Ministry vient tout juste de sortir son 15e album en carrière. Comme on est en droit de s’y attendre, les sujets abordés sur Moral Hygiene sont fortement enclins à la politique, que ce soit par rapport à chef Cheetos, les changements climatiques, la pandémie, rien n’y échappe.
Il y avait eu jadis une trilogie portant sur le président Bush composée des albums House Of The Molé (2004), Rio Grande Blood (2006) et The Last Sucker (2007) et on peut facilement prédire que le président Trump aura droit à la même considération. Moral Hygiene est le deuxième album, après Amerikkkant et un troisième album est déjà prêt. Al Jourgensen a mis son confinement à profit et a donc produit 2 albums de Ministry et un album de Lard (projet avec Jello Biafra, ex-Dead Kennedys et Guantanamo School Of Medecine). En vrai fanboy fini, j’ai honnêtement déjà hâte!
On retrouve une ambiance old school sur cet album. Pas du réchauffé, mais un sentiment de déjà-vu. On n’est plus dans les riffs à tout casser, pédale au plancher. Néanmoins, c’est un album puissant qui annonce clairement ses couleurs et qui suit bien son prédécesseur. L’utilisation d’échantillons reste une des très grandes forces d’Al Jourgensen et il utilise admirablement cet outil : extraits de discours variés de personnalités qui le sont tout autant, utilisation de drums électriques à certaines occasions, on reconnaît la sonorité Ministry et les sources d’inspiration pour les chansons.
On avait eu droit à une version Quarantine-Mix d’Alert Level l’an dernier et la version de l’album semble plus complète à mes oreilles. La reprise de Search And Destroy d’Iggy Pop est un moment fort de l’album et met en vedette David Ellefson à la basse. La guitare sèche de Believe Me ajoute une légèreté que l’on n’avait pas vu depuis un certain temps. Une pièce de la série TV Song (Right Around The Corner) est la 7e du lot depuis TV Song sur le single de Jesus Built My Hotrod et fait un lien avec le reste de la discographie. Le sitar sur Broken System n’est pas sans rappeler Change Of Luck sur From Beer To Eternity. On retrouve une certaine exploration et expérimentation sur les 3 dernières pièces comme jadis, pré Filth Pig. Jello Biafra, qui vient nous faire un petit bonjour sur Sabotage Is Sex, question de nous remémorer sa voix d’annonceur de tapis à heures de faible écoute, reste toujours aussi efficace et sarcastique. Avec l’âge, Al n’a rien perdu de son tranchant envers la classe dirigeante et ceux qui semblent ne vivre que par égoïsme. Toujours aussi acerbes.
Bref, un album quelque peu nostalgique dans sa sonorité. Al est toujours aussi virulent contre ceux qu’il considère responsables et contre l’inaction générale. Si vous n’aimez pas votre musique empreinte de commentaires politiques et sociaux ou si, par quelconque miracle, vous ignoriez que Ministry faisait dans la dénonciation, cet album n’est peut-être pas pour vous. Moral Hygiene est un album de pur Ministry comme on n’en avait pas entendu depuis un un bon moment. Le futur me semble intéressant avec cette trame sonore. Je pense que plusieurs sauront apprécier. Je sais que c’est mon cas.
Bonne écoute!
Note: 8/10
Pièce préférée: Believe Me
Tracklist
1- Alert Level
2- Good Trouble
3- Sabotage Is Sex
4- Disinformation
5- Search And Destroy
6- Believe Me
7- Broken System
8- We Shall Resist
9- Death Toll
10- TV Song (Right Around The Corner)