Paydretz est un groupe de Black/Folk métal fondé en France dont la thématique porte sur les Guerres de Vendée et les Chouanneries et qui est inspiré par la scène québecoise. Le groupe met en vedette Sven Avel Viz (guitares accoustiques et électrique, basse et batterie), Michel de Malvoisin (voix secondaires, et guitares additionnelles) et Geoffroy “le Veuzou” (voix principales, cornemuse, instruments à vent et claviers). Les membres du groupes ont un bon bagage musical puisqu’ils s’investissent dans plusieurs projets tels les Bâtards du Nord, Véhémence, Régiment, Braquemaard, Hanternoz, Malysteria, Tan Kozh, et Himingbjorg, pour n’en nommer que quelques uns.
Le 5 octobre 2021, le groupe a sorti son premier album, Chroniques de l’Insurrection, qui tourne exclusivement autour d’une thématique historique méconnue de l’histoire française. Les évènements historiques racontés dans l’album, qui ont eu lieu à la fin du XVIIIème siècle, ont embrasé tout l’Ouest de la France (Bretagne, Vendée, Anjou, etc.) et interviennent dans le contexte très troublé de la Révolution française. Il s’agit en fait de phénomènes populaires contre-révolutionnaires qui se sont déroulés entre 1793 et 1796 (période de la Grande Insurrection vendéenne). Il y avait des affrontements entre les républicains (surnommés « les Bleus ») et les insurgés royalistes (appelés « les Blancs). Paydretz raconte les événements surtout du point de vue vendéen (les « malheureux vaincus »), étant donné les origines des membres. Où se situe cet album dans cet univers de musique? Pour cela, nous allons regarder le contenu ainsi que le contenant.
Au niveau du contenu, la base (ou le squelette) de cet album est très fortement influencée par le Métal noir québecois (en particulier Forteresse). Là où le groupe ajoute une réelle valeur, c’est dans tout ce qu’ils ont ajouté par-dessus (communément appelé la chair), c’est-à-dire dans les orchestrations, les chants clairs, les instruments acoustiques et traditionnels, etc. Cette petite différence influence le résultat de façon colossale. Ces petits ajouts font que l’album peut plaire à tout mélomane de musique tout court. Les amateurs de Folk métal à la Eluveitie, d’atmosphérique à la Saor, de Heavy ou Power métal, de symphonique, de prog, ou même de musique de film sont tous des publics cibles de cet album qui est sorti droit des tripes des compositeurs. Dès les premiers instants, la musique est saisissante et les chansons s’enchaînent agréablement sans interruption. Sous la bannière blanche est cependant une des meilleures pièces de l’album, dans laquelle nous pouvons notamment entendre Julie Bélanger Roy (Gone in April, Bâtards du Nord et Märchenbilder). Il y a d’autres invités dans l’album, tels qu’Audrey Sylvain (Malenuit, ex-Amesoeurs et ex-Peste Noire), Anna Murphy (Nucleus Torn, Lethe, Fräkmündt et Cellar Darling) et Sparda (Hanternoz, Ê, Dawn of a Dark Age et Créatures), entre autres. La musique de l’album est épique et nous plonge dans une atmosphère de récit historique. Nous avons un peu l’impression d’entendre une grosse pièce divisée en plusieurs “chapitres”, ce qui est une excellente idée pour un album concept. La production est naturelle et assez claire pour distinguer tous les instruments. Le groupe n’est pas tombé dans le piège de sur-produire leur produit. Il existe mieux comme productions, bien évidemment. Il existe cependant vraiment pire. Tout est bien balancé, mais il n’y a rien d’extravagant ou de particulier. La production fait le travail qu’elle a à faire, c’est-à-dire de rendre justice à l’album et c’est bien correct ainsi.
Concernant le contenant, le choix artistique du groupe est facile à défendre. Cependant, force est de constater que le contenu est nettement supérieur. Il y a beaucoup d’efforts qui ont été mis pour monter un tel concept, avec autant d’artistes invités qui ajoutent quelque chose à la musique. La pochette n’est pas à la hauteur d’un contenu aussi épique et aussi grandiose. Le groupe peut cependant facilement défendre ce choix d’avoir une pochette plutôt modeste et sobre, puisqu’ils ciblent un publique davantage Folk. Par contre, une pochette grandiose avec des paysages et des scène de guerre épique et non un seul soldat aurait davantage attiré l’oeil. Concernant le logo, le même genre de commentaire peut être fait. Le nom du projet vient du surnom qui était donné aux combattants du célèbre général vendéen Charette, originaire du pays de Retz (située dans la Vendée militaire). Les paydretz sont donc ces combattants. Un logo plus épique et qui tape l’oeil aurait peut-être mieux fitté, mais est-ce que cela enlève quelque chose à la qualité? En aucun cas et il s’agit vraiment d’un choix artistique. Il n’y a rien qui est mal fait en tant que tel. Il s’agit d’une préférence personnelle et le groupe essaie un peu d’être au goût du jour sur le visuel. La modestie est somme tout très valorisée dans le Black métal, voir même le Folk de nos jours. Comme il s’agit des 2 principaux styles du groupe, ils ont quand même pensé à leur affaire.
Pour conclure, cet album vaut vraiment le détour pour tout mélomane et c’est un vrai plaisir à écouter. Allez leur prêter une oreille, car l’essayer c’est l’adopter. C’est clairement supérieur à ce qui se fait en moyenne sous la bannière Black métal et même Folk métal de nos jours. C’est même presque une insulte de réduire un album aussi riche en lui collant deux étiquettes. Il s’agit d’une réussite musicale tout court et le mélomane moyen ne devrait pas se laisser impressionner par les termes « Black » et « Folk ».
Vous pouvez écouter l’album en cliquant sur le lien suivant :