Selon mes calculs, je couvre 85% du temps des albums de death metal. C’est rare en géritol que je me laisse abandonner au power metal. Cette sous-couche métallique a toujours été celle qui m’a le moins attiré étant donné sa flamboyance et ses folichonneries. Mais il y a toujours des exceptions!
J’assume pleinement mon amour pour Beast in Black. Le groupe est ultra fromagé, mozzarella qui se veut gratinée généreusement sur la couche bien épaisse de cheddar déjà omniprésente, c’est à s’en lécher les doigts et ça brûle les papilles par son onctuosité décadente.
Et Beast in Black fait le bonheur de la famille, à la maison. C’est l’une des rares formations que nous pouvons apprécier les quatre lorsque réunis. Lors du dernier Heavy Montréal, nous étions aux premières loges pour hurler les paroles face aux chansons tirées de l’album From Hell with Love.
Cet album a roulé à profusion dans la chaumière, sur le bord de la piscine et dans la voiture. Est-ce qu’il en sera ainsi pour Dark Connection?
Ce qui m’a surpris du premier coup d’œil est de voir que le groupe semble avoir délaissé le thème des Berserkers, cette créature issue des mangas japonais. Les deux premiers albums du groupe faisaient un portrait plutôt précis du style. Par contre, la culture japonaise semble demeurer la source d’inspiration principale du groupe sur Dark Connection.
Non, j’avais plutôt l’impression de suivre une ligne narrative qui aurait pu être imposée par Perturbator, avec des thèmes qui rejoignent l’univers de Blade Runner, le Tokyo du futur et les voitures volantes. Tout ça, comme dans un jeu de la Nintendo 8 Bit. Très cheesy et le tout, porté habilement par des claviers coquets.
Musicalement, j’ai été charmé par l’album. C’est un power metal hyperactif où les guitares jouent du coude avec les claviers pimpants. Au-dessus de cette montagne de produits laitiers, nous retrouvons la voix exquise de Yannis Papadopoulos qui agit comme l’élément unificateur dans tout cet univers utopique.
Tout colle, tout est excessivement bien moulé lorsque tu en fais l’écoute. C’est comme un sport lorsque tous les membres de l’équipe ont reçu l’entrainement adéquat et sur le terrain, tu sens qu’il n’y a aucune faille… ou presque!
La chanson qui nous permet d’entrer dans l’album est Blade Runner. Agressive et possédant une certaine pugnacité, elle donne le ton à cet album qui, ne propose aucune ballade! Oui, Dark Connection propose du matériel plus apaisant comme My Dystopia mais celle-ci n’a rien à voir avec la caramélisée Oceandeep de l’album précédent.
La première chanson qui m’a fait un effet immédiat demeure Dark New World. Le riff en introduction hurle 1986 et par la suite, Papadopoulos tombe en mode versatile. Ce chanteur a la capacité de changer de registre et il le fait avec brio, surtout lors du refrain.
To the Last Drop of Blood possède une entrée en matière qui fait très Van Halen mais par la suite, on tombe en mode introspectif pour reprendre avec de bonnes lignes métalliques.
Par contre, ma fibre québécoise fait que deux chansons me turlupinent royalement. Tout d’abord, Moonlight Rendez-Vous me rappelle Conscience de Marie-Mai dans son approche musicale. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, Fred St-Gelais écrivait pour Marie-Mai et ce dernier demeure un amateur de metal flamboyant dans cette envergure.
Tant qu’à parler de rock québécois, l’autre pièce qui me chicotte un brin est leur reprise de Battle Hymn de Manowar. Beast in Black a ajouté des lignes de claviers aux teintes effilées qui me rappellent Marie Stone de votre ami Éric Lapointe. Cet ajout me bloque le bas du dos au point où je skippe cette pièce automatiquement.
Finalement, le groupe propose une reprise de They Don’t Care About Us, de Michael Jackson. Cette dernière se veut cadencée et offre un véritable effet de surprise, car d’avoir une reprise du Roi de la Pop qui suit celle des Rois du Metal, c’est un concept qui se veut royalement magistral.
C’est certain que d’autres trouveront un autre lien entre Manowar et Jackson, mais ça…
Je vous rappelle que Beast in Black sera en ouverture de Nightwish, le 6 mai 2022 au M Telus de Montréal et c’est ICI que tu peux te procurer des billets!