Dans le monde métallique, plusieurs sous-genres se retrouvent méprisés au nom d’un élitisme qui détermine ce qui est vraiment considéré comme de la musique metal. C’est le cas du deathcore, qui encore aujourd’hui, est perçu comme un genre linéaire rempli de breakdowns et de pig squeals inutiles. Étant jeune, ce genre m’a amené dans cette merveilleuse communauté qui me passionne. Cette introduction à cet univers divers m’a ensuite fait découvrir tous les autres genres fondamentaux qui se doivent d’être écoutés.
Ceci étant dit, mon expérience d’une dizaine d’années m’amène à apporter une nouvelle nuance au deathcore. Certes, la naissance de cette musique était extrêmement homogène, question de formater un peu ce nouveau bébé arrivé aux alentours des années 2000, notamment avec Despised Icon. Or, 20 ans plus tard, des groupes comme Shadow of Intent, Enterprise Earth et Lorna Shore arrivent à créer une nouvelle dimension, ce que je classifierais de post-deathcore.
Plus particulièrement, Lorna Shore, qui a été l’une des plus grandes révélations de l’année 2021 avec leur EP …And I Return to Nothingless. Numéro 1 dans plusieurs palmarès et déjà à guichet fermé pour leur spectacle en novembre à Montréal, les attentes ont été terriblement hautes pour l’album qui verra le jour le 14 octobre, et c’est pour moi un succès convaincant.
L’album Pain Remains arrive à un point culminant dans l’histoire du groupe. Alors qu’ils n’avaient plus de chanteur stable depuis le départ de Tom Barber (Chelsea Grin) en 2018, les Américains ont finalement trouvé le chanteur idéal pour leur univers sombre avec le polyvalent Will Ramos (A Wake in Providence). On peut sentir la fusion entre la musique mélancolique et les cris de désespoir.
L’aventure débute avec la pièce Welcome Back O Sleeping Dreamer, orchestrée d’une chorale composée par le nouveau venu à la guitare rythmique, Andrew O’Connor. Dès le départ, l’atmosphère sombre du black metal, son qu’ils travaillent depuis leur premier album en 2015, arrive à un sommet inégalé pour la formation, nous laissant plonger dans les abysses d’un monde angoissant.
Pain Remains se transcrit dans une destinée remplie de questionnement par rapport à notre existence et toutes les douleurs que nous pouvons ressentir au cours de notre vie. En sachant que les attentes étaient élevées et qu’ils sortaient de la masse, le guitariste Adam De Micco confie : « Pour moi, la charge mentale était vue sous un jour nouveau – nous devions nous assurer que nous n’allions pas être perçus comme une flamme qui s’essouffle. » Et des titres comme Into the Void et Sun//Eater vont confirmer cette anxiété du succès, de savoir s’ils vont réussir, avec notamment des touches agréables de technical death metal.
Or, la durée des chansons est audacieuse et on peut se lasser vite. Le milieu de l’album manque un peu d’originalité et aurait pu être coupé, laissant quand même un 45 minutes sur l’heure proposé. Parce que la fin, une trilogie de 21 minutes sous le nom éponyme de l’album est un chef d’œuvre incontournable. L’intention était claire : le groupe voulait être le premier à faire une réelle chanson de rupture à la deathcore. Loin de Lie to My Face de Carnifex, Pain Remains Part. I, II et III forment un amalgame d’émotions. Will Ramos, passant du chant black metal, au growl, allant même au « harsh vocal », arrive à nous faire ressentir une peine destructrice, causée par l’abandon.
Décidément, cet album est mon top #1 de l’année et j’espère vous avoir donné le goût de découvrir cet opus le 14 octobre, car c’est d’une beauté renversante.
9.5/10
Sur Century Media Records