C’est quoi le gramophone? C’est un court billet pour vous partager des coups de cœur du moment sans pour autant en faire de longs articles d’analyse. C’est bon parce que ça vient nous chercher tout simplement et on vous le partage par amour de la musique. Le concept est simple, à chaque chronique on vous propose 2 parutions telles les 2 faces d’un bon vieux disque vinyle.
Face A – Aegrus : The Carnal Temples
On s’est donné le mot pour la Finlande aujourd’hui. Que voulez-vous… ce pays est si inspirant et les artistes qui y poussent demeurent, à mon avis, parmi les meilleurs, tous sous-genres confondus.
J’ai choisi de vous parler d’Aegrus. Dans mon cas, ce groupe est apparu dans mes suggestions de Spotify comme toute bonne découverte. J’avais déjà prêté l’oreille à quelques extraits, mais sans plus. Maintenant, on me chuchote à l’oreille que leur nouvel EP, The Carnal Temples, est disponible pour écoute. Je m’installe tranquillement, la bière tout près et l’âme en paix. Mon écoute s’est terminée le couteau entre les dents avec une pinte vide.
Aegrus cumule trois longs jeux ainsi que plusieurs EP, dont The Carnal Temples. On expose ici 25 minutes d’intensité. Ce sont des pièces qui sont minutieusement choisies et l’ordre de celles-ci est très bien défini. Ce qui m’a fascinée, c’est que malgré toute l’agressivité qui peut émaner de ce groupe, on y retrouve un équilibre avec la mélodie et on se sent bien groundé.e.s en l’écoutant.
La première pièce, The Carnal Temples, est digne de se défoncer la gueule. Le son est plein et c’est ce qui me subjugue puisqu’on réussit à bien doser l’agressivité et le côté mélodique. D’ailleurs, félicitations au drummer qui se trouve à être une machine de guerre. Le vocal, complètement glacial et typique des hymnes finlandais, sait faire transparaître une hargne qui vient nous chercher direct dans les tripes. Les solos sont aussi construits de façon fabuleuse. La Finlande tout crachée quoi!
In Death Rapture démontre ensuite un lead mélodique très intéressant. On ramène souvent de la dissonance et plusieurs changements de rythmes, mais ceux-ci sont fondus tout en délicatesse, malgré tous ses élans acerbes. Le son de la batterie est quant à lui un peu plus feutré. Méchant beau blend!
Dans Moonlit Coffinspirit, on retrouve un son qui rappelle le bon vieux Gothic métal. On fait l’éloge de la lenteur, on prend son temps, on apporte des coups de pics bien définis et l’harmonie et le grain des guitares puisent dans une ambiance riche.
Pour terminer, Flesh And Blood vient tout déchirer. La batterie demeure plus simple, mais efficace. Elle martèle le temps et les accords pour asseoir le tout comme il se doit.
Seulement 4 pièces, mais bien assez pour satisfaire un besoin de défoulement et de bonne musique. À consommer avec un stout impérial bien goulu!
Face B – Sarvekas : Of Atavistic Fury & Visions
Pour ce Gramophone, j’ai décidé de vous parler de Sarvekas, un duo finlandais né en 2019. Le premier effort du groupe est composé de cinq pièces et s’intitule Of Atavistic Fury & Visions. Bien que d’une durée totale d’à peine 23 minutes, cette première parution permet de mettre la table de façon intéressante puisque le groupe explore plus d’une facette du genre et de belle façon. Bien que la pochette soit banale et cent fois déjà vue, c’est l’utilisation d’un logo disposé à la verticale qui a attiré mon attention en premier lieu.
La pièce Dark Spiritual Devotion ouvre le bal de façon classique certes, mais efficace. On est dans la puissance et l’intensité. Fait intéressant, le groupe a opté pour une production somme toute assez léchée en comparaison des grands noms du genre originaires de la même région dont il semble s’inspirer et je dois dire qu’il s’agit d’un bon choix, notamment en raison de la récurrence des passages en arpèges qui auraient peut-être perdu de l’impact dans une production plus crue.
S’en suit Hexenpyre, une pièce moins rapide qui met en avant plan le jeu des guitares qui combine une ligne mélodique avec une base en tremolo picking sur la tonique de l’accord, signature de plusieurs formations finlandaises. C’est ensuite le titre The Sacred Hour of Hunt qui enchaîne toujours avec cette dynamique d’arpèges avant de culminer avec une dernière portion avec le blastbeat qui réussit à donner cette impression de flottement que j’apprécie particulièrement.
La pièce Where No Man Has Trodden est assurément mon coup de cœur. Le départ est punché et la mélodie accrocheuse. J’ai été agréablement surpris par le choix de doubler la batterie sur le second riff, ce qui donne une impression de tonnerre qui gronde et qui fera sourire les fans de Dark Medieval Times de Satyricon.
On ferme le bal avec la pièce Surtr’s Breath, un titre qui sonne la conclusion dès les premières notes. On alterne entre pédale-double et blastbeat, mais le tempo est plus lent et d’une certaine manière, ça laisse place aux mélodies pour s’installer. La dernière portion de la pièce est plus portée sur la rythmique et on assiste à une belle progression qui nous mène lentement, mais inévitablement, vers la fin de l’opus.
En conclusion, Sarvekas est une belle découverte tombée sur mon chemin par pur hasard. Le seul bémol que je peux souligner est la trop courte durée de ce premier effort, ce qui demeure un beau problème. Enfin, tant la qualité des compositions que du travail studio sont au rendez-vous et c’est pourquoi je porterai assurément une oreille sur la suite de ce projet!