Qu’est-ce que les membres d’Ars Media Qc ont écouté ce mois-ci? Le Jukebox du mois est l’article mensuel qui permet à l’équipe de partager ses coups de cœur, que ce soit en matière de nouveautés ou d’anciennes idylles métalliques. Alors, qu’est-ce qui a joué dans les oreilles du staff ce mois-ci?


Le choix de Jade Favreau

Slaughter To Prevail – Kostolom. Bien honnêtement, en ce mois de mars, je me sens comme la China que le drummer de Slaughter To Prevail varge dans le magnifique breakdown de Demolisher, deuxième morceau de l’album. En cette fin de session, je devais trouver un album qui allait autant me « slapper » le cerveau que mes examens d’anatomie. Ça me prenait du « bon méchant ».

Je suis donc allée me replonger dans leur dernier album, sorti en 2021. Ce n’est pas compliqué, cette oeuvre c’est du déchirage de cerveau pendant environ 50 minutes. Je me souviens encore du jour où le single Demolisher est sorti. En bon québécois « j’ai chié à terre ». Comparativement à l’album précédent, Miserey Sermon, j’ai l’impression que la batterie vient nettement plus soutenir la voix du chanteur. Cet aspect mène vers un véritable carnage. De plus, les riffs sont énergiques et ils nous transportent dans un flot de violence. Par exemple, le riff d’introduction de I Killed A Man nous fait ressentir son côté très groovy, tout en restant fracassant. 

Selon moi, dans cet album, le point clé est définitivement la voix. Je devrais plutôt dire que le point clé de ce groupe russe est la voix d’Alex Terrible. Celle-ci est dure, autoritaire par moment et elle sait nous refroidir. Enfin, j’ai apprécié l’alternance entre le growl et le chant clean du frontman, élément qui n’était pas présent dans l’album de 2017. 

Bonne écoute!


Le choix de Matrak Tveskaeg

Martyrdöd – Hexhammaren. Ce mois-ci, j’avais soif de nouveauté et j’en ai profité pour demander des recommandations d’un ami. C’est ainsi que j’ai pu porter l’oreille à la formation Martyrdöd originaire de Suède. Je suis vraiment tombé dedans, j’ai épluché la discographie du groupe et découvert une foulée de pièces qui m’ont littéralement séduites. Mon choix s’arrête sur Hexhammaren paru en 2019, mais j’aurais très bien pu y aller avec List paru en 2016. Bref, j’en ai eu pour mon argent avec du beat qui bûche avec un chanteur qui te gueule ça à deux pouces du visage! 


Le choix de Yanick Klimbo Tremblay

Ard – Take Up My Bones. J’ai eu un mois de mars assez rempli au niveau des sorties métallifères (en plus d’un retour en salle pour des concerts!), mais il y a une production qui demeure dans mes oreilles de façon permanente. J’ai acheté le vinyle de Ard pour Take Up my Bones. Ce disque est difficile à tasser de ma platine, malgré des sorties succulentes d’Amorphis, Ereb Altor et de Voivod. Projet d’un seul homme, avec un peu d’aide sur quelques mesures vocales et percussives, Mark Deeks (membre de Winterfylleth) nous offre une procession funèbre digne d’un long processus de deuil. C’est gris, mélancolique et c’est épique dans ses ténèbres. Si nous étions en décembre 2022, ce serait mon album en top de liste pour mes chouchous de l’année. 


Le choix de Geoffroy Dell’Aria

Alcest – Les voyages de l’âme. Après un mois de février particulièrement intense et chargé, est venu l’apaisement de mars, apportant avec lui sa douceur printanière… Peut-être est-ce mon côté plus sensible, mais cette période m’a transporté dans un état d’esprit un peu contemplatif, voire même quelque peu romantique. Juste ce qu’il fallait pour apprécier à sa juste valeur le bijou que je vous présente aujourd’hui.

Sorti en 2012, Les voyages de l’âme constitue sûrement la plus belle synthèse de la dynamique artistique d’Alcest et parvient à chaque écoute à me transporter dans un tout autre univers. Successeur du magistral Écailles de lune, paru 2 ans plus tôt, il avait alors la lourde tâche de porter l’héritage de son illustre prédécesseur, ce qu’il a, à mon sens, véritablement réussi avec brio!

Assisté du batteur Winterhalter, Neige, multi-instrumentiste et tête pensante du projet, nous emmène ici dans un voyage quasi spirituel, au travers de pistes toutes plus sublimes les unes que les autres. Dès les premières notes d’Autre Temps, je suis directement pris d’une douce nostalgie qui m’emmène vers de lointains rivages…

Et c’est ensuite toujours le même extraordinaire parcours : j’avance, au fil de l’écoute, sur un sentier sonore merveilleux, porté par une voix subtile et délicate, des guitares éthérées et des claviers vaporeux. En somme, tout ce qu’il me faut pour décoller très vite ; c’est simple, je suis réellement ensorcelé par la beauté de ces morceaux et c’est un régal de chaque instant! Bien que peu présentes, les interventions plus typées Black métal (que ce soit le chant écorché de Neige ou des incursions instrumentales plus emportées) sont cependant toujours de la partie ; elles viennent ainsi, comme c’est le cas sur Faiseurs de Mondes, souligner avec puissance et justesse certains passages choisis, renforçant cette dualité d’ombre et de lumière qui fait entre autres la caractéristique du son d’Alcest.

Et enfin, que dire de l’artwork de la pochette que je trouve absolument magnifique, nimbée d’une aura rêveuse et expression parfaite de la pérégrination musicale qui nous est offerte ici!

Alors maintenant, montez le son, étendez-vous et laissez votre âme vagabonder en de nouvelles contrées oniriques, bien loin des vicissitudes de notre monde ici-bas… 


Le choix de Simon Rioux

Voivod – Synchro Anarchy. J’ai longtemps eu de la difficulté à entrer dans l’univers musical de la formation québécoise Voivod, parsemé d’atonalité et d’accords dissonants. Par contre, une fois que j’ai eu le « déclic », j’ai adoré et, malgré le génie des albums classiques des années 1980 et début 1990 (mon préféré étant probablement Dimension Hatröss publié en 1988), j’apprécie beaucoup également leurs plus récentes sorties (particulièrement The Wake en 2018). Ce nouvel opus, Synchro Anarchy (février 2022) est tout aussi inspiré ; c’est bien progressif, technique, dissonant, mais étrangement mélodique, avec des influences Thrash et Punk, le tout saupoudré de riffs à la King Crimson période Red, sur des thèmes cosmiques qui évoquent un futur dystopique. 


Le choix de Corinne Ainscow

Ghost – Impera (2022). C’est le moment d’avouer au monde mon guilty pleasure band, Ghost. La première fois que j’ai entendu du Ghost j’ai tellement détesté, je m’attendais à du black (fort probablement parce que Papa Emeritus avait l’air très badass dans le temps) et j’ai trouvé ça beaucoup trop simple et “passe-partout” comme musique. J’en ai réécouté il y a environ 2-3 ans et je ne sais pas trop pourquoi, mais je suis tombée en amour avec le band cette fois! Donc c’est la première fois depuis que j’aime Ghost qu’ils sortent un album alors j’étais super énervée le 11 mars dernier lorsque Impera est sorti et sans blague, c’est ce qui joue en boucle dans mon auto depuis. Je sais je sais, ma belle réputation de Black métalleuse sans âme vient d’être détruite par cette révélation. La chanson que j’aime particulièrement c’est Call Me Little Sunshine. Bonne écoute si vous n’avez pas encore écouté l’album 🙂 


Le choix de Nathaniel Boulay

Zeal & Ardor – Zeal & Ardor. En ce fabuleux mois de mars, je suis légèrement obsédé par le tout dernier de Zeal & Ardor. L’album éponyme sorti le mois dernier est simplement un bijou de créativité mélangeant styles, allant du Blues et du chant spirituel jusqu’au métal bien lourd et senti. J’aime les combinaisons du genre qui empruntent un peu partout et, ici, c’est habilement exécuté pour donner quelque chose de cohérent et franchement addictif. Une splendide découverte pour ma part du Suisse Manuel Gagneux et je vais définitivement devoir reculer jusqu’en 2014 et voir ce que j’ai manqué au cours des 8 dernières années de Zeal & Ardor.


Le choix de Sonny Hamel

Sentenced – The Cold White Light. Un masterpiece du Métal gothique, un de mes rares albums 5 étoiles. L’atmosphère, les mélodies, les solos grandioses de Miika Tenkula (RIP). Un mélange de simplicité avec des touches de virtuosité. La voix inimitable de Ville Laihiala, grave, rocailleuse et claire, pas toujours la plus juste, mais remplie d’une telle sincérité. Avec l’intro obscure Konevitsan kirkonkellot qui débouche sur le fabuleux Cross My Heart And Hope To Die en passant par le rageur Neverlasting pour finalement se terminer par la ballade magistrale qu’est No One There. Un classique dont je ne me lasserais jamais. 


Le choix de Corine Pépin

Messa – Close.  Mes goûts éclectiques sont choyés grâce à l’album Close du quatuor Doom italien Messa, paru le 10 mars 2022. Un paysage sonore enivrant passant de Doom à Jazz, de Prog à Black métal, de Stoner à Flamenco, colmatés ensemble grâce au vocal puissant de la chanteuse Sara pour former cette chaudronnée de genres disparates, mais si délicieuse à mon oreille. Les tracks Dark Horse et Pilgrim sont définitivement mes coups de cœur.

https://messaproject.bandcamp.com/album/clos


Le choix de Kevin Bylinski

Holyarrow – 1661-1662 The Siege of Fort Zeelandia. Je me suis mis en mode découverte en mars et j’ai attaqué la discographie du groupe chinois Holyarrow. Leur EP, sorti il y a quelques semaines, nous offre 2 compositions tout à fait exceptionnelles! Je dois dire que tout leur matériel est de qualité, mais The Siege of Fort Zeelandia laisse entrevoir ce que le nouvel album aura l’air. Du pur bonheur auditif.


Le choix de Sarah Luce-Lévesque

Owls Woods Graves – Secret Spies of the Horned Patrician. J’avais beaucoup de choix ce mois-ci. Sérieusement. Par contre, ce qui m’a frappée, c’est une envie de bon vieux Punk métal. Owls Woods Graves est arrivé sans aucune subtilité dans le cadre d’Ars Macabra dans le top 3 à Régis du mois dernier. Ah ce cher Régis, il réussit toujours à nous dégoter de belles trouvailles. Ma soif de riot a été comblée et après avoir écouté l’album d’une durée d’une trentaine de minutes, j’avais l’impression que, si je m’étais écoutée, il n’y aurait plus aucun mur en bon état dans ma maison. Ça donne envie de frapper partout. Toutes les pièces sont différentes et sont à la hauteur de mes attentes. Du bon crust qui s’écoute très bien et qui donne du rythme à ma journée, ma semaine, mon mois.


Le choix de Michel Perron

Borknagar – Winter Thrice. L’hiver tire à sa fin et le spectacle de Borknagar approche lentement mais sûrement. Pour cette raison, j’ai décidé de prendre de l’avance et réécouter la discographie de ce groupe norvégien. Ce mois-ci j’écoute en boucle l’album Winter Thrice paru en 2016 chez Century Media

Deuxième album depuis le retour de Vortex dans le groupe et le dernier avec Vintersorg, présent dans les rangs de la formation depuis 15 ans. Pour ne pas faire de mauvais jeu de mots avec le titre d’un autre album du groupe, cet album est un peu la quintessence du super groupe. Il y a des groupes qui ont de la difficulté à compter un bon chanteur, Borknagar en possède trois : Vortex, Vintersorg, Lars, connu pour son travail avec Solefald. Comme si ce n’était pas assez, la formation renoue avec Garm, actuel chanteur d’Ulver, sur deux pièces. Faut-il le rappeler? Garm fut le premier chanteur de Borknagar et fut remplacé par Vortex. Un album spécial puisqu’il implique les trois chanteurs de la formation. 

Est-ce que le résultat est concluant? Oui! Assurément un des meilleurs albums de la formation puisqu’il implique une grande variabilité concernant les types de chants, mais aussi des rythmes! Avec un début de carrière axé sur le Black métal, le son du groupe évolua rapidement en devenant une référence progressive. Évidemment, pour les puristes désireux de retrouver l’ambiance de l’album éponyme, ce ne sera pas pour vous. Par contre, si vous désirez y porter une oreille, idéalement deux, vous pourriez apprécier le portrait d’ensemble. Il est facile de porter un jugement hâtif sur l’évolution de ces formations qui existent encore après plus de 25 ans de carrière. Ne faites pas cette erreur et écoutez Winter Thrice


Le choix de PY Bédard

Amonite Chamber Exploration / Devonian Dawn – (s/t) Split. Les dernières semaines furent assez folles avec le vent de renouveau, l’espérance du retour à une vie normale et la pression incessante au quotidien. L’action d’écouter de la musique venait souvent de pair avec le désir de relaxer et de méditer. Heureusement, un de mes styles de prédilection, le Dungeon synth, est toujours là pour me transporter dans un autre univers. Le split entre Ammonite Chamber Exploration et Devonian Dawn se décrit comme étant une ambiance orientée sur les plus petits aspects de la vie aquatique archaïque (pré-mammifères) et je dois dire qu’ils ont atteint la cible en plein centre. 

Musicalement, aucune mélodie perceptible n’est présente. Il s’agit davantage d’une succession de notes et d’effets qui s’imbriquent magnifiquement. Les tonalités sont basses, ce qui fait que le son vient s’ancrer au plus profond de l’inconscient et le force à se délousser. Il faut avoir un état d’esprit réceptif pour ce genre d’expérience, mais lorsque la porte du palais est ouverte, les deux groupes dont il est question y entrent en douceur pour vous imprégner de leur œuvre. 

Malheureusement, la version physique (cassette) est sold-out (limitée à 10 copies), mais je vous conseille fortement de vous laisser emporter pour un 60 minutes tout simplement divin. 

https://lostarmor.bandcamp.com/album/s-t-split


Le choix de Floyd Lapierre-Poupart aka Florent Laroche

Holy Co$t – Pornado. Avec l’arrivée des spectacles, une nostalgie de mes précédents événements a surgi cette semaine. Dans mes chandails, je suis tombé sur celui du défunt festival Pukefest, qui regroupait toutes sortes de groupes, allant du Brutal death métal, du Grindcore, du Pornogrind, bref tout ce qui m’attire.

Dans les deux éditions auxquelles j’ai assisté, j’ai découvert le groupe Holy Co$t, un groupe de Pornogrind acadien représenté au chant d’une sœur religieuse cagoulée. L’album Pornado est assez représentatif de leur son et je tenais à vous les faire découvrir.


Le choix de Stanislav Stefanovki

Drudkh – Борозна обірвалася. Lorsque cet album est sorti, je l’ai beaucoup aimé et je l’ai beaucoup écouté dans ma voiture, mais je ne l’avais peut-être pas estimé autant que j’aurais dû. L’autre jour, en le ré-écoutant, je réalise qu’il s’agit un des albums les plus agressifs et les plus sombres de la carrière du groupe. Drudkh est un groupe qui n’a pas besoin d’introduction, puisqu’il s’agit du groupe Black métal le plus connu de l’Ukraine, mis cet album est un incontournable et est facile à « ignorer » alors que c’est une perle. 


Le choix de Louis-Olivier BG

The Ruins of Beverast – The Thule Grimoires. Je dois avouer humblement que je n’avais même pas réalisé qu’un de mes projets préférés, l’homme-orchestre qui évolue sous le nom The Ruins of Beverast, avait sorti un sixième album complet en 2021. La chaîne YouTube de Ván Records se chargea heureusement de corriger cette erreur en ce mois de mars 2022. L’offrande se situe droit dans la lignée de l’oeuvre de son créateur, Alexander von Mielenwald (The Nest, Ex-Nagelfar) et parvient facilement à ravir le fanatique du Doom atmosphérique noirci particulier de ce dernier. La pesanteur, le caractère malsain et la puissance sont donc encore au rendez-vous, 19 ans déjà après le premier démo de cet homme aux multiples talents. Je me suis donc replongé à fond dans sa discographie entière! 


Le choix de Méi-Ra St-Laurent

Qui a dit que les métalleux devaient toujours se prendre au sérieux? Des fois, une bonne dose d’autodérision, ça fait tellement du bien, mais encore faut-il savoir comment arriver à cette balance parfaite entre autodérision et contenu travaillé! C’est le pari qu’a relevé avec brio le groupe de metal parodique italien, Nanowar of Steel, avec sa chanson Norwegian Reggaeton lancée en juillet 2019. Même si les premières secondes laissent présager une autre chanson reggaeton tout à fait inécoutable – un style que plusieurs métalleux exècrent -, on plonge plutôt dans un monde totalement absurde. Les références  que seuls les “vrais” Black métalleux connaissent (titres d’album, noms de musiciens, thèmes, vêtements, faits historiques de la scène) sont enchaînées les unes après les autres, mais tout en étant volontairement déformées par l’esthétique reggaeton. Ainsi, le refrain inoubliable “profaner la tombe, au rythme de la rhumba, avec Fenriz et Darkthrone…” , en plus d’être chanté en espagnol, est joint à une mélodie typique reggaeton, très légère, rythmé rappelant la plage et le soleil… Et que dire du passage mythique à partir de 03:00, qui me fait éclater de rire à chaque écoute! Je vous laisse d’ailleurs le soin de l’écouter par vous-mêmes sans spoiler le tout… Enfin, même si on est très loin de l’atmosphère glaciale et démoniaque qui caractérise le Black métal cvlt, toutes les références sont si bien amenées que je suis convaincue que même Varg a esquissé son sourire mythique lorsqu’il a entendu cette chanson!