Quand j’ai commencé à travailler, ce que me disait le patron était ce que me disait le patron. C’était ce qu’il voulait et il passait le message face à ce que la compagnie voulait, désirait et exigeait. Par la suite, je me suis retrouvé comme enseignant et ce que la direction me demandait et exigeait, c’est ce que j’offrais. Je ne posais pas vraiment de questions et quand j’en posais une, je prenais la réponse telle qu’elle se voulait offerte. Parfois, je trouvais la réponse d’une platitude extrême, parfois le tout me plaisait ou pas mais je me disais que c’était la réponse du patronat ou de la direction, et que c’était de même!

Maintenant, je me retrouve de l’autre côté de la clôture. C’est moi qui suis en mode direction, c’est donc moi qui gère et qui dirige une équipe. Depuis quelques années, je me rends compte qu’en plus de mener l’équipe vers nos objectifs, je me dois aussi de répondre à de nombreuses questions venant de la part de mes partenaires. De tout le monde, mais surtout celles qui viennent des plus jeunes du lot, les milléniaux. Il faut souvent expliquer le « pourquoi? » de ceci et le « pourquoi? » de cela.

C’est l’air du temps, j’imagine et de plus, il faut être à l’écoute des gens qui travaillent pour le bien de l’établissement. Comme je le dis souvent, je dois veiller à « l’échelle du bonheur » de ceux et celles qui viennent passer leurs journées dans notre boîte pédagogique. Et cette échelle du bonheur doit être entretenue aussi pour les parents qui nous laissent leurs enfants mais surtout, les enfants qui viennent y passer de nombreuses semaines.

Pour ce qui est de mon « échelle du bonheur », elle comporte de nombreux barreaux. Il faut que mon barreau familial soit solide, celui de ma vie matrimoniale puissant et celui du travail, agréable car rappelez-vous que nous passons le tiers de nos journées là-bas. Comme de raison, il y a le barreau du divertissement sur « l’échelle du bonheur » et dans mon cas, la musique possède un barreau plutôt tenace.

Avec tous mes barreaux en place et bien solides, le tout est accompagné par de nombreuses formations musicales et autres créateurs musicaux. Un artiste que je chouchoute depuis des décennies est ce Canadien fantastique qu’est Devin Townsend. Sa musique a toujours eu un impact majeur sur mon « échelle du bonheur » et avec son nouvel album Powernerd, il ne fait que solidifier son incidence sur ma sérénité.

Chaque production de Townsend se veut un sac à surprises. Nous ne savons jamais vraiment s’il va y aller avec un album de hard rock, de gros metal, de passages progressifs éclatés ou d’y aller avec une proposition atmosphérique. À moins d’y aller avec un peu de tout? C’est la beauté de la chose avec Devin, tout demeure un moment d’ébahissement lors de l’écoute initiale.

C’est encore ce qui arrive avec Powernerd car cet album se veut équilibré dans sa facture mais comprend quelques élans… inattendus.

Si vous avez apprécié les deux premiers extraits de l’album que sont Powernerd et Jainism et qu’ils ont pu combler votre échelle du bonheur, vous allez pouvoir vous garocher aveuglement sur cette nouvelle production. L’album débute justement avec la chanson titre, un morceau un brin hyperactif aux paroles plutôt éclatées… et on y entend même un chat miauler! Ensuite, la chanson Falling Apart est une typique vaguée de la part de Devin. Avec son refrain enjôleur, il est facile d’imaginer la foule en train de bouger les bras de façon constante, de la gauche à la droite, créant un effet de vagues.

Le morceau Knuckledragger est un gros morceau revendicateur face au fait que l’on veut prendre une couple de bières en plus de quelques verres. Townsend se veut fédératif lors des refrains et on le suit aisément, canette enfoncée dans le fond de la paume. Après un moment plus festif, c’est le temps d’y aller avec un truc plus contemplatif, songé même, avec Gratitude. Pièce rassembleuse qui se veut accueillante, elle nous permet de faire de légers « oui, oui! » de la tête, sachant que notre échelle du bonheur se retrouve avec un barreau additionnel.    

Question de faire un lien avec la portion suivante, on retrouve l’interlude ambiant Dream of Light qui nous amène vers Ubelia, pièce très soyeuse aux voix plus célestes. Ensuite, Jainism se veut un gros morceau coriace mais avec la touche de Devin. Nous sentons que les arrangements sonores se veulent parfaits et cette chanson se veut démocratique, permettant à chacun de s’y abreuver, amplement.

Les chansons Younger Lover et Glacier sont beaucoup plus tendres. Par contre, l’introduction très hard rock 80’s de Goodbye nous laisse un gros morceau charnu où le mariage des voix masculines et féminines demeure un point tournant.

La surprise de l’album est Ruby Quaker, morceau qui ferme l’album. Avec ses airs bon enfant, on a l’impression que Devin nous propose une pièce qui combine la dégaine de Mononc’ Serge en accord avec un jingle pour une publicité. Effectivement, avec ses lignes électro-acoustiques country, cette chanson pourrait être une publicité pour… du café!

Son refrain est excessivement accrocheur, il te reste en tête grâce à ses paroles d’une simplicité désarmantes que sont « Coffee coffee I love my coffee! » Ritournelle à chanter autour d’un feu de camp, elle propose tout de même un barrage métallique puissant, laissant les percussions punitives de Darby Todd en avant-plan métallique avec le reste des musiciens (surtout Devin qui joue de tout, environ) pour ensuite être coupées par une ligne de piano de saloon, un pipeau et hop! La ritournelle sur le caféisme reprend de plus belle.

Après cette chansonnette entraînante, ne reste plus qu’à remettre l’album en position PLAY, question d’ajouter un échelon additionnel à son échelle du bonheur!        

Disponible le 25 octobre sur InsideOut Music.

www.facebook.com/dvntownsend

Photo : HevyDevy Records/InsideOut