Dimanche soir, nous avons mangé une fondue. C’était la première d’une longue série, nous confirmant que l’automne prenait place. Avec la canicule ridicule de la semaine dernière, il était temps que la fraicheur vienne effleurer mon visage car mon écœurantite, face à la chaleur, se voulait à son summum. Après ce copieux repas, il était temps d’aller m’éventer le bide pour faire passer toute cette nourriture fraichement encaissée. Ayant reçu le nouvel album de Primordial, je n’avais qu’à appuyer sur PLAY sur mon iPod (objet médiéval pour de nombreux jeunes) et enfiler mes écouteurs à cordon (autre objet préhistorique pour l’ado commun) pour une heure de marche… comme un bon pepère!

C’est que la sonorité de Primordial m’a toujours ramené à cette saison qu’est l’automne. Comme avec Opeth, mais avec moins de feuilles mortes, plus d’ennuagement et de pluie, disons. Leur sonorité laisse scintiller le folk celtique dans leur metal sombre, et ce que le groupe créé demeure épique mais pas dans le sens glorieux du terme. C’est plutôt poignant comme epicness, ce qui t’arrache l’espoir face à toute solution facile. Tu comprends qu’il n’y en aura pas de facile car l’opacité de la musique de Primordial t’offre de fabuleuses images, glauques et douloureuses.

Avec sa couverture qui ressemble beaucoup plus à une affiche pour la série Peaky Blinders, nous sommes ailleurs face à ce que le groupe nous propose habituellement. Cette image nous ramène beaucoup plus aux guerres entre catholiques et protestants en Irlande plutôt que sur des champs de bataille médiévaux. 

En ouverture, une guitare résonne telle la tristesse la plus inconsolable sur cette chanson qui porte le même titre que l’album. Apparition des percussions, How it Ends ne se terminera pas, justement, comme une pièce qui ne comporte que de la guitare. Très ouverte et conquérante, cette chanson demeure très hard rock et j’imagine même un Dave Grohl taper du pied en se disant : « This song is fucking amazing! » surtout lorsque le groupe embarque au complet et que le hi-hat est au summum de ses capacités.

De mon côté, je suis plutôt vendu à la voix de A.A. Nemtheanga et sur cet album, il me gâte, pas à peu près. Reconnu pour son approche versatile, son grain est rauque et vainqueur sur la chanson titre. Il devient plus courroucé sur Ploughs To Rust, Swords To Dust et We Shall not Serve. Sur la pièce All Against All, l’attaque vocale est plus grasse et, vers la moitié de la pièce, il y va avec le chant de gorge de type tibétain. Technique plutôt difficile à maitriser, on est à se demander s’il a suivi des leçons avec Sebastien Croteau de Necrotic Mutation et la Fabrique de Monstres. Pour moi, c’est la chanson la plus remarquable de l’album.

How it Ends est un album varié et Primordial se permet tout de même d’explorer, tout en gardant l’esprit traditionnel du groupe. Autre chanson qui tire un peu plus vers une certaine variation est Death Holy Death, plus apaisante, à la limite baladeuse et qui propose une ligne pratiquement bluesée. Avec l’esprit musical qui en ressort et la voix feutrée de A.A. Nemtheanga, on comprend que cette chanson s’accompagnerait bien d’une shot de Jameson.         

En terminant cet album avec Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is An Orphan, Primordial ne fait qu’offrir une porte ouverte face à des attentes de revoir le groupe en concert. L’année dernière, lors de la Messe des Morts, le groupe m’avait totalement ébloui, faisant de leur prestation mon moment scénique préféré de 2022. L’espoir reste béant en écoutant cette chanson qui, justement, mettrait bien un terme à une soirée de concert en cette période automnale qui vient à peine de commencer.

Disponible le 29 septembre sur Metal Blade Records.

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Photo : Fergal Flannery