Je me souviens que la première fois où j’ai entendu du Municipal Waste, je m’étais dit : « On dirait une fusion entre DRI et Nuclear Assault ! » Du crossover, selon la tradition américaine, un habile mélange de thrash metal avec l’attitude punk se laissait entendre sur Hazardous Mutation, et la voix de Tony Foresta me remettait celle de John Connelly en tête, sur chaque pièce.
Aujourd’hui, en 2022, j’ai reçu la promo pour Electrified Brain et je dresse encore le même constat. Pas par négativisme, au contraire. Municipal Waste nous a habitués à cette sauce depuis ses débuts et le groupe évolue, tout en restant pareil. Une fois de plus, je réponds présent pour cette leçon de crossover moderne.
Plus d’une douzaine de chansons sont proposées à un rythme effréné. Chaque morceau avoisine les deux minutes et quelques, ne pétant la barre du trois minutes qu’à une seule reprise. C’est vif et vigoureux, la chanson-titre en faisant la preuve dès le début.
Last Crawl se veut rageuse. Foresta hurle dessus, celle-ci se voulant une candidate parfaite pour un pit monstrueux et quelques cris de groupe, hurlés à l’unisson. Nous retrouvons aussi Steve “Zetro” Souza d’Exodus sur The Bite. Ce dernier vient prêter son grain nasillard pour agrémenter cette attaque rapide, mais qui se veut cassée par le ton imposé par Zetro.
High Speed Steel est une chanson qui dresse un portrait de l’accélération dans le metal, ce qui nous a donné le speed et le thrash metal. Cette ode au metal sulfureux est fortement influencée par le metal antique de la NWOBHM, avec des guitares parfois langoureuses qui se lèvent sur une emprise intéressante du genre. Sachant l’amour que le guitariste Ryan Waste porte pour les racines du metal, nous sentons que cette chanson a été montée avec respect et non pas par humour.
Fait chaud icite d’dans!
Crank the Heat est la chanson la plus intéressante du lot. Rageuse à point, elle propose une belle roulade à la basse, juste avant de tomber dans le chant de groupe. Il est à se demander si les paroles peuvent être mises en relation avec les événements du Capitole alors que des protestataires sont entrés dans l’immeuble gouvernemental pour tout casser. Connaissant leur mépris face à un certain milliardaire, il ne serait pas étonnant que le texte soit lié à celui-ci, le groupe chantant que « la chaleur a été élevée tout en élevant la haine ». En tout cas, de mon point de vue, c’est ce qui semble en ressortir.
La chanson Restless and Wicked se veut aussi de la vieille école. Avec son approche d’antan et une voix beaucoup plus « sorcier autour de sa marmite », nous pouvons humer juste au-dessus, le fumet de l’esprit des années ’80. La chanson Ten Cent Beer Night nous ramène aussi vers un passé plutôt lointain. Dans les années ’90, au bar l’Express, nous avions les soirées de draft à 25 cennes et il est à se demander si à Richmond, Tony Foresta a pu lui aussi profiter de telles soirées. Pièce avec du caractère, c’est surtout la finale qui se veut particulière, car Municipal Waste emprunte quelques lignes à Rock You Like a Hurricane, de Scorpions.
Courir sur la colline
En 34 minutes, Municipal Waste réussit encore à nous divertir métalliquement et le tout fonctionne encore. Je me tape l’album depuis deux semaines en allant faire mon jogging et dès qu’Electrified Brain se termine, il se remet automatiquement au début et je le laisse rejouer une fois de plus.
Pas par paresse, pas pour ne pas déranger ma cadence. Je le laisse parce qu’il est excessivement satisfaisant!
Disponible dès le 1er juillet sur Nuclear Bast Records.
Photo: Corey Davenport