Intégrité et pertinence, ce sont deux termes qui collent bien à la formation Exodus. Mis de côté de l’appellation Big Four, nous savons pertinemment que ce groupe de la Bay Area peut facilement botter le derrière de quelques-uns des membres de ce quatuor select. Et avec cet album du nom de Persona Non Grata, le tout se confirme et cela, avec un aplomb direct.

C’est certain qu’avec le retrait de Slayer du marché des joueurs actifs de l’échiquier métallique, il est facile de confirmer la présence d’Exodus dans le Big Four. Mais quand même, on sait que le groupe n’en a rien à cirer des étiquettes.

J’ai déjà fait deux entrevues avec Gary Holt et en jasant, il m’a toujours fait comprendre que le Big 4 ne se voulait qu’un tag accolé par les journalistes et que tant qu’à y être, on devrait faire un Big 10 mais surtout, un Big Four provenant de l’Allemagne.

En 2021 et avec une fin pour Slayer, on comprend que Holt a été capable de mettre toutes ses billes dans le silo Exodusien. Le focus était sur Exodus, la ligne se voulait précise et avec 12 pièces bien viandées pour cet album, on comprend que la troupe était prête car l’artillerie se veut lourde.

Il faut comprendre qu’il faut être fait solidement pour y aller avec une écoute complète de Persona Non Grata. Pas parce que l’aventure se veut longue avec son chrono de 60 minutes mais c’est plutôt lié au fait que la voix de Steve « Zetro » Souza n’est pas moulée pour toutes les oreilles.

J’en jasais avec mon collègue Maxime qui lui, me confirmait, qu’il était incapable d’endurer une longue écoute face au groupe. De mon côté, étant fan depuis des décennies, je me suis accoutumé au ton criard de Zetro, surtout que depuis quelques années, il a adapté sa gorge, y allant avec quelques feulements bien précis, comme le fait aussi Chuck Billy de Testament.

Les musiciens prennent de l’âge et même le cancer s’est invité à la table du groupe en décidant de s’attaquer au batteur Tom Hunting, mais en écoutant cet album, nous sentons que l’intensité n’a aucunement diminué et que la rage est encore bien présente.

L’album débute avec la pièce titre et le poing tape sur la table avec vigueur. Ce sont des guitares à l’unisson, accompagnées par des percussions vigoureuses, une basse punitive et on englobe le tout avec le cri serpentaire de Zetro. Avec cette chanson, on comprend que c’est ainsi que le thrash doit être présenté et joué en 2021; sans compromis et avec pugnacité.

Slipping Into Madness est une galopade de thrash et elle propose un refrain très massif, ce qui permet de te reposer face au grain de Zetro. Même constat avec Elitist et The Beatings Will Continue (Until Morale Improves) qui se veulent plus punkées dans leur attitude. Coup de massue précis avec Clickbait qui permet au groupe de maximiser en vitesse

Si Holt a passé du temps avec Slayer, il est à se demander si le guitariste avait des compositions en banque pour un prochain album du groupe. Lorsque j’entends Prescribing Horror, j’ai plutôt l’impression que cette ritournelle était destinée pour la troupe de King et Araya. Avec sa poigne plus lourdaude et son attitude plus oppressante, cette pièce a tous les atouts d’une balade en enfer avec Slayer.

Avec The Years of Death and Dying, on peut entendre une entrée en matière plus cadencée avec une basse qui vient rouler amplement mais lors du refrain, on se perd un peu avec l’affolement des voix trop claires à mon goût. À un moment, je me demandais même si ce n’était pas un duo avec Dani Filth. Par contre, les solos sont à point!  

Cosa Del Pantano est une instrumentale plutôt chaleureuse à la guitare acoustique qui se verse dans la suivante, Lunatic Liar God. Sur celle-ci, on peut y entendre de bonnes variations. Le jeu typique de Holt est présent avec des twists très rythmés mais il se laisse aller, vers la partie médiane, avec une partie plus apocalyptique qui permet à Zetro d’y aller avec des intonations plus vociférées, créant une belle balance et un effet de progression plutôt réussi.

Persona Non Grata se termine avec deux pièces de calibre « dévisse ta caboche » avec The Fires of Division et Antiseed. Si la dernière est plus longue à proposer ses véritables intentions, il demeure que pour mettre un terme à un album de la sorte, l’exercice se veut exaltant car l’album débute avec une furie audible et se termine avec ce même type de rage, ce qui est fantastique… pour des messieurs de cet âge!

Disponible le 19 novembre sur Nuclear Blast.

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