Les quelques coquins qui prennent le temps de lire mes chroniques savent déjà que je raconte souvent que j’écoute de la musique en allant jogger ou en allant marcher dans la forêt. Mais je le fais aussi en faisant un tout autre loisir, ce plaisir banlieusard qu’est de tondre sa pelouse, surtout lorsqu’elle semble aussi pouilleuse que la barbe de Zakk Wylde. J’active le vigoureux moteur, je ne mets jamais la propulsion automatique car je prends plaisir de la pousser moi-même.
Auparavant, j’active mon iPod. Oui, je sais cet instrument se veut médiéval pour plusieurs mais lorsque tu reçois tes nouveautés en format MP3, tu déverses le tout là-dedans et hop! Certains diront de téléverser le tout dans mon téléphone mais mon iPod se veut plus léger, ce qui allège ma tâche amplement.
Ce vendredi, voyons que ma verdure terrebonnoise manquait un brin d’amour et de tendresse, je me suis mis en mode solution, sélectionnant la nouveauté de Sedimentum avec leur album Suppuration Morphogénésiaque. Le moteur roulait, la musique roulait, tout allait bien grâce à un léger zéphyr qui chatouillait la base de ma nuque.
Le death metal sulfureux du groupe m’emplissait le casque d’écoute, les oreilles bien englobées par le moumou des écouteurs, je voyais les grains de gazon se faire découper avec aisance. Par contre, le vrombissement de la tondeuse n’était aucunement perceptible, ni audible. Pourtant, je voyais le gazon se faire découper mais rien au niveau du bruit habituel du moteur.
C’est à ce moment que je me suis dit que rien n’était en relation avec un disfonctionnement du moteur. Aucunement, du tout! C’est plutôt que la sonorité de Sedimentum est tellement poisseuse qu’elle se marie à merveille avec la tonalité du rotor de mon engin destructeur.
Effectivement, tout comme le font des formations comme Tomb Mold et Mortiferum, Sedimentum accorde ses instruments à une bassesse incommensurable, rendant leur emprise métallique telle une brise régulière auditive d’un moteur 4 temps.
Un mariage parfait entre mes deux passions : Le metal et tondre le gazon!
Avec son chronomètre de 39 minutes, je n’ai eu que le temps de tondre le devant de ma demeure, me restant la partie arrière. Je me suis donc remis l’album pour un deuxième tour. Prenant une pause pour prendre une bonne lampée d’eau et remettre de la gazoline dans le moteur, mon regard a été attiré par une tâche noire, située sous mon arbre feuillu du milieu.
En deux temps, trois mouvements!
C’est à cet endroit que notre prédateur Cooper, valeureux chasseur nocturne félin, cache ses cadeaux et autres grignotines animalières. Une fois de plus, j’y ai trouvé une autre carcasse animalière, celle d’un oiseau noir, genre de choucas, avec le crâne saillant, incluant le bec. Cette vision cadavérique était le parallèle parfait pour reprendre l’écoute avec Krypto Chronique II, pièce qui ouvre l’album.
Rendu derrière la maison, je me suis remis dans cette sphère oléagineuse proposée par Sedimentum, ressentant la même satisfaction que lors la portion du devant.
Je vous ai nommé la première pièce mais ceci se voulait uniquement dans le but de vous éclairer face au début de l’album car Suppuration Morphogénésiaque n’est pas le type d’album à se taper à la pièce, dans une liste d’écoute. C’est véritablement une expérience sonique hors pair qui se doit d’être consommée dans son entièreté.
Paupières lourdes
Et je vous faisais l’éloge de l’écoute de cet album dans un climat de tonte de gazon mais en même temps, il y a l’envers de la médaille. Ce type de death metal dégage vraiment des ondes particulières. L’amalgame offert par la voix susurrée et l’accord des instruments d’une déchéance ultime provoquent, du moins pour moi, une facilité à m’endormir.
Oui, le dodo…
Étant jeune, mon album préféré pour m’endormir était Persecution Mania de Sodom. Il y avait quelque chose dans la basse qui m’envoyait directement dans les bras de Morphée. Lundi passé, je me suis acheté le premier album de Mortiferum, Disgorged from Psychotic Depths, pièce que je ne possédais pas encore en format vinyle.
Je l’ai déposé sur ma table-tournante, me suis assis sur mon sofa dans ma salle de musique et rendu à Putrid Ascension, bang! Je me suis endormi! Comme cela!
J’ai fait le même test samedi soir, avec mes écouteurs et ce nouvel album de Sedimentum, et vlan!
Un sommeil bien profond et mérité!
Est-ce que ce genre de death metal a cette capacité à émettre des ondes anesthésiques? Probablement que quelques scientifiques pourraient me répondre mais en attendant, que ce soit pour tondre ton gazon, t’endormir ou tout simplement pour profiter d’un excellent produit de death metal québécois, cet album de Sedimentum est tout simplement parfait et en français!
Disponible dès le 25 juillet chez Me Saco un Ojo Records.