Dans quatre mois, je vais fêter mon cinquantième anniversaire. 50 chandelles sur mon gâteau, ce qui veut dire que j’aurai droit à ma carte de la FADOQ. Pour ceux qui se le demandent, c’est la Fédération de l’âge d’or du Québec. C’est là où je suis rendu, c’est vers ce nombre majestueux que je me dirige. Malgré les rabais offerts pour les gens de l’âge d’or, je ne me sens pas comme une personne âgée pour autant car, comme on le dit, l’âge… c’est dans la tête après tout! J’ai encore l’énergie nécessaire pour m’activer, l’insignifiance de l’adolescence et une soif culturelle mais surtout, métallique!

Comme je le disais dans mon billet précédent face au concert de Goatwhore, je profite toujours des évènements plus obscurs et à ce spectacle ténébreux, il s’y trouvait un contingent plutôt âgé. Des gens comme moi, des gens comme toi aussi. Peut-être? Face à tout ce qui se passe au niveau métallique, je sens encore ce besoin vital de me rendre dans des salles, des bars, des arénas et des théâtres pour participer à de véritables communions métalloïdes. Lorsque je passe une semaine sans aller voir de spectacle, je sens le manque, ça me ronge l’intérieur et ça joue sur mon humeur.

Car j’ai l’habitude de participer à des concerts et ce, depuis une trentaine d’années et malgré la cinquantaine, je me dois de le faire… encore et encore!

Est-ce que je me rends encore dans le pit pour me faire brasser comme si je n’étais qu’une vulgaire chaussette à l’intérieur de la machine à laver? Eh boy, oh que non. La dernière fois où je me suis permis de me faire brasser solidement, c’était lors de la visite de Nuclear Assault aux Foufounes, lors du Quebec Deathfest, en 2019.

Si vous êtes rapide en calcul, vous comprenez que cela fait 5 ans. Et j’en ai vécu les répercussions et ce, solidement. Épaules endolories, sentiments d’étirement au bas du cou et les cuisses qui me tiraient comme si j’avais fait 500 squats, même l’Antiphlogistine n’avait aucune efficacité.

C’était donc d’une évidence même : Tiens-toi loin du pit, mon pit!

Parfois, je lis des commentaires sur certains groupes métalliques Facebook face à ceux qui se tiennent loin des pits lors des concerts. En général, ce qui est inscrit, surtout par de jeunes hommes métalliques en pleine forme, se résume au fait que TU dois être dans le pit!

Sinon, reste chez vous!

De mon bord, je trouve ce constat un brin sévère pour des bonshommes de mon groupe d’âge et aussi, de mon gabarit parce que je suis un petit cornet, après tout. Je dois avouer que lorsque je vais voir des concerts, j’aime bien me tenir près de la console, aux Foufounes Électriques ou au Piranha, tout en sirotant une bière.

Oui, je vous vois vous heurter, vous entrechoquer les uns dans les autres et croyez-moi que je jette un regard nostalgique face à votre fougue. Lorsque je suis sur le parterre et qu’un Wall of Death est annoncé, je me tasse de là mais sans hâte, question de ne pas passer pour un peureux. Un peu plus loin, je peux vous regarder avec une mélancolie évidente.

Oui, je pourrais y aller mais j’en aurais pour quelques jours avant de ne plus en ressentir la douleur, étant donné que les points liés aux courbatures seraient aussi présents que les cônes oranges dans les rues montréalaises.  

Comme je vous le dis, j’ai déjà donné au mosh pit et ce amplement. Un peu comme Agecanonix, le doyen du village dans les bandes dessinées d’Astérix, lorsqu’il dit : « J’ai fait Gergovie, moi môssieur! » eh bien les gens de ma génération peuvent dire, à la jeunesse fougueuse métallique québécoise : « J’ai fait Slayer à l’Auditorium de Verdun, moi môssieur! »

Si vous croyez avoir vécu la guerre dans un mosh pit pendant Archspire ou être sorti indemne du Wall of Death de Lorna Shore, rien ne se comparait à la fosse déployée lors du concert de Slayer, lors de la tournée de Seasons in the Abyss. Les coudes étaient hauts et ceux qui faisaient du body surfing portaient des bottes d’armée, achetées au Surplus d’Armée et bien souvent, elles possédaient des caps d’acier.

De nombreux nez ont été abimés, des lunettes perdues et des dents cassées qui se retrouvaient sur le plancher de l’Auditorium. Même chose lors de la présence de Pantera (version des années ’90) où le stage diving était permis.

Donc, quand j’ai envie de me tenir, ben pépère à la console pendant le concert de Cattle Decapitation au Beanfield, je crois avoir mérité mes galons, ma médaille d’honneur. Donc, ma place, près de la console, avec mes lunettes parce que je ne vois plus de loin, elle a été gagnée. Ne nous jugez pas, vous jeunes loups adeptes du mosh pit car nous avons tracé ce chemin de garnottes et nos coudes meurtris vous tendent le flambeau!  

Veni, vidi, vici, estie… Je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu!

J’ai encore cette envie plutôt ardente d’aller voir des formations death métalliques comme Frozen Soul, Vomit Forth, Nails, Fulci, Tomb Mold ou 200 Stab Wounds se défoncer sur une scène… mais bien tranquille, en sirotant une bière, vers le fond de la salle!   

Et qui sait, peut-être qu’un jour, la carte de la FADOQ donnera un escompte sur des billets de chez Extensive Enterprise plutôt que des rabais sur l’Ensure chez Jean-Coutu, le mardi…