Il est 6h30 du matin et je suis devant mon ordinateur. Dehors, c’est encore noir, l’automne a mis la switch à ON assez rapidement, et je ne m’en plains pas. Aujourd’hui, c’est l’Action de Grâce, ce sera très mollo. Je dois vider ma piscine et voyant que le temps risque d’être pluvieux, frais et grisonnant, je risque d’en profiter pour taper quelques mots métalloïdes, faire un peu de lecture, me clancher une couple de cafés et probablement, une couple de bières. Une journée idéale pour faire des mises à niveau et préparer la semaine de 4 jours au travail. Et le tout ira assez rapidement au boulot car Halloween arrive et ensuite, et que cela te plaise ou non, ce sera Noël!

J’en parlais avec l’épouse, justement, en fin de semaine. Est-ce que nous allons recevoir encore cette année? Si le sous-sol est refait, ce serait encore mieux. Nous devrions recevoir notre montant de dédommagement des assurances face à l’inondation d’août dernier. Mais est-ce que les travaux seront terminés pour recevoir la famille ou est-ce que je vais flamber le montant au complet en vinyles?

Le choix est assez évident et malgré que je me considère irresponsable par moment, je n’irais pas jusqu’à flamber un montant aussi copieux en disques. Sinon, j’aurais une discussion plutôt sérieuse avec ma douce moitié et probablement le papier de divorce qui vient avec. Non, c’est surtout qu’au niveau des mises à jour, j’ai farfouiné dans ma boîte de courriels liés à mes habitudes métalliques et j’ai bien failli passer à côté d’un album dont j’attendais impatiemment la sortie.

Avec le tourbillon que m’offre mon quotidien, j’ai probablement sauté quelques lignes de courriels dans les dernières semaines. C’est certain que mes journées demeurent bien remplies, en plus de mes soirées. Juste pour vous dire, je suis allé voir 4 concerts la semaine passée. Il faut bien se trouver du temps pour regarder nos courriels mais surtout, pour dormir…

Toute cette folie organisationnelle confirme que je n’avais aucunement remarqué que la nouveauté d’Immortal Bird était bien entrée dans ma boite à nouveautés. C’est donc depuis samedi que je suis en mesure de me taper cet album qui vient de ce groupe américain qui sévit maintenant en tant que trio. Effectivement, sur cette nouvelle production qu’est Sin Querencia, qui se traduirait aisément par « Sans Désir », on comprend que le bassiste John Picillo n’y joue aucunement et que c’est le guitariste Nate Madden qui a enregistré les pistes de basse sur 7 des 8 pistes de l’album. C’est le bassiste de Yautja, Kayhan Vaziri, qui joue sur la 8e chanson qu’est la chanson titre, en tant qu’invité. Est-ce pour proposer des lignes de basse funky ou de la fretless très progressive? J’en doute car cette pièce demeure dans les mêmes eaux que les précédentes.

Toujours les deux pieds dans la vase bien crustée, Immortal Bird continue son évolution métallique sludgée qui laisse toujours scintiller du metal plus noirci dans sa livraison sonore. Même si l’album débute plus pacifiquement avec Bioluminescent Toxins, le trio propose une mise en place face à une ambiance plutôt blafarde. Immortal Bird nous poppe ça légèrement avec une accélération en douceur vers le chrono d’une minute et une trentaine de secondes. Morceau plutôt livide pour ouvrir un album, nous avons même droit à une voix plus lumineuse vers la finalité de la chose quoique les impulsions aux percussions et la guitare décharnée viennent déstabiliser nos attentes.

Plastered Sainthood est plutôt le genre de chanson à laquelle je m’attendais pour ouvrir cet album. De l’avoir en position numéro 2 ne me surprend guère et ça tapoche amplement jusqu’à ce qu’une transition vraiment plus lourde à la guitare casse le tempo. Ensuite, les percussions retournent dans le mix et la tapoche est de nouveau de retour. Consanguinity se veut cacophonique dans son élan initial mais une ligne de guitare plus aquatique nous remet un peu de vieux Mastodon en tête. Ça pendille sur la chaloupe, une guitare plus reposante vient s’en mêler mais la belligérance sonore reprend de plus belle, laissant Immortal Bird en mode cacophonique mais toujours en contrôle.         

Propagandized est un gros morceau metal, une invitation dans le pit. Par contre, Ocean Endless est beaucoup plus bourdonnante dans son ensemble et Synthetic Alliances est la pièce complexe de l’album. Retour avec un morceau sludgée qu’est Contrarian Companions qui se veut comme un gros rôti bien bardé, surtout avec sa ligne médiane bien adipeuse, badigeonnée par une guitare plutôt onctueuse.    

Comme troisième album, je suis grandement satisfait par cette production qu’est Sin Querencia. Le niveau d’intensité est encore bien présent mais surtout, le jeu des musiciens est beaucoup plus peaufiné même si le tout demeure très salaud comme proposition musicale. Variée, la voix de Rae Amitay offre autant subtilité et agressivité, question de proposer de nombreuses nuances à son répertoire vocal.

Je ne vois plus qu’un fond de mousse au fond de ma tasse de KISS, ce qui confirme que mon troisième capuccino est maintenant chose du passé. Si je me concentre face aux bruits de dehors, j’entends une complainte de syphon qui semble bien confirmer que ma piscine est juste assez vidée pour que l’on puisse mettre un terme à cette saison de baignade. Vivement la saison du frisquet, des feux à l’extérieur et des stouts.

Et tout ça, en se tapant Sin Querencia d’Immortal Bird.     

Disponible le 18 octobre sur 20 Buck Spin Records.

www.facebook.com/immortalbirdband

Photo : Vanessa Valadez