Le parcours de Decapitated a été rempli d’embûches. Après un accident de la route lors d’une tournée européenne, le groupe a perdu son batteur et leur chanteur a été blessé et se veut maintenant inapte, handicapé à vie. Le groupe death metal se voulait au plancher, à terre, mais il ne faut jamais penser qu’il y aura abandon de la part de la formation polonaise.
Ensuite, lors d’une tournée nord-américaine en 2017 pour leur dernier album Anticult, les membres ont invité quelques personnes dans leur autobus de tournée. Il y a eu discussion, quelques bières et merci bonsoir. Par contre, quelques jours plus tard, les musiciens se sont retrouvés menottés et arrêtés. Une des participantes de cette fête improvisée a porté plainte contre les membres de Decapitated, prétextant être victime d’un viol collectif.
Après enquête et un procès, tous les membres du groupe ont été acquittés. Croyant que le groupe ne se remettrait jamais de cette nouvelle épine dans le pied, c’était mal les connaitre.
En 2022, Decapitated revient avec un nouvel album du nom de Cancer Culture, qui fait un immense clin d’œil à la « cancel culture » dont le groupe a été victime avec cet incident de l’autobus.
Loin derrière est la sonorité death métallique des premiers albums, alors que le groupe se retrouvait sur la tournée Summer Slaughter grâce à des albums comme Winds of Creation, Nihility et Organic Hallucinosis.
La culture de l’agneau
Une fois de plus, nous sentons qu’avec ce nouvel album qu’est Cancer Culture, Decapitated désire devenir le nouveau Lamb of God. Les Polonais œuvrent dans le groove metal avec une touche de death metal qui demeure encore présente grâce à des percussions rapides et une attaque précise aux guitares.
Personne ne peut en vouloir à cette formation de vouloir tâter un terrain plus vaste, changer de sentier et y aller avec un son beaucoup plus accessible pour pouvoir rivaliser avec les Machine Head (avec qui le guitariste Vogg joue aussi), Jinjer et DevilDriver de la scène métallique moderne.
Par contre, Decapitated propose beaucoup plus de hargne avec cet album.
Personnellement, cette nouvelle façon de faire de Decapitated ne me rejoint plus vraiment. J’appréciais beaucoup plus l’époque des années 2000 et depuis la restructuration entamée avec Carnival is Forever en 2011, mon intérêt s’amenuise.
Un dernier repas
Mais je dois avouer que Cancer Culture déborde de vers d’oreille, de hooks et de moments excessivement accrocheurs pour l’amateur de metal moderne. L’album ne vient pas me chercher au niveau des émotions mais je me suis surpris à taper du pied, par contre, grâce à des chansons comme Cancer Culture, No Cure et l’hyperactive Locked. C’est certain qu’un morceau mielleux comme Hello Death avec Tatiana de Jinjer me laisse plutôt froid, l’introspective Hours as Battlegrounds semble un peu poussée au fond de la gorge et Iconoclast, avec Robb Flynn de Machine Head, aurait été beaucoup plus pertinente sur un album de MH, étant donné sa souplesse, au lieu de sa rudesse.
De mon côté, je passe mon tour face à cet album étant donné que je me plais beaucoup plus avec d’autres produits vraiment plus acidulés dans le death metal crapuleux. Ce n’est pas que cela est mauvais, c’est surtout que je ne m’y retrouve plus avec Decapitated.
Si Decapitated peut élargir son public grâce à Cancer Culture, c’est tant mieux car le groupe demeure excessivement talentueux.
Disponible le 27 mai sur Nuclear Blast Records.
Photo : Maciej Hevi Janas