C’est à l’Impérial Bell de Québec que se déroule le concert mettant en vedettes Magic Sword, Dance With The Dead et Das Mortal sous la supervision de District 7. Première expérience synthwave en concert pour moi et je dois dire que je ne sais pas trop à quoi m’attendre. L’événement est annoncé pour 19 h et l’ouverture des portes une heure plus tôt, nous sommes donc ponctuels et dès notre arrivée nous remarquons la composition hétéroclite de la foule qui passe du douche bag au black métalleux en passant par le quidam lambda. Il n’y a pas à dire, le synthwave ratisse un public très large…
Les sujets de discussions sont variés dans la file d’attente qui s’allonge à mesure que le délai sur l’horaire s’accroît, mais assurément, tout comme moi, la majorité des personnes présentent le sont pour voir Dance With The Dead. Avec une heure de retard, les portes ouvrent et nous pouvons enfin aller sonder les tables de marchandise qui sans être trop extravagantes, offrent une sélection d’items vraiment intéressants.
La longue file d’attente s’engouffre tranquillement dans la salle et confusion générale, alors que tous s’attendent à voir Dance With The Dead en tête d’affiche, on comprend avec la batterie montée au-devant de la scène, que c’est plutôt Magic Sword qui terminera la soirée. J’ai un doute, comment un groupe plus atmosphérique fera-t-il pour garder la foule après le passage d’un band réputé pour son énergie sur scène? Qu’importe, 20 h sonne et l’intensité des lumières diminue, on y est.
Das Mortal débute sa prestation et je suis un peu perplexe. J’ai pris le temps d’écouter quelques albums ces derniers temps et je dois dire que la première pièce avec la piste de voix ne ressemble pas du tout à ce que j’ai entendu. On est à la limite du DJ qui mix ses beats et le puriste des instrumentations que je suis est un peu déçu, mais à mesure que les pièces se succèdent, je constate la progression d’intensité désirée et je dois dire qu’après quelques titres, on entre dans le vif du sujet. Les jeux d’éclairage combinés aux chansons plus rentre-dedans mettent définitivement la table pour la suite.
Seul petit bémol avec un one-man-band du genre, j’aurais aimé avoir un peu plus de visuel, qu’il s’agisse d’une projection vidéo ou ne serait-ce que de voir comment tout ce matériel est utilisé parce que depuis ma place, en tout respect, j’ai l’impression d’avoir sommairement assisté à la performance d’un gars qui tourne des boutons en faisant des oui-oui de la tête.
Après une brève pause qui permet à la foule de se masser devant la scène, c’est au tour de Dance With The Dead de fouler les planches. Le duo californien composé de Justin Pointer et Tony Kim est en promotion du nouvel album Driven to madness et est accompagné d’un vrai batteur pour l’occasion. Je me demandais comment le groupe adapterait ses pièces pour le mode concert et j’ai eu ma réponse dès les premières mesures. Une trame de clavier sur laquelle s’ajoute une guitare rythmique plus effacée joue constamment en fond, de sorte que le groupe n’a d’autre choix que de suivre la séquence au métronome. Cette pulsion rythmique, c’est le rôle de la batterie qui s’exécute avec des temps forts bien accentués et une vélocité brutale.
On débute donc en force et je suis surpris à quel point le son des guitares est identique à l’album. C’est d’ailleurs ce qui fait défaut à plusieurs formations lorsque vient le temps d’interpréter leur œuvre en présence d’un public. De plus, le fait d’avoir à jouer sur une séquence ininterrompue ajoute une complexité supplémentaire, puisque non seulement faut-il être tight pour éviter les décalages de temps, mais il faut aussi arriver à ajouter cette couche d’émotions qui fait qu’un concert doit être, à mon humble avis, un plus value à la version enregistrée sur disque…
La guitare de Pointer grésille et ajoute du pesant à la dynamique tandis que Kim nous livre des power chords qui percent l’ensemble sonore et des leads bien sentis. Puis, Pointer s’installe aux claviers et on assiste au concert tant attendu. Les deux principaux protagonistes s’échangent littéralement les lignes mélodiques entre claviers et guitare et se mettent en retrait au bon moment pour laisser l’attention sur le principal : la musique. Le groupe assure une très bonne présence sur scène et on sent qu’ils sont heureux d’y être. Pendant près d’une heure, ils nous interprètent plusieurs titres du dernier album et pigent, à mon grand plaisir, dans leur discographie antérieure.
Enfin, on termine ce deuxième volet de la soirée avec une adaptation de la pièce Kickstart My Heart de Mötley Crüe, une interprétation qui plait à la foule qui se rue aux tables de merch dès la prestation terminée.
C’est finalement Magic Sword qui s’installe et je constate que mon appréhension de départ n’était pas erronée : la salle s’est quelque peu vidée pendant le changement de groupe. Il faut savoir que les pièces de Magic Sword sont plus planantes voire atmosphériques de celles des autres groupes à l’affiche. Dans un tel contexte, le défi de garder le public jusqu’au bout après la performance précédente en est un de taille pour le trio de l’Idaho.
Mais le défi est relevé avec brio. Les pièces choisies pour la soirée sont les plus dynamiques du groupe sans pour autant éclipser sa signature, une composition majoritairement axée sur des build up auxquels s’ajoutent progressivement des couches sonores qui viennent créer des atmosphères englobantes tout en permettant aux musiciens de démontrer leur savoir-faire à tour de rôle.
S’il y a un point fort qui ne peut être passé sous silence pour cette formation, c’est l’effort accordé à la mise en scène. Les costumes des membres sont originaux et les jeux de lumières sont en harmonie tant avec les riffs que les transitions entre chaque chanson. Nous avons même droit à la fameuse épée lumineuse qui, à l’image d’Excalibur sortie de son rocher, illumine un bloc arborant le logo du groupe. Une cheapitude un peu geekesque qui, parce qu’elle s’inscrit bien dans le contexte du band, déclenche les applaudissements de la foule en plus des quelques sabres wannabe jedi qui s’illuminent dans l’assistance.
En définitive, je ne savais pas à quoi m’attendre de cette soirée et j’ai été pleinement diverti au même titre que les autres spectateurs avec qui j’ai eu l’occasion de discuter durant les intermissions. Si le synthwave est un style encore méconnu ici, il gagne assurément à être apprivoisé et j’espère avoir l’occasion de pouvoir remettre ça à court terme si d’autres tournées du genre annoncent des dates dans notre coin du globe!
Photos : Charles-Alexandre Tourchot