Ceux qui ont lu mon billet sur le dernier album de Dark Tranquillity savent que je suis l’un des nombreux sinistrés face aux averses diluviennes du 9 août dernier. Ceux qui ne l’ont pas lu, eh bien vous le savez maintenant. Vendredi, c’était le dernier droit en ce qui concerne les derniers pas en relation avec le nettoyage du sous-sol, ce qui fait que j’ai soupé un peu plus tard que d’habitude, j’ai donc quitté ma résidence plus tard que d’habitude et je n’ai pas pu me rendre au Dieu du Ciel pour la pinte habituelle (ou deux) juste avant un concert au Théâtre Fairmount, situé à quelques pas de cette microbrasserie divine.

Je me suis dirigé immédiatement à l’établissement situé rue du Parc à Montréal. Venant de la rive nord, je n’ai pas eu à faire face à l’immense geyser de la rue René-Lévesque mais en entrant dans cette salle, c’est l’immense puff de chaleur et d’humidité qui m’a saisi. Je quittais mon sous-sol humide face à l’inondation pour me retrouver là-dedans? Tu déshabilles Paul pour habiller Patrick! C’est la même affaire mais j’avais vraiment besoin de me changer les idées, vendredi soir, et la venue d’Orbit Culture tombait à point.

Effectivement, cette formation suédoise est en tournée nord-américaine avec Slipknot et lors des journées de congé de la troupe masquée, Orbit Culture en profite pour visiter des villes avoisinantes. Étant donné qu’il y avait une pause avant le concert de Toronto, le quatuor européen venait donc dans la métropole pour une seconde visite en 2024 mais cette fois-ci, en tant que tête d’affiche.

J’ai réussi à m’immiscé tout près de la scène pour voir et entendre le metalcore de Basterds, le groupe qu’Evenko avait booké pour ouvrir cette soirée. Une fois de plus, un geste qui se répète de plus en plus de la part des promoteurs locaux qui engagent des formations locales sur les concerts d’envergure. Ici, c’était évident puise qu’Orbit Culture faisait le périple seul, ça prenait donc un groupe pour ouvrir la soirée mais je salue l’effort d’avoir choisi ce groupe qu’est Basterds pour monter sur scène à 20h00 pile.

De mon bord, j’ai probablement manqué la première pièce du groupe. Chanteur en camisole sportive, ce sont plutôt les deux guitaristes qui m’ont épaté. Habillés comme s’ils partaient en randonnée pédestre, de les voir avec leur K-Way sur le dos tout en tournoyant sur eux-mêmes, je me disais que les gars croyaient en leur stock en Nestea. À moins que Basterds ne soit commandité par L’Équipeur, ce qui expliquerait la tenue vestimentaire.

Et que dire du bassiste du groupe, habillé en genre de ninja noir/chapeau de Gilligan? Son kit me faisait penser aux fois où je m’attrique convenablement avant d’aller détruire un nid de guêpes situé au niveau de la corniche.

Sinon, au niveau musical, c’était adroit et très adéquat comme présentation. Un metalcore qui salue au passage l’esthétique du nu-metal du début des années ’90 avec le grain de hiphop dans la présentation vocale sur certains moments mais en général, c’est surtout bien rauque et juste assez acidulé comme proposition. Je dois avouer que je me suis laissé embarqué solidement par la chanson Traitor, les guitares assez lourdes de A Place to Call Hell et l’influence Korn dans les guitares sur The Countdown (il me semble que c’était le titre…) et à voir la quantité de t-shirts à l’effigie du groupe, on sentait que le support était sur place, à moins que Basterds avait une guest list de 50 personnes. Le tonus de Basterds me ramenait Acacia Strain en tête en plus d’une panoplie d’autres formations vues et entendues lors des RockFest de l’époque, me confirmant que ce groupe aurait pu se retrouver sur la programmation de l’une des éditions antiques du festival… à condition de vendre 150 billets!

Solides et jouant avec des tracks pré-enregistrés, Basterds nous a même laissé entendre un Normand Marineau, bien audible dans le mix!

Pendant la pause entre Basterds et Orbit Culture, quelques personnes se sont mises à gonfler des ballons à l’effigie des marchés IGA. Ce genre de ballons de fête que les épiceries offrent aux enfants sur le bord de péter une coche rendus à la caisse, question de leur fermer le clapet le temps que les parents puissent payer et passer leur carte SCENE. Avec quelques petouches bien senties, les gens de la foule ont commencé à les faire virevolter de gauche à droite, du devant de la scène à derrière.

Dans les enceintes acoustiques, nous n’avions pas le mix habituel de chansons des années ’80 mais plutôt une musique ambiante, intersidérale, nous laissant comprendre que la présence d’Orbit Culture se voulait imminente. En guise de décor, aucun fond de scène ne se voulait visible, comme lorsque The Ocean a joué au même endroit, quelques semaines auparavant. Nous avions plutôt deux logos du groupe de forme rectangulaire qui semblaient montés sur des tables de réception de salle paroissiale.

J’imaginais amplement Mick Foley arriver sur scène en Mankind, lever l’un des logos à bout de bras et l’asséner sur la tête de l’Undertaker. Mais cette référence n’est que pour les amateurs de lutte de la vieille école, circa 1998 dans le temps de la WWF

Un autre fait m’intriguait aussi. Il n’y avait aucun amplificateur de guitares et/ou de basse sur scène. Je voyais bien leur technicien à droite avec son module d’ordinateurs monté sur un genre d’étagère à roulettes, mais pas d’amplificateurs visibles. Est-ce que le groupe fait du lipsynch, est-ce que des amplificateurs sont bien là mais je ne vois rien car mes lunettes ne valent plus de la crotte ou tout est tout simplement modulé dans cette série d’ordinateurs avec des fils qui entrent directement dans le système? Je dois avouer que cette question m’a trotté longuement dans la tête pendant la soirée et mes connaissances en bizounage ont fait que j’ai changé mon focus.

Est-ce que je vous ai dit qu’il faisait chaud en cimonaque au Fairmount? J’ai eu le temps de me siffler une Moosehead en canette au complet, uniquement durant la pause entre les deux groupes. Vers 20h55, je me suis redirigé vers le bar pour en cueillir une autre et j’ai eu le temps de reprendre ma place, juste à temps, pour l’entrée sur scène du groupe. L’accueil était comme le thermomètre en place : enflammé!

Je ne sais plus avec quelle chanson Orbit Culture s’est présenté car j’étais trop obnubilé par les gens autour de moi. Je sais, et je le répète souvent en écriture : les concerts du vendredi ont quelque chose de spécial. Mais hier, j’avais l’impression que cette visite d’Orbit Culture était probablement le premier concert pour bien des gens ou tout simplement, qu’avec tout ce qui est arrivé dernièrement, les gens voulaient juste se défouler.

C’était endiablé comme ambiance, déjà à 21h00.

Par contre, j’ai repris mes esprits avec la deuxième pièce qui était Strangler car j’ai hurlé des GET OUT! à m’en époumoner. Déjà là, je pouvais apprécier les prouesses vocales de Niklas Karlsson qui alterne à merveille entre son vocal death et sa parcelle James Hetfieldienne. Le gars est tight aux voix en plus de la guitare mais le test ultime se voulait avec la suivante, North Star of Nija où il a géré le tout comme un vrai boss.

Par contre, je me suis mis à regarder les percussions lors des pièces que sont The Shadowing et Sound of the Bell pour me rendre compte qu’il y a des punchs aux percussions qui semblent être ajoutés sur les pistes pré-enregistrées. Question de rendre le tout fidèle comme sur l’album, cela me va mais mon côté puriste en a pris pour son rhume.

Alienated est l’une des chansons les plus rapides du groupe. L’intensité dans le pit n’a pas vraiment baissé, surtout avec celle-ci qui a testé les limites d’endurance de nombreuses personnes en plus d’accumuler des Celsius dans le corps. De plus, il fallait accumuler quelques épaules dans le bedon et autres odeurs malodorantes au niveau des narines, comme du swing vinaigré de dessous de bras et quelques flatulences, gracieuseté du resto Poutineville.

Entre chaque chanson et même pendant certaines, le guitariste Richard Hannson se dirigeait sur le bord de la scène pour se faire verser du WhiteClaw par son technicien. Même constat pour Niklas Karlsson mais lui, c’était pour de la bière. Par le fait même, il a demandé à la blague si quelqu’un pouvait lui payer une bière et hop, une Belle Gueule Rousse est arrivée entre deux chansons.

Avec Descent, la virulence n’est aucunement redescendue. C’était agressif, mais aucunement violent. Je crois que c’est pendant From the Inside que j’ai vu ce que je ne m’attendais aucunement de voir dans une salle de spectacle : une poitrine dénudée suivie par une autre demoiselle en top de bikini qui était assise sur les épaules d’une autre personne. C’est à ce moment que les body surfers se sont manifestés et il était intéressant de voir les techniciens d’Orbit Culture faire le travail des agents de sécurité qui pourtant, étaient bien présents!

Les membres du groupe avaient chaud mais semblaient en plein contrôle. La sueur dégoulinait des cheveux de Hannson, les goutes tombaient de la chevelure du bassiste Fredrik Lennartsson et la serviette du batteur Christopher Wallerstedt se voulait gonflée par la sueur du musicien.

À de nombreuses reprises, Niklas Karlsson annonçait au micro comment cette soirée se voulait totalement déjantée, que ceci se voulait leur meilleur show à Montréal et que cet arrêt en ville était le meilleur concert de leur tournée!  

Après Vulture of North, c’était la fin d’environ 70 minutes de metal moderne et aucune possibilité de rappel. Le groupe a donné ce qui restait de picks, délaissant la scène du Fairmount sur « You Make My Dreams Come True » de Hall & Oates.

Ceux qui ont vu ce concert, estimez-vous chanceux car lors de leur prochaine visite, la popularité des Suédois aura pris une certaine expansion et vous risquez d’aller les voir dans une salle beaucoup plus grande car après tout, et ceci est quelque chose que je dis depuis longtemps : Orbit Culture représente l’avenir du metal à saveur grand public!

Donc, vous pourrez dire aux newbies : « Moi, j’étais là au Fairmount en 2024! »

Photos : Isabelle Gerard (allez voir ce qu’elle fait en cliquant sur son nom!)