Le bon peuple a finalement une nouvelle source de distraction avec l’arrivée de Demidov avec les Canadiens. De plus, le club fera fort probablement les séries éliminatoires en cette période où je suis en train de vous écrire. Non, ce n’est pas par cynisme mais il faut avoir d’autres sources de joie et de bonheur même éphémère quand nous sommes entourés d’éléments aussi négatifs qu’avec tout ce qui entoure ce qui se passe au pays du Donald. De notre bord, le tout risque d’être celui du banquier Carney et que faut-il en penser? S’en craindre ou s’en réjouir? On vient qu’on ne le sait plus!
Par contre, il y a la musique qui nous permet de s’égayer, de se dérider et de rendre le tout plus désopilant. Une sortie, qui a bien failli me passer sous le nez, reste celle de Lo-Pan. Formation américaine, non ne criez pas des CHOUUXX!, qui œuvre dans le stoner rock, ce groupe se démarque par son chanteur excessivement habile.
Une fois de plus, vous remarquez que le nom n’est pas très invitant. Je sais, on dirait le nom d’une marque d’huile pour faire de la cuisson mais ceux, plus âgés, qui se souviennent du film Big Trouble in Little China, savent que le nom du groupe est celui du magicien dans ce long métrage qui mettait en vedette le beau Kurt Russell.
Cet album du nom de Get Well Soon va à l’encontre des titres précédents, comme si les membres du groupe avaient délaissé les noms virils et énigmatiques comme Sasquanaut ou Colossus pour y aller avec un truc plus près du bon peuple avec Get Well Soon, qu’on pourrait pratiquement traduire par le célèbre «Ça va bien aller» de Legault… Non? Manque juste un dessin d’enfant d’un arc-en-ciel sur la pochette.
Sur Get Well Soon de Lo-Pan nous retrouvons plutôt une bouée de sauvetage sur un lac, bien peinard. Non, cet album n’est pas un album conceptuel quoique les paroles tournent autour du fait que, justement, il suffit d’accepter les pertes et d’apprendre à vivre avec! Non, ceci n’est pas fataliste, c’est plutôt axé sur une parcelle optimiste.
Amateurs de stoner, vous connaissez probablement déjà cette formation. Sinon, c’est à découvrir car Lo-Pan te remet un sourire sur les babines grâce à 9 morceaux de catégorie « oui-oui, je n’arrêterai pas de rocker! » et le tout semble pratiquement facile pour le quatuor. C’est probablement lié au fait que le chanteur du groupe, Jeff Martin (pas celui de Tea Party), possède une voix remplie de soul et de puissance.
Pour la musique, c’est fuzzée mais direct. L’effet vrombissant est présent dans leur son mais ce n’est pas dans l’objectif d’étourdir l’auditeur; c’est plutôt dans le but ultime de te ramollir l’âme tout en te faisant légèrement léviter. Et c’est efficace et ce immédiatement après les premières secondes de The Good Fight. L’effet interplanétaire de la guitare passé, le groupe tombe dans ce qu’il propose de mieux : le voyage opaque!

La batterie est balourde, les coups demeurent lourds. Les guitares sont bourdonnantes et la basse suit la tendance créée par les percussions. Sans la voix, le tout serait digne d’un mammouth écrasant un château fabriqué en bâtonnets de PopSicle mais lorsque la voix de Martin arrive, la balance ramène le tout à une formation pratiquement hard rock tellement c’est crissement entrainant.
Et il a du soul ce Jeff. Lorsqu’il allonge les « Ohhhh », on le sent vibrer vers la fin de ce titre. Northern Eyes entre plus en catimini mais lorsque les percussions explosent, nous nous retrouvons avec une pièce plus massive. Ensuite, Wormwood propose un côté plus grésillant et pourrait passer pour une reprise de Life of Agony tandis qu’Ozymandias remet le groupe en position de musique pour la route, une main sur le volant pour s’en aller jusqu’à Trois-Rivières.
Oui, je sais, ce n’est pas très exotique mais en période de boycott américain, je n’allais pas vous dire le désert du Nevada!
Par contre, le morceau qu’est Rogue Wave se veut très près du Tool de la période Opiate et Undertow. Plus je l’écoutais, plus je trouvais des similitudes avec les intonations de Maynard mais aussi dans le jeu de la guitare qui rappelle les débuts de Tool. J’avais l’impression d’entendre le feeling de cette époque, la basse gondolante et ça me rappelait, par bouts, la pièce Swamp Song de la troupe à Maynard.
Harpers Ferry est plus énigmatique car avec elle, le tout repose sur la basse. Celle-ci me remet Tool aussi en mémoire, même période antique du groupe de Danny Carey, ce qui se veut positif. Parlant de basse, c’est elle qui te souhaite le bonjour sur Stay With the Boat. Par la suite, c’est le galop de musiciens pour ce festival d’approbation, tu pars sur le lac vigoureusement avec ton moteur Yamaha. Pas Mercury, car ils sont fabriqués aux Zétats et frappés par les tarifs…
Finalement, cet album qu’est Get Well Soon prend fin avec God’s Favorite Victim qui plaque bien la voix de Martin sur une pièce qui se veut plus comme un gros morceau de rock alternatif des années ’90 car cette pièce est très alternante, surtout avec la guitare qui demeure pincée et sa basse, bien carabinée. Comme sortie officielle de cette production, c’est la lourdeur de Six Bells qui t’accompagne vers la fin de cet album. Plus attendrissant comme morceau, on comprend pourquoi elle termine l’album. Elle se veut remplie du soul de Martin et sa cadence martèle lentement, mais avec assurance.
Avec ses 9 morceaux d’une efficacité redoutable, Get Well Soon est un album habile, lourd mais écoutable en mode répétition. Je me suis surpris à l’écouter à trois reprises dimanche, lors de cette journée ensoleillée plutôt étonnante après la grisaille des derniers jours.
Cet album ne va pas te permettre de mieux voter mais va te permettre de mieux feeler et ça, je peux t’en passer un papier! Et du papier de la marque Bureau en Gros, car c’est canadien!
Disponible sur Magnetic Eye Records.