Lorsque je suis revenu de mon voyage en Europe, j’ai mis le pied dans ma demeure et j’ai constaté l’ampleur des dégâts face à l’inondation qui avait eu lieu pendant que j’étais au Portugal. Pour être franc, ça sentait l’humidité dans le sous-sol mais il n’y avait rien qui semblait abimé. Par contre, en arrachant une première latte de plancher, c’est à ce moment que j’ai compris que le problème se retrouvait essentiellement, sous le plancher. C’était le mardi, je savais que je recommençais à travailler le lundi suivant, ce qui me laissait moins d’une semaine pour remettre de l’ordre dans tout ce fichu bordel!
Mon dossier a été ouvert au niveau de ma compagnie d’assurance. On m’a demandé d’être patient et effectivement, il faut l’être. Le bureau d’assurance du Canada confirme qu’il y a eu 70 000 réclamations face aux inondations du 9 août, ce qui veut dire qu’avant de recevoir un chèque, j’aurai probablement souhaité une bonne année 2025 à tous les membres de ma famille…
Lors des travaux pour sortir les items souillés et d’en faire le tri, j’ai eu à faire de nombreuses manœuvres en tant que « personne seule à la tâche », étant donné que le reste de la famille avait d’autres occupations sur le plateau. Comme je le disais précédemment, c’est le nouvel album de Dark Tranquillity qui m’accompagnait lors de cet ouvrage précis.
Lors de la période de désinfection du sous-sol, que je me suis clanché tout seul aussi, j’ai fait un switch total au niveau musical. J’avais vraiment besoin d’un tournant majeur au niveau rythmique car la frustration en relation avec mon impuissance, vis-à-vis la visite d’un expert en dommage et/ou d’un expert en désinfection, se voulait monumentale.
Effectivement, on m’a tout simplement annoncé de faire ce que je devais faire face aux travaux, de prendre des notes précises sur tout ce que je faisais, tout ce que je sâcrais aux vidanges et de prendre des photos pour monter mon dossier. Donc, de faire leur travail car ils sont débordés. Et ça, je le comprends totalement. Sauf que j’étais en barnak… Je sentais que j’allais retourner au travail, déjà brûlé.
Je vivais de la frustration, une certaine rage et je bouillonnais car tu penses aux dommages à long terme sur ta demeure. Par contre, en ayant un ami entrepreneur qui est venu m’aider au niveau du stripage des murs, il m’a confirmé que tout avait été fait de façon à ce que les dommages soient inexistants. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans mon entourage et surtout, dans Lanaudière. Vous savez, quand on se compare, on se console.
Avec tout ce feu interne qui me rongeait dans la tête et dans les tripes, je me suis tourné vers ma série de nouveautés et je savais pertinemment qu’un album précis pouvait m’aider à canaliser le tout, à passer cette furie au tamis.
Every Bridge Burning de Nails était la solution. Avec ses 18 minutes, je pouvais me taper l’album en mode répétition sans pouvoir m’en lasser, ce qui a été fait le temps de désinfecter le plancher, les travers et le bas des murs. Les nettoyants désinfectants en fusion avec la powerviolence métallique grindée de Nails étaient d’une efficacité monumentale.
J’ai frotté sur un moyen temps!
Oui, 18 minutes! C’est le temps d’un mini-album mais pour Nails, ce que tu reçois c’est ce que le groupe offre. Pas plus, pas moins, pas de remplissage et pas de fling flang : que de la pédale au plancher! Avec 10 chansons aux chronomètres qui varient de 38 secondes à 3 minutes 14 secondes, le tout passe aussi rapidement qu’un coup de moppe sur le plancher!
Ce qui demeure le plus important avec Nails, ce sont les riffs bien gras entre les sessions de tapoches intenses. Et ça, il y en a sur toutes les lattes d’Every Bridge Burning. Par exemple, c’est la guitare qui t’accueille sur Imposing Will et quelques coups de bass drum te confirment que ça commence. Il ne te reste plus qu’à agripper le manche de ta serpillère parce que la ligne de conduite sera effilée. Tout embarque, c’est une inondation sonore et tu as cet agréable feeling que tu te retrouves dans le local de répétition du groupe (maintenant quatuor) mais qu’un ingénieur du son est sur place pour te créer une balance sonore surfine, mais sauvage!
Effectivement, avec Kurt Ballou de Converge à la production, je ne peux que confirmer que la brutalité est bien balancée avec une sonorité cristalline. Le tout fesse amplement mais les détails sont bien audibles, surtout en faisant l’écoute avec un casque d’écoute de qualité. Tout est bien contrôlé dans cette barbarie, même le retour de son dans Punishment Map se veut agréable, le galop aux percussions sur la pièce titre te fesse dans la cage thoracique et le côté acrobatique des guitares sur Give Me the Painkiller te tourne dans le fond de l’oreille, créant un effet étourdissant.
De mon côté, ce que j’apprécie le plus avec Nails, ce sont les transitions croustillantes qui unissent les moments incisifs dans les morceaux qui m’interpellent. Par exemple, c’est la parcelle au cholestérol dans Lacking The Ability To Process Empathy avec laquelle je me suis le plus délecté. Après les impulsions intensives sur Dehumanized, nous recevons un lead de guitare qui se veut étonnant, suivi par un moment qui en fera mosher plus d’un lors du concert de Montréal… quoique les prestations de Nails impliquent un pit plutôt violent.
Et le reste de l’album? C’est d’une violence qui offrirait une trame sonore plus qu’adéquate pour un combat entre Matt Rempe des Rangers versus Ryan Reaves des Maple Leafs!
Disponible le 30 août sur Nuclear Blast Records.
Photo : Hristo Shindov