L’attrait d’une série comme Stranger Things ne se dément pas. Des milliards d’heures de visionnement, partout sur Terre. Phénomène international, on comprend que dès qu’une saison est proposée, tout ce qui y est attaché devient gigantesque et cela se répand, amplement. Nous n’avons qu’à penser à Running Up That Hill de Kate Bush, chanson utilisée par l’un des personnages pour se sortir de l’emprise du méchant de la 4e saison, l’impitoyable Vecna, un genre de Cthulhu moderne.
Pour l’amateur de metal, l’ajout du personnage d’Eddie Munson a été excessivement apprécié. Il était facile de s’y attacher et la véracité face à son look, ses références métalliques et son flegme ont fait de ce personnage l’un des plus adorés, malgré le fait qu’il demeurait un personnage secondaire.
Lorsque nous l’avons vu empoigner une cassette de Piece of Mind d’Iron Maiden en criant : « This is music! » la référence était subtile mais le maniaque de la Vierge de Fer a tout compris, dès qu’il a levé l’objet à la hauteur de son visage. Juste assez visible pour que la blague fonctionne.
Surtout que son nom était Eddie…
Lors de la finale, Eddie agrippe sa guitare et y va avec Master of Puppets, de Metallica, on sent que la série utilise de bonnes références musicales, toujours. L’action se déroule en été ‘86 et l’album Master of Puppets est sorti la même année, au printemps. Je sais, c’est rapide pour un jeune homme d’apprendre la chanson mais on y croit!
C’est l’extase, l’apothéose, c’est métalliquement génial! Le père de famille que je suis arbore un sourire fendu au-delà des oreilles, mon fils de 12 ans aussi car il connait bien l’œuvre de Metallica.
Ma fille de 14 ans adore le personnage de Munson. Elle connait la chanson car entendue dans nos habitudes d’écoute à la maison mais depuis ce temps, elle hurle des MASTER une fois de temps en temps.
Chez nous, je peux dire que ma famille possède un caractère métallifère depuis des années. Mes enfants ont toujours suivi la musique en général et nous accompagnent régulièrement lors des concerts. Et j’en suis bien fier, vraiment.
Stranger Things ne va pas rendre mon fils plus métallique qu’il l’est déjà. Ma fille ne tombera dans ma pile de vinyles de Metallica. Oui, elle a probablement ajouté la chanson dans sa liste Spotify mais je sais que la présence du personnage de Munson n’a pas été LA bougie d’allumage pour elle. Ce n’est qu’une chanson additionnelle pour elle qui va et qui repartira probablement d’ici quelques jours, semaines au maximum.
La chose qui n’aurait pas dû être?
Par contre, c’est probablement ce qui arrive avec quelques adolescents et jeunes adultes. Ils viennent de découvrir une chanson, une pièce métallique qui se veut de l’âge de leurs parents et elle va à l’encontre de la musique populaire contemporaine. Il est là, le choc.
Comment les jeunes découvrent-ils la musique de nos jours? Musique Plus est mort, la radio n’est plus ce qu’elle était et encore moins la télé. Il reste donc Tik Tok, Spotify, les réseaux sociaux comme Snapchat et les séries tendances comme Stranger Things. C’est avec cela que l’éducation musicale de nos jeunes se fait, se produit et se moule.
De nombreux amateurs, bien souvent plus âgés, s’en sont pris à cette nouvelle horde de fans, sur les réseaux sociaux. Ils clamaient haut et fort que cette vague de fans ne contient que de faux fans, qu’ils ne sont de passage et qu’eux, ce sont les vrais fans. Ceux qui y sont depuis des années et qui vont faire le ménage dans le tas. Ce sont donc les Gardiens de la Gate, comme on doit le dire.
Combattre le feu par le feu?
C’est un peu comme le jeu de celui qui pisse le plus loin. Il faut être prudent car parfois, le vent peut prendre une autre direction et nous ramener le jet urinaire en plein visage. C’est ce qui est arrivé lorsque le groupe Metallica s’est mêlé de la discussion sur TikTok, en disant : « Que vous soyez des amateurs depuis 40 heures ou 40 ans, vous êtes tous les bienvenus dans la famille de Metallica. Nous partageons le lien de la musique. Nous avons tous eu à commencer à quelque part! »
Ce qui n’est pas un argument à négliger. Rares sont ceux qui peuvent clamer haut et fort qu’ils ont débuté leur cheminement musical avec Breeding the Spawn de Suffocation. Il faut débuter à quelque part, un point de départ, une source maline!
Et si le début de ta passion pour Metallica (et le metal) débute avec Stranger Things, c’est un départ comme tous les autres. Comme de raison, la nature s’occupera du reste et les fans de passage vont s’essouffler. Des fans de passage, il y en a et il y en a toujours eus. Nous n’avons pas tous cette passion ardente pour le metal qui brûle encore, même depuis plus de 40 ans pour mon cas.
À mon âge, il est de plus en plus difficile de recruter des connaissances pour aller voir un concert du lundi soir, aux Foufounes. J’ai tenté de réunir les copains du secondaire pour DRI aux Foufs, en juin dernier pour ce concert qui n’a jamais eu lieu. Nous étions trois à vouloir y aller, les autres voulaient uniquement aller souper dans un restaurant. Des raisons de travail le lendemain matin, des écoutes plus timides face au groupe depuis quelques années ou la perte totale d’intérêt étaient tous des facteurs qui ont été énoncés et grandement compris.
Par contre, pour un concert d’Amon Amarth du samedi ou un concert de Ghost le vendredi soir, tout est faisable. Le facteur fin de semaine entre en jeu aussi.
Et c’est ainsi.
Des héros jetables?
Ne vous inquiétez pas si votre nièce de 11 ans porte un t-shirt de Ride the Lightning acheté au H&M. Et surtout, ne tombez pas dans le piège habituel, en lui demandant : « Peux-tu me nommer 3 chansons de cet album? » Elle, en revanche, elle pourra te demander de nommer trois personnages de Stranger Things et tu auras l’air un brin perdu en disant : « Euh… Wynona Rider, le frisé à calotte et la fille dont son nom est un chiffre?»
Il y a du bon avec cette mouvance métallique de Netflix. Tout d’abord il y a eu ce film du nom de Metal Lords où trois jeunes tentent de gagner le concours de groupes de leur région. Les références au metal se voulaient un pur délice! Avec Stranger Things, c’est encore plus mirobolant car c’est un phénomène global. Les jeunes et plus jeunes se permettent de sortir de leur zone de sécurité avec Master of Puppets. En ayant accès à du matériel qui ne se veut pas pour toutes les oreilles, l’intérêt se développe et la curiosité te pique!
Tu embarques, tu restes ou tu débarques! C’est dans la nature des choses!
Mais le plus important dans tout ça, c’est qu’ils n’auront pas découvert Metallica avec Enter Sandman…
* quare responsum