Au niveau des actualités, c’est un peu beaucoup lourd. Ça prend un moral de fer pour passer au travers des nouvelles au quotidien et pour certains, c’est excessivement difficile de garder le moral. Surtout mercredi et jeudi, avec la pluie qui nous tombait sur la caboche. Avec des mots comme tarifs/pas tarifs, récession, fentanyl, augmentation des prix, nids de poule, panne du REM, tramway, 3e lien et pizza Salvatoré, ça prend énormément de death metal pour se changer les idées. En farfouinant dans mes nouveautés, j’ai déniché un album qui était sur le bord de passer sous mon radar.

Je connaissais le nom Avulsed de réputation. Je savais que le groupe se voulait un pionnier du genre mais n’avait jamais vraiment été en mesure de tirer son épingle du jeu, malgré plusieurs décennies sur l’échiquier métallique. Le groupe vient de l’Espagne et s’est toujours illustré en Europe, mais jamais de l’autre côté de l’océan Atlantique.

Donc, dimanche matin, j’avais la tête trop remplie face aux actualités, je me devais de changer la donne et de me blaster une bonne dose de death metal. J’ai téléchargé la copie promotionnelle et me suis mis en mode écoute. Une introduction plutôt longue du nom de Limbs Regeneration permet à cet album du nom de Phoenix Cryptobiosis de prendre forme, dans nos oreilles. Avec son ambiance death doom apocalyptique, j’ai embarqué dans le projet d’Avulsed, tout en lisant le dossier de presse. 

En regardant la feuille de route du groupe, je me suis rendu compte que le seul membre original d’Avulsed demeure son chanteur, Dave Rotten. Figure imposante dans le domaine du death metal européen, Rotten a été en mesure de s’entourer de quelques « jeunes » loups, question de compléter la formation et ainsi, pouvoir entrer dans une ère moderne de death metal tout en capitalisant sur la parcelle de la vieille école.

J’ai délaissé le dossier de presse lorsque le feulement de Rotten s’est fait entendre, pendant les mesures initiales de Lacerate to Dominate. Avec son refrain plutôt punché, je comprends qu’Avulsed se veut accrocheur mais en même temps, énigmatique sur ce morceau. Même constat avec Blood Monolith qui débute avec le souffle de Rotten qui susurre le titre de la pièce. Cette voix me rappelle quelque chose… Mouvementée, cette chanson propose une cadence intéressante et je me rends compte que la voix de Rotten se veut assez similaire au souffle de Nemesis, dans Resident Evil 3.

Ensuite, l’effet punitif d’Unrotted est immédiat. C’est vieille école, une voix plus criarde vient ajouter de l’effet lors du refrain et la rythmique se veut galopante. Guts of the Gore Gods est un morceau plus déstabilisant avec sa structure plus déconstruite, la pièce Phoenix Cryptobiosis y va avec des leads de guitare plus tenaces et Devotion for Putrefaction propose un côté un peu plus punk, sur cet album.

À date, je suis en mode satisfaction avec cette première portion. L’album me tient en haleine, jusqu’à maintenant. Phoenix Cryptobiosis me garde l’esprit clair, empli de positivisme et me permet de faire un immense ménage dans mes idées. La musique en général, mais surtout le death metal, me permet de faire un genre de vacuum psychologique, laissant sortir le négativisme tout en faisant le plein de positivisme grâce à cette dimension musicale plutôt primale.

Et je me considère plutôt chanceux de pouvoir utiliser une source du genre pour pouvoir maintenir ma santé mentale intacte. Je lis de nombreux commentaires sur certaines pages Facebook où des gens d’ici commencent à développer énormément d’anxiété et d’inquiétude face à tout ce qui se passe en dessous de nous, au sud de la frontière. Je ne dis pas que cela ne m’atteint pas, mais lorsque je tombe en mode musical, je fais le plein d’une énergie ravigotante, nécessaire et essentielle.

Je poursuis la balade death métallique avec Neverborn Monstrosity. Très Cannibalesque comme proposition, je me rends compte que ce que j’apprécie chez Avulsed n’est pas au niveau de l’originalité, c’est plutôt la satisfaction face à un savoir-faire indéniable. Dismembered me confirme ma satisfaction avec sa ligne très vieille école en ouverture, Bio-Cadaver demeure plus lancinante et Wandering Putrid Souls remet le compteur en marche pour le nombre de BPM en mode accélération.

Je ne crois pas que cet album propose une révolution dans le genre, c’est surtout son efficacité qui me plaît. En cette période anxiogène où je pourrais être en mode désespéré, je comprends qu’un album comme Phoenix Cryptobiosis se veut nécessaire pour me garder les pieds sur terre mais aussi, pour me permettre de canaliser ma rage face à ce sentiment d’impuissance.

Même si on boycotte des produits américains, il reste que nous nous retrouvons dans une situation plutôt particulière en tant que Canadiens. Nous devons continuer de garder le sourire, aller au boulot, s’occuper de la marmaille. Et si la musique d’Avulsed me permet de garder mon esprit vif, je vais continuer de m’en emplir les oreilles!

Disponible sur Xtreem Music.

www.facebook.com/Avulsed91