Je suis de ceux qui n’ont pas encore eu la chance de revoir un concert en chair et en os depuis deux ans, mais c’est maintenant chose du passé! Judas Priest sont de passage pour faire la promotion de la tournée 50 Heavy Metal Years of Music et le groupe est venu performer au Centre Vidéotron de Québec à l’invitation de Gestev pour célébrer cet anniversaire musical peu commun avec ses fans. Pour l’occasion, ce sont les Américains de Queensrÿche qui ont la lourde tâche de débuter la soirée.
Première observation, je suis surpris de voir beaucoup de trous dans les gradins malgré un parterre pratiquement plein. Cela n’empêche pas Queensrÿche d’entrer sur scène gonflé à bloc et de servir une prestation teintée de rock n roll old school qui me plait. S’il y a justement un mot à retenir de cette soirée, c’est rock n roll. Seul petit hic, le son est tellement fort durant les deux premières pièces que mon oreille gauche, du côté de la scène, est littéralement bousillée en début de soirée. Heureusement, ce problème technique est rapidement réglé et dès la troisième pièce, la table est mise pour le restant de la soirée.
Je dois avouer que je ne suis habituellement pas le public cible de Queensrÿche. Je trouve qu’il manque toujours un petit quelque chose aux pièces pour me faire lever et embarquer dans le mood du groupe. Cela dit, je dois également concéder que ce petit quelque chose, je l’ai eu en pleine gueule durant le concert!
Le batteur vient me brasser les tripes avec une intensité percutante. Juste à regarder ses grands mouvements puissants, il n’y a pas de doute, je ne suis pas en présence d’un technicien de style percussionniste, mais bien d’un destructeur de batterie! Ça punch, ça te résonne dans les pieds, c’est du rock pur et simple. J’apprécie également la complicité des guitaristes Michael Wilton et Mike Stone, qui s’échangent des lignes mélodiques très groovy quand ce n’est pas littéralement des harmonisations de soli en duo côte à côte sur les raisers dispersés un peu partout sur la scène. Pendant un moment, je revis les bons vieux shows des 80’s/90’s!
Todd La Torre est en plein contrôle de sa voix et nous livre une performance juste, efficace et sans artifices. Toujours dans la tradition du rock n roll, on prend le temps de saluer la foule avec l’effet escompté, galvaniser l’atmosphère! Mention honorable à Eddie Jackson à la basse qui vient également nous brasser les boyaux en plus d’appuyer avec une justesse, à des moments bien choisis, la performance du chanteur aux back vocals. Après une honorable performance d’une heure, Queensrÿche tire sa révérence avec le sentiment du devoir accompli et la foule attend la suite!
Après les ponctuels Américains, c’est avec dix minutes d’avance sur l’horaire que Judas Priest commence sa performance au grand plaisir des fans. Une entrée haute en décibels et en couleurs, notamment en raison du dispositif d’éclairage monté sur une structure à l’image du sigile du groupe et placé en suspension en plein centre de la scène. Cette plateforme est d’ailleurs utilisée tout au long du set et le rendu est très intéressant.
Le groupe ouvre avec One Shot at Glory avant de revisiter son vaste catalogue et de nous servir des succès tels Turbolover, Hell Patrol, Touch of Evil et le classique Rocka Rolla tiré du premier opus pour n’en nommer que quelques-uns. Les titres s’enchaînent sans temps morts et c’est une prestation de près de deux heures que les Anglais offrent aux fans de Québec.
Le décor scénique mets en scène une ambiance industrielle avec les cheminées polluantes et autres symboles corrosifs habituels. Un écran géant diffuse parfois des moment live mais la majorité du temps, ce sont des montages d’images cheap et un brin caricaturaux. Je ne peux m’empêcher de penser à chaque fois qu’un groupe d’une telle envergure aurait pu se payer un bon montage vidéo, mais bon… Cette cheapitude kitch qui rappelle les montages vidéos des 90’s est aussi signature du groupe alors je compose avec…
Rob Halford est toujours en forme et couvre la totalité de la scène avec ses aller-retours pour faire participer la foule, tout en poussant sa voix avec la justesse qu’on lui connait. Fait rigolo, je suis toujours fasciné par ses nombreux changements d’habits. J’ai arrêté de compter à dix tellement ils sont nombreux…
Judas Priest est connu notamment en raison des soli de ses guitaristes et c’est exactement ce à quoi nous avons droit. Si les prestations du batteur et du bassiste se ressentent plus dans les vibrations du plancher que dans la virtuosité, il en est tout autrement pour les performances de Ritchie Faulkner et Andy Sneap aux guitares. C’est d’ailleurs Faulkner qui assure le lien avec la foule quand Halford fait ses changements de vestes en plus d’offrir une performance digne de mention! Enfin, le groupe termine avec le classique Painkiller, mais remonte sur scène pour nous servir un rappel de quatre chansons qui font le bonheur de la foule. Il n’y a pas à dire, avec un demi-siècle d’expérience derrière la cravate, ce ne sont pas les succès qui manquent pour offrir une soirée de qualité et encore une fois, Judas Priest a été très généreux avec son public. Assurément, les gens présents sur place s’en souviendront longtemps!
Aux photos : Charles-Alexandre Tourchot.