Lors de la fin de semaine, je passe au travers mes nouveautés reçues pendant les jours précédents. Je prends le temps d’écouter trois chansons de chaque album et lorsque le tout me plaît, je télécharge l’album. C’est ma façon de faire. C’est comme ça que ça fonctionne dans le merveilleux monde du « journalisme métallique » depuis quelques années, une bonne décennie et plus, je dirais même. Ceux qui croient que nous sommes invités à des sessions d’écoute avec nos calepins pour prendre des notes, ce n’est pas le cas. Probablement vers 1990 mais en 2024, tout se fait dans son coin, avec son ordinateur et son téléphone.    

Lorsque les albums sont téléchargés, je transfère le tout dans mon iTunes pour ensuite, verser le tout dans mon iPod (je suis old school) et finalement, mon iPhone. Étant propriétaire d’un PC et non d’un Mac, j’ai vécu la fin de buzz totale pour bien des propriétaires d’iPhone qui surtout, ne possède pas de Mac comme ordinateur.

Mon système iTunes demandait de faire une mise à jour, ce qui se veut normal et régulier pour ce type d’appareil. Pendant que le tout roulait en arrière-plan, je continuais ma besogne du samedi. En me retournant face à l’écran de mon ordinateur, j’ai remarqué le message qui disait environ ceci : Mise à jour impossible. Vous devez restaurer votre appareil.

Comment ça, impossible? Et surtout, restaurer l’appareil? Sérieusement? Ceci voulait dire de perdre toutes mes données, toutes mes affaires et autres patentes sur mon appareil dont je dépends un brin, disons-le! Donc, de repartir à zéro, comme le disait Jo Bocan. Je me suis donc dirigé chez le marchand envers qui j’ai acheté ledit appareil, en août 2023. Il m’a tout simplement offert de faire la restauration de l’appareil, c’était le mieux qu’il pouvait faire pour mon problème et, comme de raison, m’offrir de migrer vers le modèle le plus récent pour ainsi, éviter ce genre de problème.

« T’es pas sérieux? » lui dis-je.

Mais comment est-ce possible? Après une année seulement, mon appareil se voudrait déjà désuet? Une durée de vie artificiellement limitée? Une conception volontairement fragile? Voyons donc, cimonaque! Le commis m’a dirigé vers le Apple Store. Comme si j’avais cette envie palpitante de me rendre au Carrefour Laval, haut lieu du mauvais goût. Je m’y suis rendu, je suis entré dans la boutique et une charmante demoiselle m’a redirigé vers un technicien.

Ce dernier m’a demandé si j’avais rendez-vous. J’ai confirmé que je n’en avais pas et il m’a avisé qu’il y avait une période d’attente qui variait d’une à deux heures. Aucunement intéressant, disait mon visage. C’est à ce moment qu’il m’a demandé ceci : « Avez-vous un Mac à la maison? » J’ai répondu que ma fille en avait un. Il m’a dit : « Faites vos mises à jour par le Mac, jamais sur votre iTunes de votre PC. Je ne vous ferai pas attendre ici. Allez à la maison, connectez votre téléphone dans le Mac de votre fille et 15 minutes plus tard, votre téléphone sera rétabli avec sa mise à jour. »

J’étais impressionné. Aussi simple que ça! Je l’ai remercié et avant de partir, il m’a dit : « Par contre, vous devriez penser à migrer vers le modèle le plus récent de l’iPhone, vous n’auriez plus ce genre de problème! » Je lui ai fait un sourire, lui confirmant que sa suggestion impliquant l’obsolescence contrôlée ne m’intéressait guère.

Quand j’ai un objet qui cesse de fonctionner après un temps raisonnable, ça me titille autant que lorsque je manque de gaz sur ma tondeuse rendu au milieu de ma tonte. Mais dans ce temps-là, je sais que l’arrêt est en relation avec le manque de carburant, non une défectuosité créée machiavéliquement par la compagnie.

Le thème de l’obsolescence est au cœur de l’album du même nom (au titre bilingue en plus!) des Gatinois d’Insurrection. Maintenant signé chez BAM & Co-Heavy, le groupe continue sa proposition death métallique et ce cinquième album se veut aussi rafraichissant qu’une baignade automnale dans la rivière des Outaouais. Autrement dit, ça te tient à vif et ça te réveille amplement.

Est-ce que ça te ratatine le zwiz? Aucunement. Le mien est fonctionnel. À moins que le tien soit obsolète…

Preprogrammed est le bizouillage ambiant qui fait office d’introduction. Tu pourrais penser qu’avec ce titre et la sensation sonore offerte que tu te retrouves face au nouveau Fear Factory. Pas du tout. Lorsque The Gathering débute, tu comprends que tu n’es pas en présence d’une rythmique cybernétique du robot qu’est Dino mais plutôt avec le suif gatinois surfin de Martin et Antonin.

C’est lourd, pataud et oppressif comme ouverture de chanson. Les deux grosses caisses embarquent, question de soutenir la cadence et la voix de Stéphane Jomphe demeure punitive. On est en business, surtout que la suivante, Failures of the Flesh, accélère la cadence tout en demeurant excessivement répressive comme pièce.

Avec Le Secret des Dieux, nous comprenons rapidement que le fait d’user du français est faisable dans le death metal. Morceau précis et accrocheur, c’est à ce moment que j’ai compris qu’Insurrection possède la capacité de plaire autant aux amateurs de Lamb of God, par la pugnacité de cette série de riffs entremêlés avec des percussions mitrailleuses et la locution énoncée mais toujours pierreuse de Jomphe, qu’aux fanatiques de la vieille école des arts morbides.

Ce constat se poursuit avec Némésis, autre morceau racoleur qui poursuit Obsolescence. Jusqu’à maintenant, la caboche est en mode approbation et j’ai déjà le refrain encrypté dans mon cerveau. Va-t-il disparaitre dans quelques instants, résultat d’une obsolescence quelconque? Non, car même en relecture avant publication, je fredonne encore ce refrain!          

Alternant dans les deux langues officielles, il demeure agréable d’entendre le phrasé mais surtout la mastication gutturale plutôt audible de Stéphane Jomphe. Maitrise et aisance au niveau du gorgotton, je dois avouer candidement que c’est dans la langue de Molière que je le préfère.

En mode retour vers l’anglais, Hostile Takeover est celle que j’ai trouvé comme se voulant la plus croustillante du lot. Obsession (rien à voir avec la chanson/album du même nom de la part de TiCuir) et Charogne sont revenues me confirmer ma complaisance pour la fluidité de la langue française avec Insurrection. Ensuite, Initiate the End m’a remis Obliveon de l’époque Carnivore Mothermouth dans l’oreille, Obsolete demeure d’une massiveté certaine mais bien balancée par un lead aguichant en partie centrale et c’est l’anéantissement avec Bless the Machine.     

En cherchant une finale pour ce billet de blogue, j’ai eu cette intervention de mon épouse alors que je réfléchissais. Elle venait me confirmer que ses écouteurs de type Bluetooth, achetés il y a environ un an, venait de la lâcher. Il n’y a qu’un seul côté sur les deux qui fonctionne, l’autre étant inactif, confirmant la désuétude de l’objet et son remplacement pratiquement immédiat.

Dans un monde où nous avons laissé nos vies entre les mains de machines sophistiquées et l’intelligence artificielle, il ne faut pas se surprendre que ça pète une fois de temps en temps. Par contre, avec ce nouvel album, je peux confirmer qu’Insurrection ne nous a pas lâchés et que l’obsolescence n’était pas programmée dans leur système central…

Disponible le 13 septembre sur Bam & Co-Heavy.

www.facebook.com/insurrectionmetal

Photo: Lisa Thompson