Dans la vie d’un scribe métallique, il faut savoir sauter sur les occasions qui se présentent. Surtout lorsqu’il s’agit des entrevues. La norme se veut maintenant de les faire par Zoom, comme lorsque tu fais du télétravail. Je dois avouer que pour avoir enseigner en mode Zoom pendant la pandémie, cette façon de faire me laisse plutôt froid mais quand l’artiste est en Norvège pour promouvoir son nouvel album, je me plie à cette façon de faire. Avec Dissimulator, le groupe est de Montréal. Il ne suffisait que de se trouver une date pour se rencontrer et hop, j’avais les trois membres pour faire la jasette. En plus, nous avons convenu de le faire dans le tout nouveau décor de la microbrasserie Dieu du Ciel. Vous savez, quand tout est en place pour que ça fonctionne! Discussion avec Dissimulator.
Voici l’essentiel de cet entretien et le code alphanumérique pour bien suivre cette discussion // C : Claude Leduc (voix et guitare) P : Philippe Boucher (percussions) et A : Antoine Daigneault (basse). Notez que tout est présent dans cette discussion, comme les interventions pour le service et les rires collectifs. Sachez que la présence d’une canette de bière est fortement recommandée pour la lecture de ce long entretien.
Claude Leduc était sur place pour m’accueillir, suivi par Philippe Boucher qui est arrivé quelques minutes plus tard et finalement, Antoine Daigneault. Même si ce dernier habite près de ce débit de boisson, il est le dernier à prendre place autour de la table. Les premiers verres de Péché Mortel ainsi que la pinte de Dent de Requin sont sur la coquette table du Dieu du Ciel. Deux hamburgers se faufilent aussi. Philippe ne semble pas friand de cornichons, qu’il envoie directement dans l’assiette de Claude. Un cheers collectif est donné, j’active l’enregistrement sur mon cellulaire.
Ce qui m’intrigue dans tout ce qui se passe vis-à-vis ce premier album de Dissimulator, c’est qu’en regardant la feuille de route de chacun des membres du groupe, vous avez toujours participé à des produits de qualité. Par contre, vos groupes demeurent sous le radar au Québec. Ça ne poppe jamais ici, sauf avec quelques personnes. L’amateur de metal commun regarde les références classiques comme Despised Icon, Kataklysm, Cryptopsy et Voïvod. Si on regarde Chthe’ilist ou Atramentus, c’est encensé par la presse métallique spécialisée, avec Decibel par exemple. Tout ça, c’est en dehors du Québec. Ici, ça ne jase pas beaucoup de vos produits. Comment ça se fait?
C : Je pense qu’il y a plusieurs facteurs. Cela en dit long sur la nature de la scène, versus il y a 20 ans. Quand j’avais 16 ans, je tripais Augury, Neuraxis et Martyr. Ces bands locaux, ils semblaient avoir une certaine solidarité. C’étaient des gars qui faisaient le party ensemble et ça remplissait le Medley. Aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Il y a trois shows par semaine et le monde n’a pas plus d’argent. Probablement qu’ils en ont moins. Il y a des facteurs socio-économiques par rapport à la spécificité du Québec là-dedans. Mais la scène est beaucoup plus diversifiée qu’avant. C’est de surface, très superficiel mais pas à négliger. Aussi, quand des groupes de l’extérieur viennent ici et il y a un genre de hype autour d’eux, c’est plus difficile de réunir des gens pour un show local, quelques jours après. Est-ce qu’on est trop gâté?
Hahhhahha! (Collectif)
C : Des groupes au Québec, il y en a de plus en plus. Il en sort tellement! Au prorata, c’est assez impressionnant.
A: Et de très bons aussi!
C : Impulsivement, c’est ça que ça évoque, pour moi.
Je regarde aussi vos feuilles de route, les groupes avec lesquels vous jouez, vous ne vous retrouvez jamais en ouverture de telle formation, même si Extensive Enterprise laisse de la place aux groupes locaux. Vous n’avez jamais utilisé les concours comme En Route vers Heavy Montréal. Vous ne jouez pas souvent sur scène mais en même temps, cela créé une aura de mystère face à Chthe’ilist, Atramentus et Dissimulator.
A: On a quand même fait un show, à date! Hahahha!
Est-ce que vous êtes à l’aise avec ce côté, disons : mystérieux!
A : C’est tôt encore pour le dire. Je ne le sais pas…
C : On a quand même un parti pris. J’aime garder un rapport avec l’album. C’est certain que notre drummer aimerait proposer un playthrough pour chaque chanson avec la plus haute production possible! Tsé, on l’appelle Hollywood! Hahahhaha! C’est facile aujourd’hui de se dissocier de tout ça. J’aime garder un rapport avec le fait que c’est un album qu’on propose.
Donc, vous êtes des gars d’albums?
C : Oui, on ne commencera pas à faire des singles, même si certains pensent de même et que c’est ce qu’il faut faire aujourd’hui. Ce n’est pas comme Ola Englund (NDLR : guitariste et influenceur sur le web) qui pense que le format qu’est un album est mort. Mais y’a quand même raison.
P : Mais ça dépend de quelle scène aussi. C’est un sujet particulier, on ne peut pas généraliser avec ça.
A : On est à l’abri ce ça, je pense bien. On n’est pas dans c’te scène-là. On n’est pas reconnu pour en faire partie pis on n’en fera probablement jamais partie.
P : Et c’est correct, car ça représente nos valeurs. Tsé, Dissimulator, c’est un band de chums. C’est Claude, dans le temps, qui nous disait qu’il voulait monter un band plus thrash, plus simple.
A : Pour avoir du fun.
P : Sans blastbeat, sans double bass-drums, sans 250 bpm. Finalement, ça rentre pareil! Hahhaha!
A : Y’a plein de gens qui me disent : « Aie, c’est bon, c’est complexe! C’est technique! » Mais à la base, Claude, ton idée c’était pas ça pantoute. C’était le contraire, c’était de « dumb down ».
C : Oui, mais il y a une continuité à ça! Je voulais que ce soit straight forward thrash. J’ai commencé à écrire des tounes, j’ai commencé à manquer de gaz. Il fallait toujours que ça s’en aille ailleurs. Je n’y crois pas vraiment. J’avais même faite la joke : « Ça peut bin être mort le thrash! » Finalement, ça respire comme ça. Tsé, la première track que je vous ai envoyée, vous avez dit que c’était très bon… mais pas très thrash par contre!
Ma première question devait être au sujet de la genèse de Dissimulator.
P : C’est l’idée de Claude, à la base. Au début…
C : C’était pendant la pandémie, j’avais déjà mon band, Sutrah. Ça me gardait occupé musicalement, pendant un bout. Pis j’ai eu envie d’autre chose. Ça faisait un bout qu’on voulait essayer de monter un autre band, ensemble.
P : On est des fans de Mastodon, on voulait essayer de faire quelque chose dans cette optique-là.
C : Finalement, j’ai dit aux gars que j’avais une idée, un petit side project thrash. Dans ma tête, je me suis dit qu’on allait faire un démo, rien de plus compliqué. Genre, trois tounes : ça allait être ça! J’avais pas d’ambition face au projet.
P : Je ne le savais même pas, ça! Je l’apprends, là!
C : Dès le début, j’avais les deux gars en tête. J’avais Antoine, cet être encyclopédique du old-school. Ça sert!
P : Pis moi, je tape! Hahahhaa! Je me rappelle, c’était une journée piscine, chez les parents de ma blonde. Tu nous avais parlé de ça. Avant mes 30 ans. En tout cas, en costume de bain pis toute, on jasait de ça.
Les meilleures idées arrivent, en costume de bain!
A : Je ne peux pas te dire c’est quand la première fois que tu m’en as parlé. Je pense que c’était quand vous jammiez tous les deux, avant les jams de Chthe’ilist. Vous jammiez des riffs, je vous disais : « C’est chill! »
P : Oui, c’est vrai!
Donc, pendant la pandémie?
C : Après, mais la genèse était déjà là.
A : Tu m’as envoyé Warped, pendant la pandémie.
C : Oui, et après Mainframe. Quand on a fait le démo, on avait deux ou trois tounes de plus.
A : Neural Hack était faite. Ensuite, c’était une après l’autre. Claude arrivait : « Tiens, en voilà une autre! Pis une autre! »
C : J’ai encore un album complet de stock.
A : Y’est pas arrêtable!
Le nom Dissimulator, ça vient d’où?
C : De mon frère!
A : Bin voyons!
P : Coudonc, on apprend des affaires à soir!
Interruption pour une commande de Péché Mortel. Philippe y va pour la Bourbon 2022, en bouteille. Un choix fantastique pour cet amateur de produits surfins. Les deux hamburgers sont pratiquement achevés, les verres et la pinte, pratiquement vidés.
C : Le nom Dissimulator, il y a une raison derrière ça. Ça été justifié par après. Au début, c’était dans le sens que le nom est science-fiction, c’était thrash et ça se termine par TOR.
Pour Kreator, Annihilator?
C : Ouais, un peu. J’avais déjà un nom en tête, que je ne vais pas donner car ça va peut-être devenir une toune, sur un album futur.
P : Dis-le!
Enweye, on est juste entre nous autres!
C : C’était Wintermute mais tu (envers Antoine) m’avais dit que c’était trop power metal.
P : Je me souviens qu’on avait eu une discussion et que tu en avais lancé une couple.
Arrivée de la Péché Mortel. La demoiselle au service la laisse couler, la robe est onctueuse. Un véritable régal pour les yeux. Philippe se frotte les mains et se pourlèche les babines. Claude et Antoine se demandent s’ils vont suivre la même cadence.
Employée du Dieu du Ciel : La bourbon? Et voilà, what a service!
P : Yes!!! Merci!
A : Finalement, c’est un bon p’tit mardi soir, ça!
Moi, je vais prendre une Talus Bonus!
Employée du Dieu du Ciel : En pinte?
Oui, bien sûr!
C : Wintermute, c’est le nom d’une intelligence artificielle dans le livre de William Gibson, Neuromancer. Beaucoup d’inspirations thématiques proviennent de cette série de livres, l’univers cyberpunk années ’80 et ‘90. Je parlais de ça à mon frère, et je lui ai dit qu’Antoine trouvait ça trop heavy metal et que j’étais assez d’accord avec lui. Il m’a dit qu’il fallait que j’y aille avec un nom qui sonnait plus machine, robotique, système. Comme Dissimulation. Donc, avec la terminaison TOR, c’est devenu Dissimulator. Je niaisais avec lui mais finalement, le nom a juste comme collé. Je disais ça aux autres gars pis ils me disaient : « Ouais, ça sonne bien! »
Le nom de l’album, Lower Form Resistance, je me disais que cela faisait Fear Factory. L’utilisation de trois mots en plus de la pochette qui fait un peu collage pour souligner le style robotique. Est-ce ça ou bien je suis dans les patates, totalement?
C : C’est ouvert à l’interprétation.
A : Moi, je la trouve cool la pochette. Y’a quelques personnes qui se demandaient si c’était de l’industriel. Ça laisse place à l’interprétation.
Arrivée de la pinte et d’un espèce de bol de frites plutôt affriolant. Le mélange d’odeurs de friture et de la Talus Bonus se veut exquis mais la discussion continue.
A : Tu peux te demander aussi si c’est thrashy, le logo n’est pas là. Y’a rien comme information. Le logo peut te vendre le produit mais la pochette le fait amplement. La pochette est dark, c’est heavy. La pochette est heavy? Ouin, un peu.
C’est un visage féminin et vous avez ajouté des morceaux de moteur et des câbles?
A : Non, c’est une image qui existait déjà, c’est un artiste qui a fait ça. Jesse Draxler.
C : C’est moi qui avais accroché dessus, sur cette image. En fin de compte, j’avais accroché sur une image qui venait de la même série mais pas aussi hot que celle-là. En gossant, en cherchant à communiquer avec l’artiste, ç’a failli ne pas fonctionner à cause des délais.
Il y avait des droits d’utilisation à payer à l’artiste?
C : C’était de savoir si la licence d’utilisation était disponible. On lui a dit : « On a tel montant à investir pour une pochette et on veut vraiment travailler avec ton œuvre! » À la base, je voulais quelque chose de « photographié ». Avec du montage ou collage. Je dois avouer que j’ai regardé pour d’autres affaires, d’autres artistes comme avec Dan Seagrave. Des anciens trucs, j’étais pas sûr… Mais non, c’est tellement…
A : C’est parce qu’il y en a tellement qui font ça. Le style Dan Seagrave est parfait mais il y en a beaucoup. C’est comme pareil. Ou du CGI cheap, non… Et dans le brutal death, c’est très CGI mais tout est pareil. Quand tu vois passer la pochette de Dissimulator dans un montage, tu sais tout de suite que c’est ça!
Arrivée d’une autre bière. Cheers collectif et la discussion reprend de plus belle. Le fil de discussion demeure respecté.
Tu mets le vinyle de Dissimulator, racké en haut de section au magasin 33 Tours, et il ressort du lot. C’est certain! Maintenant, la photo de presse avec la canette de IPA du Nord-Est.
P : C’est dans un parc à Longueuil.
Mais l’autre photo qui vient avec le dossier de presse, c’est celle qui se veut mystérieuse. Tout est en noir et rouge. On ne voit pas vos visages, que des ombres. C’est cybernétique et audacieux. Parlez-moi du processus artistique pour celle-là!
P : Hahhaha! On était en Tasmanie, avec Chthe’ilist. On faisait un gros festival là-bas qui s’appelle le Dark Mofo. Un festival qui se voulait incroyable, on ne s’attendait pas à ça. C’était une maudite belle semaine, honnêtement! On a visité un musée, un peu douteux. La sœur d’Antoine était là. Il y avait une descente d’escaliers et on trouvait ça intéressant, l’effet de lumière à cette place. On s’est dit qu’on allait juste passer la barrière, prendre une photo à cet endroit et c’est tout. De peine et de misère, on a pris la photo. Je trouvais qu’il y avait un petit quelque chose. Comme tu le disais, y’avait ben du rouge.
A: La composition de la lumière était comme ça, on n’a rien touché. On a juste eu à noircir. Ça fittait, c’était vraiment hot.
P : Quand on a pris la photo, on s’est dit : « On verra bien ce que ça donne! » En fin de compte, c’était parfait. On n’a pas eu à reprendre de photos. Mais celle du musée, on voulait quelque chose de plus dark. On a décidé de l’utiliser. Celle dans le parc avec la bière, c’est correct. C’est thrash, avec une canette de bière. C’est le début du projet, ce ne sera qu’un démo ou un EP. Faut que ça fasse thrash! On a pris une couple de photos avec de la bière, on se fait des cheers. Je me disais que ça prenait au moins une photo dans ce genre-là, avec de la bière.
C : Celle du démo?
P : Oui, en shorts avec du soleil!
C : L’inspiration était le derrière de la pochette d’Unquestionable Presence d’Atheist. Sont tous dans la verdure, dans le gazon avec le ciel bleu. Kelly Schaefer accoté… Il manque juste la serviette de plage.
P : Fallait ajouter une petite touche québécoise, ça prenait un produit du Québec fait que la canette d’IPA du Nord-Est est là.
Qu’est-ce qui amène le contrat ou du moins l’entente, avec 20 Buck Spin?
A : Une entente… Y’a même pas de contrat… C’est une entente verbale. Par courriel. Pour deux albums.
C : Honnêtement, moi j’adore travailler avec Dave Adelson, le propriétaire du label. Ses communications sont précises et rapides. Il m’a toujours répondu en dedans de douze heures.
A : Son label marche super bien. C’est un gars vraiment cool, on est très chanceux.
C : Je ne peux pas entrer dans les détails mais j’ai déjà lu une entrevue avec lui, je crois que c’était l’année passée. J’aimais vraiment son attitude et sa vision face à la scène.
A : C’est un type discret, il n’est pas très réseaux sociaux. Je lui ai déjà parlé un peu.
Il n’y a pas beaucoup de groupes sur ce label. Je ne dirais pas que c’est élitiste, je dirais plus que c’est épuré. J’ai le feeling que Dave Adelson signe uniquement ce qu’il aime sans vouloir plaire à la masse. Il veut garder une ligne directrice avec son label. De se retrouver avec 20 Buck Spin, c’est probablement un grand sentiment de satisfaction?
C : C’était le label que l’on avait en tête, dès le début.
A : On avait déjà un truc sorti avec eux, pour Atramentus. Ç’a aidé. Atramentus, ç’a super bien marché.
C : C’est surprenant, je ne comprends pas! Du funeral doom, et c’est ce qui a pogné le plus? Hahhha!
A : C’était la porte d’entrée, pour nous. Moi, j’ai un autre release avec eux, mais c’est un secret!
P : C’est ton album solo? Hahhahha!
C : Tu me le diras, je vais le leaker sur internet!
Ça vous est arrivé, il y a de cela, deux semaines, c’est bien ça?
C : Oui, c’est ce qui est arrivé. Le gars a laissé ça mais avec toutes ses informations.
A : Une semaine avant, c’est pas si pire. Mais deux…
Mais avec tous vos projets, à quel niveau de priorité se retrouve Dissimulator?
P : Pour Incandescence, c’est plus un projet. Je m’occupe de l’instrumental, Louis-Paul de la voix. Pour les paroles, on fait ça ensemble. Il ne faut jamais dire jamais, mais à date, ça demeure un projet. Du studio, des shows locaux. Si une offre de l’extérieur se présente, c’est certain qu’on va la considérer. C’est ma priorité à moi parce que c’est le seul band dans lequel je compose. Je fais ça quand je veux, quand je peux. J’y vais à mon rythme mais je suis tout le temps en train d’écrire. Là, je vais parler pour moi mais chacun de mes bands, j’ai comme un spot dans l’année. Y’a pas si longtemps, c’était Beyond Creation ma priorité. Pour les autres bands? Toute prenait le bord! Je partais en tournée avec eux, je manquais des shows de Chthe’ilist, Incandescence. De belles offres. Depuis la pandémie, j’ai décidé de faire un genre de mix. D’être capable de jongler avec mes autres projets qui demeurent aussi importants.
C : Spread the love!
P : J’aime tellement la musique, je ne veux pas me concentrer juste sur un band!
C : Moi, en ce moment, je suis moins structuré que Phil. J’y vais plus avec mes inspirations. Dissimulator, c’est prioritaire pour moi. Mon mindset est là-dedans. C’est un peu ça, les affaires que je fais à l’école aussi, non seulement musicalement mais thématiquement aussi. Par rapport au truc de la science-fiction, à la politique en arrière. Ça fait du gros projet qu’est Dissimulator. C’est ça que j’étudie à l’école, les sciences sociales! J’ai la tête là-dedans, carrément! Depuis que c’est parti, c’est Dissimulator parce qu’avant, c’était Sutrah, en ce qui concerne la composition.
Commande d’une autre bière, la Déesse Nocturne. Reste à savoir si ce sera en verre ou en pinte. Tels des êtres cybernétiques, nous débordons de précision. Nous savions où nous en étions et nous reprenons… là où nous en étions!
C : Donc, avec Sutrah! Depuis la pandémie, je peux dire que j’ai pratiquement fini le prochain release, quasiment. Je ne peux même pas dire si je peux introduire d’autres membres dans le band. Il reste le fil conducteur qui est Chthe’ilist. C’est avec ce groupe qu’on a pu se rencontrer.
A : C’est encore un band actif. Il y a des choses qui s’en viennent.
C : Dissimulator est donc ma priorité mais Chthe’ilist, en ce qui concerne le touring, c’est plus actif. Pour l’instant!
A : Moi, de mon bord, je regarde ce qui se passe. Qu’est-ce qui se présente au niveau touring, recording. C’est tout le temps de même, un à la fois! Quelle sera ma priorité, je checke! En ce moment, c’est Worm. Je pars avec Worm dans deux semaines pour le Decibel Tour. Mais, il y a un astérisque parce que je suis session sur Worm. Ce n’est pas mon band. J’ai bien du plaisir avec eux mais ça reste que je n’enregistre pas avec eux, on ne pratique pas ensemble parce qu’on est tous séparés. C’est moins demandant.
Vous êtes deux au Québec et deux aux États-Unis?
A : Deux ou trois du Québec. Y’a Guyot, qui a déjà joué avec Chthe’ilist, qui est avec nous, des fois. Là, il n’y est pas. Le line-up change, mais c’est deux gars Worm. Tout tourne autour de deux membres. Cette fois-ci, c’est moi qui est là, pis c’est ben le fun même si je ne suis pas des recordings et le studio. Oui, ça allège le fardeau, sinon c’est Dissimulator et Chthe’ilist. Y’a un autre projet mais comme je disais, je ne peux pas en parler! Ça s’en vient, je ne suis pas stressé. Une chose à la fois.
C : C’est du darkwave et tu joues de la flûte de pan?
Hahhhahha! (Collectif)
A : C’est du epic doom! Epic power doom! On l’a annoncé, le projet est entamé, c’est commencé. C’est moi et Phil Tougas. Et Guyot, justement. Il est encore trop tôt, dans le processus de création, pour dire quel est le nom de l’album ou de donner le nommer du band, même.
Comme du Crypt Sermon?
A : Grosse inspiration de Crypt Sermon.
Si on retombe à l’album. La chanson titre, Lower Form Resistance. L’utilisation de la voix claire, c’est surprenant car le tout arrive à la toute fin de l’album. Qu’est-ce qui s’est passé pour y aller avec cette touche, surprenante?
C : Ça me tentait! J’étais pas sûr, au début, en plus! J’ai hésité jusqu’à la dernière seconde. Dans ma tête, c’était supposé d’être une instrumentale mais j’entendais l’harmonie que la voix, fait. J’hésitais face au fait de faire l’harmonie sur la guitare de façon très atmosphérique ou de la chanter. J’hésitais puis j’ai eu une inspiration au niveau de la thématique, pour des paroles. Ça fait que j’ai lié tout ça avec le side B du vinyle, si tu veux. C’est là que j’ai décidé de le faire avec du vocal. De 1, c’était moins un casse-tête en terme de trouver le ton approprié. Autant que cela surprend, je pense que ça aurait surpris encore plus de la laisser instrumentale avec une guitare atmosphérique, avec ben du delay et du reverb. Comme je le disais tantôt, je suis bien fan de Mastodon.
A: C’est le riff Opeth/Mastodon.
C: Comment je l’appelais déjà, le MastOpethdon? J’ai ben des noms de riffs de même, avec des surnoms. On a tous ça en commun, dans nos transcriptions! On met des jokes.
A : Des noms de code.
C : Dans Chthe’ilist, dans Voices, la notation qu’on avait c’était pas « Riff de Plaxmol »?
P : Ou « Lava Riff » mais moi je n’ai pas ce plaisir-là, parce que je tape aux drums!
Hahhhahha! (Collectif)
Maintenant, Automoil & Robotoil. Moi, sur le coup, je pensais au film d’animation Robots avec le personnage de Big Weld, avec les robots désuets qui ont besoin de se faire renipper un brin. Je pense que j’ai trop accroché sur la terminaison OIL.
C : Hein, attends un peu : robotOIL? Je ne m’attendais pas à ça! Ce serait plus Robo Toil et Auto Moil. C’est un jeu de mots parce que MOIL et TOIL, ce sont deux synonymes, en anglais, pour parler d’un travail fastidieux, du travail laborieux. En gros, cette chanson, c’est une critique de.. de la job de marde!
Hahhhahha! (Collectif)
P : Ça, c’est très québécois!
C : Ok d’abord, c’est au sujet de l’exploitation de l’Humain dans des tâches industrielles, à répétition!
J’étais rendu loin dans mon analyse. Je pensais à une société de robots où l’Humain est au service de la Machine, avec un grand M et que les robots se battent pour le contrôle de l’huile.
C : C’est la métaphore. Le substrat de tout ça, c’est une critique face à l’exploitation.
La pièce Warped, ça torche en gériboire. À la base, tu voulais un projet thrash mais avec celle-là, c’est ailleurs. C’est rapide!
C : Et ironiquement, c’est la première chanson que j’ai montée pour Dissimulator et envoyée.
P : Je t’ai dit : « C’est pas ça que tu m’avais parlé! » Hahhaha! Moi, j’étais content. Je me disais que c’était tout un challenge.
C : Phil me dit : « Il va y avoir de la double » et Antoine me dit, que c’est pas du thrash!
Hahhhahha! (Collectif)
A : Il y a beaucoup d’affaires, c’est assez challengeant.
C : C’est comme si Kelly Schaefer d’Atheist essayait de faire des riffs de Metallica.
Justement, dans mon analyse de l’album, j’avais inscrit Atheist comme influence. Ce n’était pas un nom qui se retrouvait dans le dossier de presse, parce que je les lis aussi.
A : On ne peut pas toutes les écrire, y’en aurait trop.
C : Des fois, je lis « influence de tels groupes » ou quelqu’un me dit que ça sonne comme tel groupe. Mais là, je me dis : « Ah ouais, je connais même pas ça ce groupe-là! » Ensuite, j’écoute le band et je me dis « Coudonc, c’est ben bon ça! » C’est comme une influence en rétroaction!
Hahhhahha! (Collectif)
C : Le riff plus lent, dans Neural Hack, c’est très Demolition Hammer.
Là, jusqu’à maintenant, vous avez un show derrière la cravate. C’était au Turbo Haus. Est-ce qu’il y a quelque chose d’autre qui s’y vient? Est-ce que vous avez le potentiel de faire un lancement d’album, même si l’album est déjà sorti?
P : C’est en chemin, y’a quelque chose qui se prépare. On ne peut pas trop donner de détails.
A : Mais tout sera annoncé. Y’a un show qui s’en vient!
C : On aimerait ça en avril, un lancement « en retard » si on veut. C’était très difficile de trouver du monde, d’autres groupes, pour jouer avec nous. Personne n’était disponible. Ce n’est pas que nous ne voulons pas le dire, c’est plutôt qu’on le sait même pas qui va jouer sur le lancement!
Hahhhahha! (Collectif)
J’imagine que ce sera dans un bar?
C : Oui, pas au Turbo Haus.
A : Ce sera au Piranha. Deux ou trois groupes, pas plus.
C : Dissimulator sera en tête d’affiche si on ne trouve pas un groupe plus gros que le nôtre! On voulait se retrouver comme support direct d’un plus gros nom.
A : Tsé, headliner… à ton deuxième show…
C : Ça, c’est l’affaire qui me gêne un peu.
Oui, mais pour un lancement d’album, tu peux te le permettre!
A : Au moins, on aura les albums sous la main!
P : De jouer, mettons, là? On n’aurait rien à vendre, pas de merch, rien.
A : Tsé, tout ça arrive vite. Pis je pars un mois avec Worm aux États…
L’affiche du Decibel Tour de cette année, on retombe vers la base.
A : Ils voulaient faire ça plus petit. C’est le premier après la pandémie.
P : Ah ouais? Aie, la première tournée que j’ai faite, c’était le Decibel Tour avec nous autres (NDLR : Beyond Creation), Immolation, Napalm Death et Cannibal Corpse. En 2013!
Mais il n’y a pas de date à Montréal, même pas au Canada. Est-ce qu’il y a une raison?
C : Personne ne passe aux douanes?
Hahhhahha! (Collectif)
A : Ça se pourrait…
C’est qui qui ne passe pas les douanes?
A : Ah, ça je ne le dirai pas!
Hahhhahha! (Collectif)
A : C’est pas moi en tout cas!
C’est sûrement pas les gars de Devil Master, ils sont venus il y a un mois et demi.
A : Pour moi, y’est cool le line-up. C’est le fun de laisser la chance à de plus petits bands. Le nom Decibel Tour reste un gros nom. Moi, c’est ma première tournée à vie.
As-tu joué avec Worm au Decibel Beer Fest?
A : Oui. C’était le pire show que j’ai fait de ma vie.
Trop en état d’ébriété?
A : Non, je ne bois jamais avant un show.
P : Pire chose à faire de boire avant.
A : Tu peux pas être chaud avec Worm. Quand ça part, faut que tu sois là. Non, il y a tellement eu de problèmes techniques. Ça n’allait tellement pas bien.
Je connais des gens qui y étaient. Ils ont dit qu’ils étaient trop chauds pour se souvenir de problèmes.
A : Ah, pis on a joué tôt!
Hahhhahha! (Collectif)
A : On avait un ordinateur avec le click. Ça complètement fucké! Ce sont les joies de la technologie!
P : Avec Chthe’ilist, le click s’est débranché à Trois-Rivières. Il s’est juste débranché de lui-même. J’ai juste continué, vous vous en n’êtes jamais rendus compte!
Hahhhahha! (Collectif)
A : Dans quelle toune?
P : « Les Floridiens », c’était ça? Je ne sais même plus les noms de nos tounes… Je sais juste les noms de code!
C : Pendant un bout de temps, on jammait juste moi et les deux Phil. La toune s’appelait Scriptures of the Typhlodians. Phil, il l’appelait Les Floridiens pis moi, à un moment donné, je me suis mis à l’appeler Les Snowbirds!
P : Les titres de tounes avec Chthe’ilist sont tellement longs! Pas le choix d’avoir des codes.
Quand tu fais ta feuille de setlist pour la scène, impossible de mettre ça en police MicrosoftWord, taille 42!
Hahhhahha! (Collectif)
Quand on y repense, Dissimulator est probablement votre projet qui a le plus de potentiel de se retrouver avec un Nuclear Blast, Season of Mist ou même Century Media.
A : Absolument!
P : Je ne dis pas ça venant de moi mais je me suis fait dire ça, depuis que l’album est disponible. Dans le sens que l’on risque d’avoir des opportunités, de plus! Notre motivation, c’est de faire de la musique. Pas de remplir des grosses salles.
C : Avant, je travaillais dans un magasin de musique. Quand j’étais plus jeune, au Italmélodie. J’en ai connu du monde, des collègues, qui jouaient avec The Agonist. Même un qui a joué avec Scars on Broadway et qui connaissait les gars de System of a Down. Quand ils revenaient de tournée, ils revenaient vendre des guitares au magasin. Ils avaient leur style « Hollywood » mais il n’y avait pas le reste qui suivait. Tsé, dans le metal, c’est soit que tu es en haut ou sinon, tu vis modestement.
A: Ce n’est pas facile, il y a tellement de compétition. C’est tellement gros, il y a une mer de bands! Est-ce que ce release de Dissimulator va popper plus qu’un autre?
P : Qu’est-ce qu’on faisait au début de Dissimulator? Claude venait chez nous. J’ai mon drum électronique chez nous, il me montrait des riffs et on montait ça à deux. On prenait une couple de bières, toute la journée. On avait du fun! Après, on allait prendre d’autres bières en jouant à Mario Party! C’est ça un band. Ce n’est pas juste de t’enfermer dans un local pis que tu capotes parce qu’il faut être ceci, il faut être ça. Il faut sortir ceci, il faut être rendu là.
L’employée vient nous expliquer qu’à 22h00, l’électricité sera coupée, que le système de caisses risque de planter. Nous sommes à nous demander si elle nous demande de penser à quitter ou tout simplement, si elle veut que nous pensions à commander autre chose, avant que tout plante. Effet de confusion… Quoique nous reprenons la discussion car mes obligations de daron me confirment que je dois lever le camp, d’ici peu!
P : Pour en revenir, nous autres, on le fait parce qu’on a du fun. Même s’il n’y a que 4 personnes qui aiment ça, on va continuer.
C : On est des gens ouverts d’esprit mais têtus, aussi. On aime bien s’obstiner. Nick me disait que ça paraissait qu’on avait travaillé les tounes ensemble, qu’on avait une bonne chimie.
A : L’album sonne comme le band qui joue!
C : C’était ça l’idée. C’est un album sur les robots mais je ne voulais pas que ça sonne… comme des robots!
L’album Lower Form Resistance est maintenant disponible sur 20 Buck Spin.