Cette année qu’est 2023 ne se terminera pas avec des sorties musicales métalliques anodines. Comme je le faisais remarquer lors d’un Profil précédent, le label québécois Sepulchral Productions a décidé de sortir trois albums en cette fin d’année. Majeurs, les trois albums ont cette qualité de ne pas tomber dans la vase automnale. Le mois des morts est généralement tranquille en ce qui concerne les sorties métallifères majeures mais le vent vient de virer de bord avec Songes d’une Nuit Souillée, de Délétère.

Présent dans le domaine des arts noircis d’ici depuis plus d’une décennie, cette formation de Québec patauge dans le style tout en proposant des sorties de qualité. Songes d’une Nuit Souillée suit cette tangente que le groupe s’impose depuis sa formation quoique cette fois-ci, c’est encore plus imposant que d’habitude. À l’ouverture du fichier promotionnel, j’ai tout de suite été attiré par l’imposante couverture. J’étais contemplatif, je regardais les « détails » de l’illustration avec précision en me disant que le format vinyle se voulait nécessaire. Mais mes yeux revenaient toujours sur l’imposant personnage, en haut de la butte.

Toujours…

Depuis le début de l’automne, je ne cesse de vous faire part de mes expériences musicales en parallèle avec mes marches dans mon patelin, l’agréable municipalité de Terrebonne. J’habite cette ville depuis 15 ans et ma maison est située sur d’anciennes terres agricoles où nous y retrouvons encore des boisés, abondants. C’est à cet endroit que j’apprécie y faire mes randonnées, casque d’écoute bien enfoncé sur les oreilles et mes nouveautés m’y accompagnent.

Comme je le soulignais dans mes Profils Bas précédents, l’impact de la saison qu’est l’automne sur certaines productions métalliques n’est pas à négliger. Avec Songes d’une Nuit Souillée de Délétère, on ne passe pas GO pour réclamer 200$ : On passe au batte et ce, amplement. Samedi matin, j’ai pris un chemin terrebonnois que je ne prends pas habituellement. Je suivais, sans m’en rendre compte, un couple qui promenait le chien, tout en lui lançant un morceau de branche. Après un temps, ils ont fini par prendre vers la gauche; j’ai continué tout droit.

J’écoutais l’album et c’est à ce moment que je me suis rendu compte que j’étais seul, loin de chez nous et royalement immergé dans le métal noirci de Délétère car j’en étais à la troisième écoute consécutive de l’album. En gros, j’étais perdu un brin mais toujours sur un sentier… qui devenait de moins en moins précis. Le décor offert ressemblait à celui de Resident Evil 4 mais la trame sonore se voulait beaucoup plus moribonde.

Seul avec moi-même et cet album, c’est en montant une pente recouverte de feuilles mortes que je me suis senti… intimidé. Effectivement, la voix proposée par Thorleif me donne l’impression qu’une entité maléfique (probablement celle sur la couverture de l’album) me tient à la gorge avec l’aide de son coude dans le coin rocailleux et frais d’une caverne où nulle lumière ne peut pénétrer, à l’exception du peu du blanc des yeux de cette bête sadique. Le but de cet instant de captivité est de me faire la description de tous les actes sadiques que cet être infâme a pu commettre.

Surtout que la première pièce se nomme Chasse Obscène, et qu’avec les voix ecclésiastiques lors des refrains, c’est moi qui se sentais… traqué. Les trois guitares qui te tourbillonnent dans les oreilles te donnent un effet étourdissant, ce qui accentue encore plus l’effet farouchement antipathique de la voix de Thorleif. Sur la suivante, Sacre de la Perversion, une horde maléfique vient compléter la voix principale pour donner encore plus de corps à cet effet pernicieux. Même si des échos plus célestes peuvent être entendus au tiers de la pièce, la pétarade reprend de plus belle, laissant un nouvel effet atterrant dans mon casque d’écoute.

Les lignes de guitares se veulent mordantes et acerbes sur Foutredieu et la sonorité des cloches sur Messe Scandaleuse n’annonce rien d’enjôlant, surtout que Délétère nous laisse siffler des chœurs horrifiques, avant de laisser place aux musiciens en mode anéantissement. Je continue ma marche dans le boisé, le temps est frais et les images proposées par cet album ne cesse de prendre forme dans ma tête.

En guise de coupure, c’est le piano de Sonata Impudicitiae qui me permet de reprendre mes esprits quoique la suivante, Lex Syphilii, me replace cet être implacable devant moi, captif. Il est en mode blasphème, en y allant de nouvelles informations face aux impuretés qu’il a pu produire. C’est massif lors de la finale qu’est La Nuit Souillée. Les guitares demeurent imposantes et ensuite, on retombe dans le marasme complet, question de me remettre à penser à cet être cafardeux qui termine ses explications, face à toute la déchéance qu’il a commise.

De mon bord, je me suis égaré dans le boisé et ce, solidement. J’ai fini par suivre une trail de vélo de montagne qui m’a amené derrière l’une des écoles secondaires de mon centre de services scolaires. Avec toutes la série d’images que je me suis créées dans la caboche, je ne veux même pas prendre le livret pour vérifier les paroles. Je vais rester avec l’expérience que Délétère m’a proposée lors de cette matinée de novembre.

Et ça, c’est ce que j’apprécie vraiment du métal noir québécois.

Une fois de plus, fortement recommandé!

Disponible le 23 novembre sur Sepulchral Productions.

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