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Symbiose entre la lutte professionnelle et le Metal underground au Québec
Le monde du spectacle est un univers à part. L’espace d’un instant, ou de quelques heures, la performance d’une poignée d’individus les élèvent au-delà du commun des mortels, et ses spectateurs ne demandent que de vivre cette incomparable énergie palpable. Que ce soit artistique ou sportif, on aime tous assister à un bon show. Mais dans toutes les familles il y a un mouton noir, trop bruyant et plus provocateur que ses semblables. Ce qui n’empêchera pas néanmoins, voire même assurément aidera leur éventuel succès. Si on observe le monde athlétique, il y a un sport souvent critiqué comme étant arrangé ou ‘’fake’’; la lutte. Du côté artistique, il y a la musique du Diable, le Heavy Metal. Jumeaux séparés à la naissance, ou concours de circonstances?
Essayer de faire un lien entre ces deux univers totalement disparates peut sembler futile, pourtant ils cohabitent en toute logique depuis des décennies. Certaines éditions du festival Heavy Mtl avaient même leur propre ring de lutte. Musique d’entrée lourde ou directement sur la scène? Check, même le légendaire pionnier Chuck Schuldiner de Death, ancien voisin de Scott »Razor Ramone » Hall et grand chumey de Jimmy Hart, a déjà fait une chanson pour Eric Bishoff de la WCW.
Bite Me (Eric Bischoff) – YouTube
Corpsepaint? Sting serait parfait sur une pochette de Black Metal norvégien. Vers de terre? The Boogeyman en a ingurgité tellement que Lord Worm, anciennement de Cryptopsy, a de quoi être jaloux. Des gars aux cheveux longs avec des tattoos? Familier de chaque côté. Des hommes musclés en bobettes? Batinse, la pochette de Anthology de Manowar va nous hanter pour des siècles.
Mais le plus grand dénominateur commun trop souvent omis reste: l’influence du Canada, et plus précisément celle du Québec.
De l’underground québécois au phénomène mondial
Si les arénas sont bondés lors des galas de lutte ou que des tournés de groupes internationaux affichent complet, l’engouement ne date pas d’hier. De notre côté, la transition entre le Rock de la précédente décennie vers les débuts du Thrash et du Power Metal n’était qu’en plein essor, mais le support des fans y était aussi présent qu’aujourd’hui. Si l’arrivé de Hulk Hogan (qui a lui-même récemment proposé l’introduction aux Hall of Fame de la WWE Raymond et Jacques Rougeau, laissant ce dernier gagner devant la foule Montréalaise en 1997) allait frapper avec l’impact du corps du Géant Ferré le monde du sport et du divertissement dans les années 80, celle de Iron Maiden et Metallica (qui sillonnait encore les régions de notre province, notamment à Rimouski et Chicoutimi pour la promotion de Master of Puppets) allait changer à jamais la culture de celui de la musique.
Les Rockstars du ring
WWE: « The Game » ► Triple H 17th Theme Song – YouTube
Bien avant que notre défunt Lemmy de Mötörhead n’interprète l’intro ‘’The Game’’ pour Triple H (de son vrai nom d’origine québécoise Paul Lévesque), que le Torontois Adam ‘’Edge’’ Copeland, aussi acteur dans la série Vikings, n’apparaisse en direct de l’arène avec un t-shirt de Amon Amarth, ou que Chris Jericho de Winnipeg, premier champion indisputé de l’histoire de la WWE, ne soit signé avec le label Century Media avec son groupe Fozzy, un Montréalais allait changer à lui seul le cours de l’histoire. Recruté en 1962 par Joseph Maurice Régis ‘’Mad Dog’’ Vachon (quelques années avant les débuts de Black Sabbath), Pierre Clermont, mieux connu sous le nom de Pat Patterson, fût le tout premier détenteur du titre de Champion Intercontinental en 1979, et créateur du fameux Royal Rumble. Retraité au milieu des années 80, la réputation du vétéran de Ville-Marie lui méritera une place de taille en tant que bras droit du grand patron Vince McMahon. Derrière les coulisses, Patterson jouera aussi le rôle de coach et mentor pour les nouveaux talents, particulièrement auprès d’un jeune Dwayne Johnson, alors surnommé Rocky Maivia, qui éventuellement deviendra The Rock, un des lutteurs les plus connus au monde ainsi qu’un des acteurs Hollywoodien les plus payés de la planète. Tout ça grâce à un p’tit gars de par chez nous. Pas pire, hein?
Le lutteur le plus Metal au Québec
N’ayant pas écouté Raw ou Smackdown depuis des lustres, j’me sentais un peu cheap d’écrire ce genre d’articles, en toute pertinence. Mais avec Wrestlemania qui approche à grand pas, et les Québécois Kevin Owens et Sami Zain qui ont l’opportunité de devenir un des plus grand Tag Team Champions depuis les frères Rougeau, aussi bien en jaser avec un artisan de nos deux scènes. Et pour n’importe qui moindrement familier avec la scène underground Métal ou avec la lutte de notre belle province, Alexandre Leblanc (Fracturus, ex-Neuraxis) est le premier nom a venir en tête. Et le vocaliste Death Metal originaire de la Gaspésie a bien voulu m’aider à répondre à certaines interrogations concernant les similitudes entres ces deux arts…
‘’L’adrénaline, et la performance devant le public’’, souligne l’ancien champion québécois et triple détenteur de la ceinture par équipe de la NCW, alias Alextreme. ‘’Que ce soit sur un stage ou dans un ring, même si on a une idée quoi dire devant l’assistance, tout peut arriver, on jongle avec le moment. C’est rapide, intense, mais aussi théâtral, c’est un gros rush, t’as pas le choix de donner ton 110%! Une pratique de band ça se prépare, mais tu peux pas pratiquer les mouvements d’un adversaire, oui c’est arrangé jusqu’à un certain point, mais il y a beaucoup de place à l’improvisation. ’’
Qu’en est-il de l’impact de ces deux milieux au Québec? ‘’Si on remonte dans les années 60-70, la lutte était autant un événement qu’un match des Canadiens de Montréal, c’était suivi religieusement…’’ relatant la glorieuse époque des Dino Bravo, Yvon Robert, les nains Joseph Wilfred ‘’Little Beaver’’ Lionel Giroux et Marcel ‘’Sky Low Low’’ Gauthier, les frères Joe et Paul Leduc ainsi que l’arbitre Adrien Desbois. ‘’Du côté Metal, qu’est-ce que les Kataklysm, Cryptopsy et Gorguts on en commun? Le Rock Progressif. Même si ce sont des bands dont la sonorité ou la composition n’a rien en commun, c’est une génération a avoir trippé sur cette musique, ce qui a apprit à maitriser leur instruments grâce à Genesis, Rush, Gentle Giants et Pink Floyd (qui fût l’un de leur premiers shows en Amérique du Nord en 71’, à l’époque de l’album ‘’Meddle’’) et qui a défini à jamais notre réputation à l’international. Quand Denis ‘’Piggy’’ D’Amour est arrivé à son local de jam avec ces albums-là dans les débuts de Voivod (tel que mentionné dans le documentaire ‘’Metal, a Headbanger’s Journey’’ de Sam Dunn), ça a laissé une marque à la grandeur de la planète pour des décennies à venir…’’
Et qu’en est-il de la brutalité? Comment peut-on comparer un breakdown de guitares désaccordé à un coup de la corde à linge en pleine gorge? Si plusieurs d’entre nous se rappellent la première fois qu’ils ont vus une pochette de Cannibal Corpse, pour Alex c’est le match entre Mankind vs The Undertaker au Hell in a Cell en juin 1998 qui fût le déclic pour sa passion du cercle carré. ‘’De voir Mick Foley se faire garrocher en bas d’une cage d’acier de plus de 16 pieds de haut sur la table des annonceurs, la face ensanglantée avec une dent brisée qui passe au travers de sa gencive et de son nez, avant de retourner en haut et passer au travers de la grille par ‘Taker, j’ai tout de suite su que je voulait faire partie de ce milieux!!’’ Un des moment les plus historiques de la lutte professionnelle qui restera à jamais un des plus violent et sanglant présenté en direct à la télévision. Fucking brutal.
Conclusion…?
Est-ce que la lutte c’est Métal? Un concert de musique lourde peut-il générer autant d’endorphines qu’un spectacle de prouesses physiques volontairement violentes pour le plaisir de son propre public? J’aimerais répondre un ‘’oui’’ aisément possible, mais en posant la question, je semble simplement flatter la surface de deux milieux conjointement complexes et au summum de leur propre évolution. Pour approfondir le sujet, il y a matière à pondre d’autres articles et récolter plus de témoignages lors d’évènements, comme un rappel d’une tête d’affiche ou un match retour de championnat, le meilleur reste à venir.
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En passant, un énorme merci à Alex Leblanc pour la ‘’petite’’ jasette, qui lance un véritable powerbomb avec son nouvel album ‘’Versus the Void’’ ce samedi 25 mars au Petit Campus à Montréal et qui est finaliste pour le Wacken Battle Canada le 21 avril prochain!! And that’s the bottomline, ‘cause De Rosby said so!!