J’en suis dans cette période de l’année où je ne reçois plus de nouveautés musicales métalliques à couvrir. Les labels tentent de compresser les sorties d’albums pendant les 10 premiers mois de l’année, laissant les deux derniers mois vides pour se préparer pour les Fêtes et surtout, préparer la prochaine année avec des sorties qui débutent lentement en janvier. C’est un cycle qui se veut nécessaire car dans le plan marketing d’un groupe, la sortie de l’album est la bougie d’allumage face à ce que l’on appelle une tournée, qui suit généralement le lancement du disque, quelques semaines plus tard.
Il y a le nouvel album d’Opeth qui arrivera à la fin du mois de novembre et c’est parce que sa sortie a été repoussée en relation avec un problème au niveau de la production manufacturière. Pour le reste, le calendrier se veut plutôt vide. En tant que scribe métallifère qui veut garder son lectorat actif et bien informé, je me dois de continuer de vous pondre des textes. À ce moment précis de l’année, j’aime bien sortir de ma zone de confort.
Effectivement, je sors de mon cercle métallique habituel et je vais piger ici et là face à des albums qui ont attiré mon attention ou qui ont tout simplement passé sous mon radar. Pour ce Profil Bas, j’y vais avec la formation américaine, Melted Bodies. Groupe de Los Angeles, il m’est impossible de l’inclure dans une catégorie précise, étant donné que cette formation demeure explosive.
Si le nom Mr. Bungle vous dit quelque chose, c’est probablement la meilleure référence que je puisse vous donner face à la sonorité offerte par cet album du nom de The Inevitable Fork. Éclectique au maximum, rares sont les moments répétitifs et Melted Bodies tire dans tous les sens. Si le metal demeure la ligne principale des musiciens, on sent que le groupe adore les échantillonnages, les claviers bizarroïdes, les transitions électroniques, les voix saccadées à la Serj de SOAD et les changements de structures musicales inopinés.
The Inevitable Fork est un album composé de trois EPs mais il est pratiquement comme un album concept. Le leader du groupe (et ancien membre de la formation alternative Local Natives) Andy Hamm, s’est surtout inspiré de l’effet de solitude que nous nous créons en nous retirant de notre monde avec nos appareils cellulaires, cette sensation d’être en mode de survie et notre besoin de se conformer.
L’expérience débute avec une grosse taloche. Effectivement, Bloodlines (qui suit l’intro du nom de Destined to Suffer) est la pièce la plus intense de cet album. C’est ça ce moment que tu sais si ça passe ou ça casse pour tes oreilles. C’est impulsif et on entend des souffles de Ministry des belles années et/ou l’impact d’un Slipknot avec des élans vocaux à la Jello Biafra de DK ou même Serj, pour les plus contemporains.
Lorsque ça passe, tu y vas avec la suivante du nom de The Hot Dog Contract, qui se veut plus amorphe. Melted Bodies reprend la cacophonie sur Wrath Of The Flies pour ensuite offrir un passage qui se veut un monologue du nom de Overinflated All The Time. Rendu à ce moment de l’album, je me devais de reprendre mon souffle car c’est en montagnes russes et ce, solidement. Ce sera très Bungle-esque sur Liars, avec des changements structurels et du caquètement mur à mur.
Si State of Mind se veut plus caverneuse, la pièce Splitting est plus écorcheuse avec ses bizouillages électroniques. À ce point, j’ai dû prendre une pause face à l’album. Je n’en étais pas encore à la moitié de l’expérience mais je la trouvais complexe, suffocante et déstabilisante. J’ai retiré mes écouteurs et j’ai profité de la sonorité du quartier, faisant le focus sur le gazouillis des oiseaux et la sonorité vrombissante et moderne que nous offre maintenant, les voitures électriques.
En remettant mon casque d’écoute, Vague and Easy se voulait chargée mais j’ai pu apprécier l’effet plus contrôlé de Relax You Are Lazy. C’est à ce moment que je me suis dit que tant qu’à y aller, je me devais d’y aller totalement avec cette expérience sonore qu’est The Inevitable Fork. Explosif, cacophonique par bouts et catatonique, ce n’est pas un périple facile mais ça demeure rempli d’instants puissants et révélateurs parmi cette marmelade sonore.
Le fait que cet album soit une collection de trois mini-albums fait que le chronomètre se retrouve à 70 minutes, ce qui en fait une expérience plutôt longue. Par moment, on sent que Melted Bodies aurait pu couper dans le gras mais question de garder le matériel intact et le concept complet, on comprend que le tout soit demeuré tel quel.
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