Il y a de plus en plus de concerts présentés à l’Olympia de Montréal. Selon ce que je comprends, cette salle se voudrait légèrement plus spacieuse que le MTelus. Effectivement, la salle de l’Olympia pourrait accueillir 2438 personnes bien cordées tandis que l’ancien Metropolis pourrait en contenir 2300. De mon côté, j’étais fortement convaincu que c’était le contraire mais non, une centaine de personnes additionnelles peut prendre place dans cette salle du quartier gai. Deuxième visite en moins d’une semaine à l’Olympia, je dois m’acclimater à cet environnement étant donné que les promoteurs aient décidé de l’utiliser de plus en plus.
Ceci nous confirme que la très grande majorité des concerts à saveurs métalliques demeurent excessivement populaires. La semaine dernière, le concert de Sepultura n’était pas complet en tant que tel mais c’était plein. En ce qui concerne la venue d’Opeth de mardi, c’était à guichet fermé, ce qui confirme l’immense popularité de la troupe suédoise. Vous me direz que lors de leur visite précédente, Opeth jouait à la Place Bell mais il y avait aussi Mastodon sur l’affiche.
Ancien théâtre cinématographique, on s’entend que le plancher se veut un immense irritant. Avec son système de marches pour placer des sièges en inclinaison, le tout devient particulier lorsque la salle est en mode admission générale car le pied peut te partir vers le bas si tu ne remarques pas la ligne blanche peinte sur le plancher noir. Mais ce qui me titille le plus est de savoir que lorsque le tout brasse un brin dans la foule, il serait facile pour une personne de perdre le ballant et aller se péter la tête sur le bord de la marche de béton ou pire, les palettes de ta belle dentition de dents d’adulte…
Mais ça, c’est une autre histoire!
Soirée du mardi qui nous arrive au lendemain du congé de l’Action de Grâce, cela fait que tout le monde devait regarder l’horloge, au travail, à savoir à quel moment la journée allait se terminer pour pouvoir se descendre au centre-ville. C’est donc vers 17h00 que je me suis retrouvé au Cheval Blanc, sur Ontario, pour aller rejoindre un groupe d’amis avant les célébrations métalliques à saveur progressive.
Nous oublions souvent cet endroit pour s’abreuver avant un évènement. C’est probablement lié au fait que nous avons l’idée que le Cheval Blanc, ce n’est que pour la bière du même nom et on se dit qu’il ne serve que cette bière sur place. Mais ce n’est pas le cas. Leur West Coast IPA était top de chez top et leur stout était divin. De plus, le décor digne d’une salle de bain de chez grand-maman se veut inchangé depuis des décennies et le kitch de la chose se veut épatant. Il demeure un incontournable, si vous avez le cœur solide… pour combler votre soif!
Le bedon rempli, il était temps de prendre une marche de quelques minutes pour se rendre dans l’antre de l’Olympia. De soir, cette portion de quartier est encore plus lugubre, ce qui se mariait à merveille avec ce qui se retrouvait sur scène avec Tribulation, le groupe en ouverture. À la base, ce groupe offrait un death metal salaud fortement inspiré par les arts musicaux plus noircis. Avec le temps, le son du groupe a pris une courbe plus gothique, tout en demeurant metal.
Ce qui était proposé se voulait amplement automnal. Avec le look glauquement vampirique, c’était Halloweenesque à souhait. Des chansons comme Tainted Skies et Nightbound ont permis à la foule de se vautrer dans leur ambiance et ce, amplement. Petit à petit, les participants se sont laissés emballés par la valse gothique avec des pièces qui proviennent de leur nouvel album, Sub Rosa in Aeternum, comme Hungry Waters et Saturn Coming Down, en plus de faire quelques retours vers des lignes plus salissantes grâce à Melancholia et Strange Gateways Beckon.
Telle la morsure du comte Dracula, nous avons senti le venin de Tribulation faire son effet tout au long de leur prestation. C’est pourquoi l’enthousiasme était à son paroxysme lors des derniers mouvements des musiciens. Souriants malgré un faciès qui se voulait morbide tout au long des 45 minutes, les musiciens ont pu quitter comblés, laissant la coulée de sang s’assécher à la commissure de leurs babines.
Cette soirée du mardi avait des airs d’une célébration du samedi soir. L’enivrement était présent. La foule compacte se voulait active entre les deux groupes et les odeurs chaleureuses, et surtout nauséabondes, se laissaient sentir. À la table de merch, je croyais qu’Opeth allait proposer une série de t-shirts/long sleeves aux couleurs du nouvel album en plus d’une panoplie de vinyles étant donné que le groupe a son propre label. Surtout qu’en début de tournée, les stocks sont immenses, variés et disponibles.
Par contre, la variété était plutôt mince et avait des airs de fin de tournée. Des tailles de t-shirts qui proposent autant de X que ce que doit contenir un film porno ont fait que les amateurs sont retournés bredouille face à un achat pour encourager Opeth. En repoussant la sortie de leur nouvel album The Last Will and Testament, je me serais attendu à voir plus de babioles en vente. Ceci nous prouve que les Suédois font les choses, à leur manière!
Fermeture des lumières et sonorité enthousiaste venant des participants, Montréal (ou plutôt le Québec) était prêt pour cette présentation. Sachant que les deux extraits proposés face au nouvel album contiennent la voix d’Akerfeldt en mode grognement, nous nous attendions à faire face à une veillée automnale sous le signe de la hargne death métallique, teinté par des pointes progressives.
Avec §1, ce n’était pas un doux zéphyr mais plutôt un bon courant d’air d’octobre, bien frais, nous chatouillant les narines face à ce qui allait se présenter devant nos yeux et nos oreilles. The Leper Affinity et The Grand Conjuration ont suivi. Je venais de comprendre que la formation allait piger amplement dans le catalogue, tout en laissant de côté Morningrise et Orchid, par contre.
Entre les pièces, nous avons eu droit à quelques personnes qui hurlaient Black Rose Immortal. Chanson d’une vingtaine de minutes provenant de Morningrise, il aurait été surprenant qu’Opeth nous l’enligne. Bon joueur, Mikael Akerfeldt a utilisé cette demande à son avantage et, comme d’habitude, il a été en mesure de faire d’excellentes transitions entre les pièces, alliant humour et anecdotes.
Écran lumineux en guise d’arrière scène qui laissait des images en relation avec les chansons, ceci n’était pas suffisant pour détourner les regards face à la performance précise des musiciens. Avec Demon of the Fall, la taloche death métallique se voulait intéressante et à la bonne place. Ensuite, un détour plus progressif avec Eternal Rains Will Come et on apprécie la fluidité du nouveau batteur d’Opeth, le juvénile Waltteri Väyrynen. C’est tout en douceur que la soirée s’est poursuivie avec l’incroyablement soyeuse In My Time of Need. On pouvait voir dans certains yeux le scintillement et aussi, le sourire en coin de l’œil, rappelant à certaines personnes qu’ils ont probablement déjà fait des galipettes en écoutant ce morceau.
Ensuite, Opeth a continué avec autant de subtilité avec Face of Melinda, un autre morceau de velours. En guise de « finale », trois gros morceaux plus croustillants avec Heir Apparent, Ghost of Perdition et §3, pièce du nouvel album. En ce qui concerne le « faux » rappel, Opeth s’est bombé le torse avec le gros riff gras de Sorceress et la sortie de scène a été effectuée avec Deliverance, laissant la foule sans mot.
Avec ce concert des Suédois, je crois que j’approche la vingtième participation face aux événements Opethiens. À chaque fois, que ce soit en mode très metal ou plus progressif, j’en ressors toujours ravi et mardi, c’était encore le même constat.
Toutefois, je dois avouer que je préfère aller voir Opeth lors d’une soirée d’automne plutôt que lors du froid sibérien de février!
Photos : Isabelle Gerard de Pixzabelle