Il y a des événements dont nous nous rappellerons longtemps. Samedi le 21 mai 2022, il y a eu des orages plutôt puissants dans mon coin qu’est Terrebonne, ainsi qu’ailleurs au Québec. Des arbres arrachés, de nombreuses pannes d’électricité, des gazebos effondrés, des trampolines envolés et des morceaux de bardeaux planants. Je quittais tout bonnement mon domicile en voiture, j’écoutais le nouvel album de Dépérir, Black Beast quand le tout a commencé.

C’est toujours intéressant de pouvoir associer un événement marquant avec un album ou ne serait-ce qu’une chanson. Ce qui fait que ma trame sonore pour ce phénomène météo (oui, nous avons même eu des alertes sur nos téléphones et des interruptions de la programmation à la télé en plus de la radio) restera l’album de ce groupe de Québec.

Ce qui veut dire qu’à chaque fois où j’écouterai cet album, je vais me revoir sur la route, en train de conduire mon bolide avec la vision flouée par la pluie intense, sentant le vent poussant sur ma voiture pour la déstabiliser. Au loin, je voyais les différentes nuances du ciel qui s’éclaircissait vers Laval, l’endroit où je me rendais pour aller voir le concert de Gojira et Deftones.

Dépérir est une formation de black metal de la Vieille Capitale. Maintenant signé chez Adipocere Records, le groupe propose Black Beast, avec une pochette qui pourrait te confondre avec un single de Ghost, étant donné la présence d’un pape écorché.

Sauf qu’en poppant le CD dans ton lecteur, tu te rends compte que nous sommes loin des rythmiques hard rock affriolantes de la troupe de Tobias. Avec Black Beast de Dépérir, tu n’as pas le goût de t’activer le bassin avec un élan caliente.   

Avec la pièce titre en ouverture, on tombe en mode vieille école du black. C’est du gros riff bien ouvert qui t’accueille, c’est large, bien béant et la voix serpentaire de Bob Girard prend sa place (en plus d’y avoir Vincent de Dopethrone) question de laisser toute la place à cette bête noire. La montée se voulait lente mais lorsque les percussions ont pris leur élan, je sentais que le peu d’ongles qui me restaient s’imbriquaient dans le volant de ma voiture. Ce qui se voulait un avantage certain, étant donné les vents qui voulaient déstabiliser ma voiture de la route.

La Bête, c’est bien par-là?

Sur des chansons comme Unhallowed Grave, Deathsaw et The Hunt (avec Julien Truchan de Benighted), on comprend que Dépérir est capable de varger et ce, solidement. Ça mitraille allégrement, c’est vigoureux au niveau des percussions, les guitares demeurent tranchantes et le venin courroucé de Girard te coulent dans les oreilles pour venir bouillir dans le creux de ton orifice auditif.

Par contre, c’est lorsque Dépérir est en mode subtilité que je m’y plais grandement. La pièce The Book, avec sa cadence digne d’un jogging matinal et dominical, possède cette capacité de balancement de caboche, ce qui se veut un signe d’excellence dans ma colonne des PLUS. L’approche se veut violente, malgré que le tout se fasse beaucoup plus en mode délicatesse et c’est l’appui d’une voix plus cadavérique qui maximise l’attrait de cette pièce, dégoulinante à souhait.

Avec My Gift to Humanity, placée en plein milieu de l’album, Dépérir appose un baume sur la brûlure. Si l’album se veut aussi vif et ardent, cette chanson offre un certain frein, en y allant avec une rythmique beaucoup plus lente, agonisante mais qui demeure sulfureuse.

C’est vraiment avec Full of Hate que tu maximises ton écoute. Cette pièce demeure la plus intéressante du lot, étant donné la variété métallifère qui s’y produit. Effectivement, en y allant majoritairement avec une attaque pratiquement death métallique, cette chanson met de la viande autour de l’os. La partie médiane est à tout démolir, toute, et sans pitié!

L’album se termine de manière punitive avec les envenimeuses que sont Offended Generation et Succubus, juste avant de se verser dans Empire, une instrumentale qui te permet de quitter en douce après avoir eu les tympans grandement affectés.

En gros, un bon produit bien terreux et salaud qui vient de chez nous!

PS: Oui, je me suis rendu à bon port!

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