son fils qui étaient sur place spécifiquement pour Beast in Black.
La marchandise se veut généreuse, il fait déjà chaud et ça fait très longtemps que je n’avais pas vu une foule aussi fébrile et nombreuse.
Beast in Black : la bête de scène déchaînée
Une seule note est jouée et les gens s’emballent. Beast in Black débarque avec Blade Runner. Le chanteur, Yannis Papadopoulos, saute littéralement sur place et on le sait que c’est parti pour une séance de dynamisme. La foule est heureuse, la prestation est colorée. Les guitaristes sont d’ailleurs dotés d’instruments aux couleurs vives et s’amalgament parfaitement, tant visuellement qu’auditivement. Presque tous de cuir vêtus, les musiciens entreprennent From Hell With Love où on comprend assez vite que le chanteur sait chanter. Il possède tout un attirail vocal, et ce, pour toutes les pièces jouées pendant leur prestation.
Beast in Black, pièce éponyme, rock la place. De morceau en morceau, ils livrent la marchandise. Je me demande même si le chanteur pourra toffer la run puisque sa voix parfois rauque devient de plus en plus rauque. Qu’à cela ne tienne, Born Again commence et transporte la foule. La chaleur commence à en indisposer plusieurs, mais tout le monde danse, surtout pendant Die by the Blade. Vient ensuite Blind and Frozen puis One Night in Tokyo avec ses ambiances de lasers et de synthwave.
Plusieurs personnes se sont déplacées uniquement pour ce groupe et ça s’entend. Le chanteur n’est pas tuable : il effectue la fameuse danse traditionnelle ukrainienne kazatchok. La performance vocale s’essouffle un peu, celui-ci laissant la place au public pour chanter quelques lignes le temps de reprendre son souffle. Ceux-ci terminent avec Moonlight Rendezvous et End of the World. La performance est accueillie au grand plaisir de tous et le groupe laisse ensuite la place à Nightwish.
Enfin, Nightwish
Pour plusieurs, ce n’était qu’une 2e, 3e ou même 5e fois. Pour moi, la première. Depuis des années, plein d’événements m’ont empêchée d’assister à une performance de ce groupe mythique. Maintenant présente depuis plusieurs années, Floor Jansen n’a plus de preuves à faire. J’essaie de lui trouver des défauts, c’est pratiquement impossible. J’ai hâte de voir ce qui se trame pour ce soir.
Cela ne prend que quelques secondes pour que Noise débute et enflamme les planches après une introduction instrumentale digne de ce nom. L’endroit où je me trouve m’indique que j’aurai les oreilles en compote demain puisque le son est écrasant. Floor est remarquable avec sa tenue de scène identique à celle figurant sur les flyers promotionnels. Il est passé 21 h 30 et je me demande combien de temps aurons-nous en présence de la formation.
Planet Hell est la pièce suivante. Quelle frontwoman! Les passages en solo du très couetté Tuomas Holopainen demeurent encore une fois impeccables. Il gère ce groupe d’une main de maître. La surprise du spectacle fut Tribal puisque le musicien qui se trouve derrière plusieurs morceaux de Nightwish, Troy Donockley, se présente sur scène, flûte et uilleann pipes à la main. J’ai maintenant réponse à mes questions : qui chantera les segments de voix masculine qui étaient auparavant chantés par Marco Hietala. Pendant Elan, il flûtise de plus belle, Floor est rayonnante, souriante et très généreuse avec le public aguerri qui répond de façon impeccable à celle-ci lorsqu’elle offre le micro aux spectateurs. C’est ensuite Storytime qui rend le public hors de lui. Le body surf bat son plein et Floor en profite pour nous rappeler de prendre soin les uns des autres. De sages paroles qui ne seront pas écoutées pour la suite du spectacle.
La chanteuse nous démontre, avec She is My Sin, que l’ère de Tarja Turunen est révolue. C’est maintenant l’ère Jansen qui combine le post Tarja/Anette qui règne. Floor sait interpréter, ajuster, mettre à sa sauce toutes les pièces passées de Nightwish. Elle prend sa voix de poitrine pour plusieurs passages qui étaient chantés très doucement par ses prédécesseuses. Sérieusement, elle m’impressionnera toujours.
Avec Harvest, celle-ci peut prendre une petite pause en s’assoyant près de Troy pour entamer une de ses pièces favorites 7 Days to the Wolves suivie de Dark Chest of Wonders. Celle-ci retire sa veste et se sent prête pour la suite. Entre deux Merci beaucoup Montréal, I Want My Tears Back fait danser le public. On se sent comme dans une auberge. Chaque musicien a sa place et laisse ses comparses briller à leur tour. Ils sont heureux de faire ce qu’ils aiment dans la vie, et ce, tous les jours, devant un public très chaleureux et accueillant.
Pendant Ever Dream, chaque solo est irréprochable. Nemo fait ressortir beaucoup de nostalgie (émotion favorite des Finlandais on dirait bien). How’s The Heart nous est présentée en version acoustique et tamisée. Floor nous demande de sortir nos lumières et nous rappelle qu’il est important de tous briller et d’avoir de la lumière près de nous auprès de ceux qu’on aime. Moment un peu kitsch, mais très touchant. Malgré quelques petits accrochages qui n’ont peut-être pas été entendus de tous, la pièce s’est déroulée très tendrement. D’ailleurs, je remarque également quelques problèmes de paroles dans certains morceaux, mais rien à déchirer sa chemise. Pour Shoemaker, une belle communion entre les musiciens et le public se fait sentir. Tout le monde est heureux et c’est le moment où tout le monde est également hypnotisé par le talent de Floor Jansen qui dégaine ses cordes vocales de cristal. Les derniers moments de ce morceau sont très enivrants et délicats. C’est une réussite. Elle a impressionné la salle complète… et ce n’est pas fini. Pour clore la soirée, la formation a choisi Ghost Love Score et The Greatest Show on Earth.
Ghost Love Score est la performance qui a mis Floor Jansen sur sur la map et donc qui l’a fait connaître. C’est une longue pièce qui demande énormément de discipline, de rigueur et de contrôle. Je n’y ai trouvé aucun défaut et tous ont livré la marchandise jusqu’à la fin où Floor pousse des notes hautes, fortes et justes. Le guitariste Emppu Vuorinen lui fait même la révérence.
Toute la soirée, j’ai eu du plaisir, j’ai connu des fans adorables (salutations à Marilyn et Pascal descendus du Saguenay qui ont également profité de leur soirée) et je me suis fait aller le gras de bras au son de mes chansons favorites, et ce, pendant 2 heures de set. À quand la prochaine fois?
Aux clichés : Corinne Ainscow