Un peu à l’image du Decibel Metal & Beer Fest, nous avons eu droit au Brewtal Montréal. Le concept demeure le même : des groupes de metal qui s’exécutent sur la scène les uns après les autres et on réunit les meilleures microbrasseries du Québec, question de fournir une carte de bières excessivement gouteuse et bourrative. Sauf qu’à l’exception du Decibel Metal & Beer Fest, nous n’avons pas Converge qui ferme l’événement comme à toutes les cristies de fois…

C’est vrai, Converge est tout le temps présent. Mais il faut comprendre que pour le Brewtal Montréal, l’événement ne se voulait pas une production du magazine américain mais plutôt un partenariat entre Heavy Montréal et le podcast de Matt McGachy, Vox & Hops. C’était d’une évidence même que ce genre de concert houblonné allait avoir lieu un jour mais avec la pandémie, tout est en mode point d’interrogation.

Encore plus que cette première édition qui a bien passé prêt de ne pas avoir lieu. Si le Canadien a dû annuler la présence d’une foule jeudi soir, nous savions tous que nous pourrions retrouver une annonce du genre sur notre fil Facebook, même aux environs de 17h, vendredi. Après tout, plus rien ne nous surprend depuis près de deux ans. Notre résilience est fortement sollicitée…  

Mais non, tout est arrivé. Tout a été accepté, haut la main pour cette célébration qui réunissait les microbrasseries « coups de cœur » de McGachy en plus de cinq groupes, sélectionné par ce chanteur, animateur et auteur de livre pour enfants!

En étant sur place dès 19h05 environ, j’ai pu voir et même revoir Burning the Oppressor, étant donné que j’ai assisté à leur concert de novembre. Le groupe avait un 30 minutes de musique à offrir et les musiciens ont maximisé leur temps avec du matériel des deux derniers albums de BTO, question de ne pas dérouter ceux et celles qui voyaient la bête pour la première fois.

Malgré le fait que le groupe ouvrait ce Brewtal Montréal, les gars ont offert un tour de chant digne d’une tête d’affiche. La balance de son rendait justice au groupe, les guitares se voulaient croustillantes à souhait et Kevin Bordello avait la tâche de mener un public qui se voulait déjà, fortement conquis!

Les hochements de tête se voulaient à l’unisson, certains goutaient à un premier concert depuis l’arrêt de tout et quelques courageux ont même décidé de s’élancer dans le pit, laissant derrière le fait que cela pouvait n’être qu’une immense soupe à l’omicron…

Je retrouvais de nombreux amis de concerts, des connaissances métalloïdes donc la pause de 15 minutes entre les groupes se voulait beaucoup plus complexe qu’à l’habitude. Dans l’air ambiant, nous retrouvions un certain enivrement et une joie de vivre difficilement palpable d’habitude.

Nous devions nous remettre en mode jasette. Nous devions partager, discuter, rire et tergiverser. Tout cela, en plus d’aller se chercher l’une des nombreuses bières qui se retrouvaient sur la carte de la soirée. Des produits qui nous venaient de chez Messorem, Overhop, Brasserie Générale, 5e Baron et Sir John se retrouvaient entre les mains des goûteux gorgotons. Avec un prix qui variait entre 10,50$ et 11,50$, il est évident que c’était excessivement raisonnable, compte tenu du fait que pour le même prix, tu obtiens une Molson Bateau au Centre Bell.

Necrotic Mutation jouait pour la première fois depuis les derniers changements au niveau des musiciens. Sur scène vendredi, nous retrouvions Yan Thiel et Rob Milley sur les 6 cordes malgré que nous soyons passés très près de n’avoir que Thiel car Milley avait d’énormes problèmes de guitare lors des premières minutes. D’avoir une dose de death metal de la vieille école m’a donné autant de satisfaction que lorsque j’ai vu Spirit of Rebellion l’autre jour. Je me sentais revivre… grâce au metal mort!

Caverneuse, la sonorité qui se laissait entendre dans les enceintes du Corona offrait satisfaction. La pouille de Thiel menait la rythmique, les doigts de Simon Roy à la basse se voulaient excessivement rapides et Croteau avait des airs de crooner métalloïde lors de cette prestation d’une trentaine de minutes qui nous a permis d’entendre une nouvelle chanson, en plus d’avoir un duo avec Marie-Hélène Landry et malgré la proximité de la naissance de Jésus, nous n’avons pas eu droit à Çà Bergers!    

J’ai vraiment apprécié le fait qu’une quinzaine de personnes soient venus me jaser d’Ars Media. Des gens pour qui nous avons partagé le clip de leur groupe ou écrit une critique de leur dernière sortie. Des gens qui sont venus me confier qu’ils étaient d’avides lecteurs et qui me remerciaient de garder un site internet à saveur métallique, en pleine pandémie car nous n’allons pas nous le cacher, nombreux sont les sites qui ont lancé la serviette…

Cette dose d’encouragement a été excessivement bénéfique car parfois, on se demande s’il y a vraiment des gens qui nous lisent ou, comme pour les revues de femmes nues, si vous ne faites que regarder les images!

J’aime bien The Great Sabattini. C’est une force de frappe solide dans le sludge d’ici et lorsque j’ai vu leur présence sur l’affiche de la soirée, je dois avouer que je ne m’attendais pas à les voir jouer si haut dans la planification. Punitive, leur sonorité propose des parcelles saccadées qui s’imbriquent à merveille, question de créer un ordre certain dans ce chaos musical.  

D’avoir eu le groupe en ouverture à la place de Burning the Oppressor m’aurait semblé plus opportun, étant donné que leur musique donne le goût d’en prendre une salée! C’était la troisième fois que je voyais le groupe en spectacle et à chaque fois, c’est bière en main et que je me permets de lever avec enthousiasme entre chacune des chansons du groupe montréalais.

Je dois être franc, je ne suis pas un amateur régulier de The Agonist sauf que vendredi, j’étais vraiment enthousiaste de voir le groupe avec leur death mélodieux. C’est un format qui plaît à un large public et vendredi, face à l’enivrement, je suis tombé sous le charme du groupe montréalais et ce, totalement. Cet arrêt des concerts nous aura permis, justement, de moins voir certains groupes et The Agonist est ce genre de formations qui avaient la facilité à se greffer sur toutes les tournées majeures.  

Cette pause aura eu cela de bon pour The Agonist. Étant donné la disette imposée par la COVID, de revoir ce groupe m’a permis enfin de pouvoir les apprécier pleinement. De plus, un peu à l’image de Dark Tranquillity, de voir l’enthousiasme et les sourires des membres du groupe, tu n’as pas le choix d’apprécier le spectacle offert par le groupe qui a surtout maximisé sur les pièces de leur nouveau EP en plus d’y aller Thank you Pain, Blood As My Guide et Burn it All Down.

Ce n’est pas mêlant, je retournerais les voir la semaine prochaine! Même avec les nouvelles conditions…

Finalement, vers 22h15, c’était au tour de Cryptopsy de venir fermer la soirée avec pugnacité. Juste avant la prestation, je me suis rendu au bar pour en prendre une dernière. À mon grand étonnement, tous les produits majeurs se voulaient en rupture de stock. Plus rien. Je me suis donc rabattu sur une bière sans alcool, question de sortir de mon buzz un brin.  

Depuis 2019, Cryptopsy n’a pas eu l’opportunité de remettre les pieds sur scène. De le faire ce soir devant plus de 700 personnes bien ficelées au Corona se voulait majeur pour le groupe montréalais qui avait devant lui une horde d’amateurs bien chaudailles!

Si les formations précédentes avaient bien réchauffé l’atmosphère, nous tombions maintenant vers une toute autre sphère métallique avec le death brutal et technique de Cryptopsy. Le bon peuple a désaoulé solidement avec des chansons comme Crown of Horns, Graves of the Fathers, Cold Hate, Warm Blood, Phobophile et Slit your Guts étant donné l’intensité déployée en vitesse grand V.

C’est vers 23h15 que je me suis rendu compte que ce concert de type massif venait vraiment d’avoir lieu et menait vers sa fin. Foule compacte et doublement vaccinée, les masques ont pris le bord et ce, plutôt tardivement.

La discipline a été suivie mais à un moment donné, tu donnes un pouce, et tu en prends 12. Tout au long de l’événement, nous savions que ce concert se voulait le premier évènement majeur de l’année et aussi, le dernier de l’année… et probablement pour quelques mois encore.

Écœurés, nous le sommes tous. De savoir que nos retombons les deux pieds dans swompe nous enrage totalement. Les concerts annoncés depuis quelques semaines commencent à retomber en mode « reporté » ou « annulé » mais de savoir que nous avons pu assister à celui-ci met un petit plaster sur cette brûlure béante.

Maintenant, en souhaitant un retour aux activités habituelles bientôt, il est à souhaiter que le Brewtal Montréal devienne une célébration annuelle ou même, semestrielle. Par le fait même, il serait même souhaitable que le tout puisse avoir des échos jusqu’à Québec, ville qui possède une excellente ressource en microbrasseries délicieuses.

Donc, pour l’an prochain, nous mettons au défi Matt McGachy de nous avoir une programmation locale aussi exceptionnelle et le défi ultime demeure le suivant : obtenir les produits de chez Auval!

Photos : Hélène Dickey