En toute honnêteté, j’ai été ému lors de l’éclipse. Je ne m’y attendais pas. Juste de même, je rappelle à mon lectorat que je travaille dans le domaine de l’enseignement. Ce qui veut dire que des rapports face à l’éclipse et qui contredisaient le précédent, j’en ai reçu un et un autre. Les enfants ne doivent pas regarder, ils peuvent le faire, ouvrez l’école, fermez votre établissement, faites une journée pédagogique ou regardez l’éclipse à l’œil nu car en fin de compte, y’en a pas de trouble! Donc, jusqu’à dimanche dernier, j’avais déjà hâte à mardi le 9 avril pour que tout ce phénomène soit derrière moi.
Non, je n’ai pas pleuré pendant l’éclipse. J’ai vraiment eu un frisson face à la petitesse que nous sommes, face à cette immense boule de feu qui, malgré le fait qu’elle apporte la vie sur Terre soit en train de nous brûler à vif. Solidement, et personne ne peut le nier. Oui, certains vont le nier quand même mais ça, c’est une autre histoire.
Un qui a pleuré est Steve Moore, claviériste et bassiste de Zombi. Comment se fait-il que je sois au courant? C’est que lundi soir, après cet évènement céleste, je me suis rendu au concert de ce duo et c’est ce que Moore a raconté sur scène pour ensuite, se mettre à pianoter sur ses synthétiseurs tout en alternant sur sa basse Rickenbacker et y allant même d’un tour de saxophone.
Lui et son comparse AJ Paterra aux percussions ont offert une performance qui confirmait que bien souvent, nul besoin d’avoir un orchestre complet pour pouvoir annihiler musicalement. Si les deux musiciens sont en fusion, le tout demeure suffisant pour offrir une performance solide et crédible.
Depuis que j’ai délaissé le dernier album de My Dying Bride, je suis allé à l’autre extrême en me badigeonnant du death/black grindé du duo qu’est Antichrist Siege Machine car les deux musiciens ont, eux aussi, cette capacité d’annihiler musicalement.
Ce n’est pas dans la même veine musicalement que Zombi, comme de raison, car Antichrist Siege Machine est dans une parcelle beaucoup plus extrême. Je me suis clanché l’album Vengeance of Eternal Fire une bonne dizaine de fois tout en prenant des marches… à pas rapides! Avec ses 25 minutes, il est facile de remettre l’album au début et de reprendre l’exercice car la ligne musicale demeure droite, très droite.
C’est rigoureux, vif et malin.
L’écoute de Vengeance of Eternal Fire se veut un exercice d’endurance, de fermeté et demande une solidité au niveau psychique car le tout remue dans la caboche. Sérieusement, en entendant cet album et les pièces des musiciens que sont SB et RZ, j’avais l’impression d’entendre un chalumeau en pleine action. Non, pas un chalumeau… mais plutôt un lance-flamme en train d’effectuer sa lourde besogne destructive.
Il n’y a pas de répit avec le groupe. Ça rentre en tit-pépère et ce, dès que Son of Man propulse cette production sur le chemin de guerre. Avec son chrono de 3 minutes, c’est la In-a-Gadda-Da-Vida de l’album et les seules variantes demeurent l’intensité des cymbales ou un picking moins prononcé sur la guitare.
Tel un souffle sulfureux, tu ressens l’impact du duo qui repart de nouveau sur Only Evil après avoir effectué un effet de retour de son. Plus gras et moins acerbe comme morceau, on sent que cette pièce pourrait être la trame sonore de la prochaine saison des feux de forêts. Mise en bouche plus subtile avec Piled Swine, Antichrist Siege Machine reprend en mode lance-flamme après quelques mesures, pour bien se fondre avec la suivante, Sisera.
Et cette façon de faire continue sur les six pièces suivantes, sans subtilité mais plutôt en intensité. Vengeance of Eternal Fire est efficace avec sa production juste assez crue et juste assez polie, laissant son auditeur avec les oreilles grandement calcinées, le cerveau carbonisé et l’esprit grandement éclipsé par autant de métallisme ardent.
Disponible le 19 avril sur Profound Lore Records.