Qu’est-ce que les membres d’Ars Media Qc ont écouté ce mois-ci? Le Jukebox du mois est l’article mensuel qui permet à l’équipe de partager ses coups de cœur, que ce soit en matière de nouveautés ou d’anciennes idylles métalliques. Alors, qu’est-ce qui a joué dans les oreilles du staff ce mois-ci?
Le choix de Jade Favreau
Summoning- Dol Guldur. En ce mois de fin de session, quoi de mieux que de retomber dans Summoning. J’aime énormément la discographie de la formation, mais je dois dire que l’opus qui a le plus roulé dans mes écouteurs ce mois-ci est Dol Guldur (1997). Un bon album pour étudier ou pour de longs trajets en voiture. Parfait avec la température pluvieuse que nous avons!
Bonne écoute!
Le choix de Geoffroy Dell’Aria
Autarcie – Apogée.Ivresse.Agonie. C’est en France, dans une Franche-Comté rurale, profonde et authentique que je vous emmène ce mois-ci, avec une œuvre terriblement sombre et prenante.
Sorti il y a maintenant 2 ans, en avril 2021, le dernier opus en date d’Autarcie est sans nul doute l’un de leurs meilleurs et le digne héritier de leur précédente offrande Sequania, grâce à laquelle je les avais découverts en 2018.
Doté d’un excellent son, à la fois puissant, brut et cru, convenant parfaitement à ce genre de Black métal, nous avons ici affaire à un album mélodique et atmosphérique comme seule la scène française a le don de les façonner, jumelant avec brio tantôt souffles guerriers et épiques (Gladio Vivere, Gladio Morietur, belliqueux et enlevé à souhait), tantôt voiles de tristesse charriant résignation et regrets (Le Bardit des Hardis).
L’esprit est bien plus conquérant et martial que par le passé (Nation), comme autant de récits héroïques des temps anciens, sur lesquels plane toutefois une implacable mélancolie.
En effet, une atmosphère de nostalgie constante imprègne chaque morceau, à l’image notamment de Regnum Francorum ou du titre éponyme, cruels constats d’un monde moderne qui s’est lui-même perdu, sans espoir de retour.
Les textes, particulièrement travaillés et très intelligiblement déclamés par Nokturn, tête pensante du projet, se font le parfait écho de cette fin inexorable.
Voici livrée pour vous une fresque magnifique et exaltée, ode affligée à la gloire des temps jadis évaporés dans les affres des siècles…
« Tout s’éteint ici-bas, princes, peuple, royaume,
Chaque grain de poussière est le débris d’un homme,
Et l’univers entier, que nous croyons régir,
N’est qu’un vaste tombeau prêt à nous engloutir… »
Overkill – Scorched. Les pionniers du Thrash métal sont de retour avec leur 20e album en carrière et ce qu’ils nous proposent est, une fois de plus, très convaincant! Mes offrandes favorites sont évidemment les classiques Feel The Fire (1985), Taking Over (1987) et Under The Influence (1988), mais si vous avez apprécié leurs dernières sorties, celle-ci poursuit dans la même veine : des riffs agressifs à souhait, des rythmes effrénés lorsque nécessaire, une basse qui « claque », une voix aigüe toujours aussi perçante, des influences parfois tirées du punk hardcore et d’autres fois de la NWOBHM… bref tout ce dont on peut espérer de la part de vétérans du Thrash dans leur genre en 2023.
Le choix de Nathaniel Boulay
Skinny Puppy – Rabies. Les pionniers de l’Industriel, les OG Canadiens, les légendes vivantes que sont Skinny Puppy étaient de passage au M-Telus dans le cadre de leur tournée finale. C’est le cœur brisé que j’ai manqué l’événement pour moultes raisons mais je m’étais préparé pour l’occasion en écoutant à répétition mon album préféré: Rabies. Je me retrouve facilement dans l’énergie de Rodents, l’intensité de Fascist Jock Itch (est-ce que c’est du blast beat électronique de 1989 que j’entends?), l’incroyable beauté sombre de Worlock, l’agressivité étouffante de Tin Omen, et tellement d’autres moments forts avec Hexonxonx, Rivers et les autres. Al Jourgensen est même de la partie pour donner un coup de main pour la production. Un classique du genre tant pour le style que pour la composition. Un chef-d’œuvre!
Le choix de Sarah Luce-Lévesque
Fathomage – Autumn’s Dawn, Winter’s Darkness. Ce mois-ci, j’avais besoin de concentration, de calme et de me centrer un brin. C’est dans cette optique que je me suis orientée vers le Métal atmosphérique. Ce n’est pas le style vers lequel je me réfugie habituellement, mais lorsque je suis tombée là-dessus, impossible de ne pas y retourner. C’est pas mal ce qui tournait sans cesse dans mes élans d’étude ou de travail.
Fathomage existe depuis 2016 et demeure extrêmement productif. Évidemment, aucune surprise ici : encore un one-man band. L’australien démontre son savoir-faire mélancolique au travers des guitares au son bien aiguisé, au vocal presque complètement effacé et à la batterie simple, mais efficace et laissée un peu en arrière dans le mix. Ce que j’aime également, c’est qu’on ne passe pas par quatre chemins pour changer de mood avec des riffs plus lourds et bien nantis.
À ne pas manquer.
Le choix de PY Bédard
Pénombre – Lueur noire. Avec l’été qui approche beaucoup trop rapidement et mon rythme de vie se déchirant entre le travail et mes passions, j’avais besoin d’une musique simple et efficace pour m’aider à passer à travers mes journées bien remplies. Je me devais de sombrer dans une oeuvre à la fois crue, rapide et efficace. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis vraiment pas fan du Compte Bergaby et de ses nombreux projets, mais je dois avouer que la dernière offrande de Pénombre est venue toucher une corde sensible au plus profond de mon être.
Que ce soit par une production très voilée, des riffs hypnotiques et accrocheurs ainsi qu’un vocal malsain, Lueur noire se veut une sortie ayant tous les ingrédients qui, pour moi, font que le Raw black est à la fois stimulant et réconfortant.
Je ne suis pas prêt à affirmer que je suis maintenant un fan du projet, mais je porterai une oreille davantage attentive aux futures sorties, à moins qu’elle ne soient encore vendues comme du « Supreme Métal Noir Québécois » #Goatowarex par des labels qui ne connaissent rien à notre scène.
Le choix de Stanislav Stefanovski
Grand Funk Railroad – Closer to Home. Ce mois-ci on y va dans le Rock. Grand Funk Railroad est un groupe dont on voit souvent le nom, mais dont on prend pour acquis. J’étais le premier à penser que c’était juste un groupe “normal” qui a mal vieilli, jusqu’à ce que j’y prête une oreille plus attentive ce mois-ci. Le groupe a enregistré des albums dont la qualité se situe facilement au-dessus de l’excellence durant les années 70. Une des forces du groupe se trouve dans les prestations live, comme le témoigne si bien la vidéo ci-dessous. À découvrir, si ce n’est pas déjà fait car il ne s’agit pas d’un “simple” groupe qui a mal vieilli, mais plutôt d’un groupe légendaire américain.
Le choix de Louis-Olivier BG
Nagelfar – Hünengrab im Herbst. Il y a de ces groupes qui n’ont pas eu le succès qu’ils auraient mérité en regard de leur talent. Nagelfar (Allemagne), à ne pas confondre avec Naglfar de Suède, fait partie de cette catégorie. Effectivement, la défunte troupe germanique de Black métal n’a jamais réussi, malgré trois albums superbes avant de s’éteindre en 2002, à soulever les passions autant qu’elle aurait dû. J’ai donc toujours été surpris d’à quel point l’œuvre du quatuor est ignorée de ce côté de l’atlantique. Qu’à celà ne tienne, j’ai eu une soudaine rage, en ce volatile mois d’avril, pour les mélodies haineuses de cette bande de barbares à la brutalité raffinée. Leur premier opus complet, publié en 1997, retient ici mon attention avec sa production habile, méchante mais audible et son unique mélange de mélodies épiques et de violence déchaînée. Je vous encourage à découvrir cette sortie et les autres offrandes de Nagelfar, ainsi que les nouvelles aventures sonores de ses anciens membres dans Endstille, The Ruins of Beverast et Simple Existenz.
Le choix de David De Rosby
Opeth – My Arms, Your Hearse. Retourner à ses racines ça fait du bien de temps en temps et me joindre dernièrement à Ars Media Qc m’a légèrement poussé dans l’cul à me ressourcer et revisiter quelques classiques qui ont forgé mon identité musicale. Venant d’un background de vieux Death métal old-school teinté des classiques de la scène Prog rock des années 70, mon choix du mois s’est posé sur My Arms, Your Hearse, troisième album des suédois d’Opeth. Option définitivement peu récente, mais toutefois historique en ce qui la concerne.
Si beaucoup d’entre nous ont découvert le groupe à l’époque de leur opus Blackwater Park en l’an 2001 ou leur chef d’oeuvre Ghost Reveries en 2005, c’est en 1998 que le line-up ‘’presque’’ classique allait voir le jour. Après la sortie de ‘’Morningrise’’, Mikael Akerfeldt, vocaliste/guitariste qui hérita des reines de ‘’La Cité de Lune’’ suite au départ du membre fondateur David Isberg en 1990, accompagné de son supposé piètre compositeur, mais néanmoins fidèle guitariste Peter Lindgren, se retrouva rapidement dans la situation de retrouver une section rythmique (après le départ du batteur Anders Nordin et du bassiste Johan De Farfalla). Suite à une annonce classée, c’est un vent chaud et exotique inattendu qui a répondu à l’appel, tout en arrachant les publications de ces derniers pour sécuriser leur place en sein de la formation.
Après à un court passage avec les Vikings d’Amon Amarth, Martin Lopez, alors membre de Eternals avec son partenaire bassiste Martin Mendez, rejoint les rangs de la troupe de Stockholm. Cependant, ce dernier devra attendre avant de mettre sa touche à l’album suivant, Still Life. Même si Mendez apparaît dans la pochette de cette troisième observation d’Opeth, c’est Akerfeldt qui se chargera de la basse sur My Arms. 25 ans plus tard, Mendez est le seul membre a avoir perduré dans la formation…
Premier album concept pour le groupe et aussi premier passage au fameux Studio Fredman, que Mikael ne se gênera pas de largement critiquer dans un futur proche, ce fût toutefois la fin de leur collaboration avec Dan Swano (Edge of Sanity), qui sera remplacé par Fredrick Nordstrom. Fait cocasse, Anders Fridén (In Flames, ex-Dark Tranquillity) agira d’ailleurs lui aussi sur l’album en tant que co-producteur.
Malgré le virage du band éliminant les vocals gutturaux depuis Heritage en 2011, My Arms, Your Hearse reste un classique sous-estimé trop souvent camouflé par le succès de ses successeurs et la réputation des récentes offrandes du groupe. Définitivement un album à découvrir, ou à redécouvrir…