Qu’est-ce que les membres d’Ars Media Qc ont écouté ce mois-ci? Le Jukebox du mois est l’article mensuel qui permet à l’équipe de partager ses coups de cœur, que ce soit en matière de nouveautés ou d’anciennes idylles métalliques. Alors, qu’est-ce qui a joué dans les oreilles du staff ce mois-ci?
Le choix de Jade Favreau
Gris – Il était une forêt… L’un des aspects que j’apprécie le plus lorsque j’écoute un album (en particulier de Black québécois), ce sont les émotions que certains morceaux arrivent à me faire ressentir. Ce mois-ci, je suis allée me replonger pour une centième fois dans Il était une forêt…, seconde offrande de Gris, qui ne cesse de bousculer mes émotions, jusqu’à même en susciter certaines répercussions physiques.
Par où commencer… J’ai l’impression que je ne serai jamais capable de mettre LE mot exact, qui décrit comment je me sens par rapport à cet album. Selon moi, c’est l’un des meilleurs chefs-d’œuvre de Black métal dépressif que j’aie écouté. Non, mais on va se le dire, la voix stridente et mélancolique d’Icare a une puissance qui vient complètement me chercher dans le plus profond de mes tripes pour les « twister » comme il se doit. Ici, le mix de guitares « raw » et de guitares acoustiques vient créer un équilibre entre la joie et la dépression. Je trouve cela assez impressionnant de pouvoir ressentir un mal profond, mais qui parvient tout autant à m’apaiser. Très peu d’œuvres réussissent à me donner froid dans le dos dès la première note. De plus, lorsque je l’écoute, je ne me sens pas dans le néant total, car les douces mélodies savent me refaire tomber « sur terre ».
Les paroles… Je pense que je ne me lasserai jamais de les lire dans leur intégralité. Mon moment de solitude s’amplifie encore plus. Il est certain qu’à l’écoute, on ne peut pas totalement comprendre ce qu’il dit/prononce, alors je trouve que de les lire en même temps apporte un petit quelque chose de plus.
Cicatrice, le troisième morceau, est définitivement celui que je préfère. En ce mois de février qui fut assez frisquet, ici dans les Laurentides, Cicatrice me semblait encore plus froide et frissonnante qu’à l’habitude. Les mots et les phrases de celle-ci ont su hérisser les poils sur mes bras.
Tue-moi, tue-moi, je t’en supplie
Déchire ma chair nauséabonde et moisie
Torture ma tête, impose-lui ta douleur
Jusqu’à ce que la mort en fasse sécher mes pleurs
Sur ces belles et douces paroles, je vous invite à aller trouver votre moment de solitude, accompagné de bières et de Gris.
Le choix de Yanick Klimbo Tremblay
Voivod – Synchro Anarchy. En février, j’ai grandement carburé et le fais encore, à ce nouvel album des québécois. Leur 40e anniversaire est pour bientôt et le groupe semble plus pertinent que jamais. Encore progressif, bien ciselé et juste assez crasseux, Synchro Anarchy demeure un album qui nous confirme que Chewy était l’homme de la situation face à la résurrection de Voivod. Aucun remplissage sur cet album, que du matériel qui se prend en entier, du côté A jusqu’au côté B!
Le choix de Geoffroy Dell’Aria
Arkona – Goi, Rode, Goi! En ce qui me concerne, ce mois de février fut particulièrement chargé et comme de coutume, quand je vis ce genre de période, j’ai ressenti le besoin de me booster avec une petite dose de musique épique à souhait… ce qu’Arkona m’a offert de la plus belle manière qui soit! En effet, pour le grand amateur de Folk metal que je suis, rarement un groupe aura réussi à trouver un si bon équilibre entre la puissance du métal, les mélodies entraînantes de la musique traditionnelle et la subtilité mystique de l’atmosphérique.
Sorti en 2009 (déjà!), Goi, Rode, Goi! reste, à mes yeux, l’une des meilleures sorties des russes de Аркона, véritable pierre angulaire dans leur discographie. Figure emblématique de la scène pagan, le groupe slave se hisse, avec cet effort, au panthéon des meilleurs ensembles du genre… et facilement dans le top 5 de mes bands de métal favoris, tous genres confondus !
La production est tout simplement excellente, permettant à chaque instrument, chaque élément de trouver sa juste place dans cette fresque majestueuse! Les orchestrations, toujours plus travaillées, sont racées, envoûtantes et accompagnent à merveille une section rythmique extrêmement solide et percutante… sans oublier bien sûr les instruments traditionnels, plus présents que jamais! Marques distinctives du combo moscovite, intervenant toujours de manière très judicieuse et magnifiant chaque titre où ils apparaissent, ils ne peuvent ainsi que ravir mes oreilles de musicien Folk.
Masha se pose ici en véritable shamane et nous livre une performance vocale exceptionnelle qui me fait toujours autant frissonner. Qu’il s’agisse de son growl furieux et rageur, de son chant clair et entêtant ou de ses incantations possédées, ça ne rate jamais, je suis littéralement happé !
En somme, comment arriver à rendre justice à un tel bijou en si peu de mots, tant cet album regorge de temps forts? Le titre éponyme et son introduction reconnaissable entre toutes? Na Moey Zemle (In My Land) et sa pléiade d’invités de marque (Månegarm, Obtest, Skyforger, Menhir, Heidevolk), chacun chantant dans sa langue natale pour un voyage dans l’Europe païenne des temps anciens? Yarilo et sa flûte sautillante? Kolo Navi et ses riffs ravageurs? Arkona et sa cavalcade grandiose à la cornemuse qui me fait headbanger à chaque écoute?
Assez de palabres : enfilez dès à présent votre meilleure broigne et laissez-vous porter vers les vastes plaines de l’Est pour une dernière chevauchée enflammée!
Le choix de Simon Rioux
Satan – Earth Infernal. Ce mois-ci, c’est une pièce plutôt qu’un album qui a retenu mon attention : Burning Portrait, le premier extrait de l’album Earth Infernal de Satan, qui paraîtra le 1er avril 2022. Satan est un groupe légendaire de la New Wave Of British Heavy Metal au début des années 1980, l’album Court In The Act (1983) est un de mes classiques ultimes. Les trois derniers albums depuis la reformation au début de la dernière décennie valent aussi vraiment le détour, c’est pourquoi j’attends avec enthousiasme cette prochaine sortie. À l’exception d’Iron Maiden (qui ne fait pas toujours l’unanimité il faut dire), Satan est à mon avis l’un des rares groupes de cette vague de Metal britannique qui a su se réinventer tout en restant bien ancré dans ses racines et qui sort de la nouvelle musique de qualité, toujours pertinente aujourd’hui.
Le choix de Corinne Ainscow
White Ward – Futility Report (2017). J’écris mon premier Jukebox en ce merdique mois de février. Je trouve que cet album représente parfaitement ce que ce mois a été pour moi et aussi je l’ai écouté très souvent en même temps que j’étudiais. Je n’ai pas pris la peine de googler quel est le style de musique officiel du groupe, mais j’aime beaucoup dire que c’est du jazzy Black métal. Si vous allez l’écouter, vous allez comprendre immédiatement pourquoi. Comme le mois de février, cet album est constitué de moments intenses, de cris et d’autres moments très calmes avec du bon saxophone à la Duke Silver. Bref, des hauts et des bas qui ne sont pas très prévisibles, parfois les 2 présents en même temps.
Le choix de Kevin Bylinski
Hope Drone – Cloak of Ash. Ce mois-ci, mon choix s’est arrêté sur un fabuleux album qui frôle les 80 minutes de durée. Pas une seule de ces minutes ne semble de trop et malgré la longueur de l’album, j’en prendrais plus! Un mélange de Black atmosphérique, de Drone, d’avant-gardiste et de Sludge, combinant lourdeur et riffs aériens, Cloak of Ash reste pour moi le meilleur effort de Hope Drone. Des mots comme primal, élémental, émotif et complexe me viennent à l’esprit en repensant aux paysages sonores de cet opus. Je me suis vu écouter la première chanson Unending Grey à chaque matin avant de débuter ma journée de travail.
Un must pour ceux qui ne tiennent pas rigueur aux classifications ou aux sous-genres!
Le choix de Matrak Tveskaeg
Istapp – Frostbiten. Paru en 2015, l’album Frostbiten de la formation suédoise Istapp est l’un de ceux ayant le plus spiné dans mes écouteurs ce mois-ci. Cet opus de Black métal mélodique dépeint bien la saison hivernale, tant pour les thématiques abordées dans les textes que pour sa production en général. Les guitares sont froides et distinctes dans le mixage notamment en raison du picking précis. Ce sont sur elles que s’amarre l’essentiel du travail d’arrangements axé sur la complémentarité des passages rythmiques puis mélodies très épiques telles les pièces Skoll ou encore Fimbulvinter. Parce qu’elle se permet certains passages mélodiques à des moments stratégiques, j’ai bien apprécié la basse qui, combinée à la dynamique de la batterie, vient rehausser le jeu des guitares. Quant aux voix, on est dans le grain du Black métal classique, mais je me dois d’ajouter une mention spéciale aux passages en chant clair qui sont exquis et vraiment bien exploités, notamment dans la pièce Primim Frigidum! Je termine en ajoutant dans les derniers jours, une nouvelle pièce est parue sur les plateformes en ligne pour ceux et celles que cela pourrait intéresser…
Le choix de Sarah Luce-Lévesque
Dark Funeral – Attera Totus Sanctus. Ce mois-ci, les heures passent vite et le temps file à vive allure. On dirait que ça me prend du blastbeat accoté pis dans le prélart à part de ça pour suivre la cadence. Quand j’ai besoin d’agressivité, de riffs sortis de l’enfer et de vocal bien écorché, je me dose cet album qui trouve aussi sa place en plein hiver. Pour que ma productivité augmente, rien ne vaut, à mon avis, du bon vieux Dark Funeral avec un snare bien brut. Motivation garantie! En plus, leur nouvel album ne saurait tarder. Bien hâte de mettre la patte dessus!
Le choix de Michel Perron
Arcturus – Sideshow Symphonies. Ce mois-ci j’ai reconnecté avec cet album merveilleux paru il y a déjà 17 ans. Il s’agit du premier opus de la formation sans Garm. Ce dernier fut remplacé par nul autre que Vortex. Il s’agissait d’un choix logique puisque celui-ci succéda à Garm lors de son départ de Borknagar. Ce super groupe norvégien formé de musiciens d’une grande qualité, notamment Hellhammer, Sverd et Skoll, laisse rêver! Quand il est question de créativité, le talent est plus que nécessaire et la non homogénéité des albums d’Arcturus nous le démontre parfaitement. Toutefois, il y a un fil conducteur et il s’agit du concept spatial.
Sideshow Symphonies est la suite logique de son prédécesseur, Sham Mirror. L’album est lunaire pour ne pas dire stellaire, la navette plane et survole les confins de l’univers. Nos pirates de l’infini poussent encore plus loin la thématique des pionniers de l’espace. Plus on écoute cet album, plus on a l’impression d’être en apesanteur et de visiter des contrées lointaines.
La bonne musique nous fait voyager et Arcturus a cette capacité exceptionnelle de ne pas être de ce monde. Le cosmonaute en chef et capitaine du vaisseau, Steinard Sverd, a su guider son équipage dans un processus créatif progressif, prenant, ambiant, mais surtout immersif. Vortex ajoute une nouvelle dimension en tant qu’interprète extra-terrestre, mais le clavier de Sverd est assurément la force gravitationnelle de l’album qui générera l’attraction nécessaire pour que vous vous arrimez à son orbite. Une fois cette force surnaturelle en action, vous ne pourrez vous dégager de son emprise irrésistible. Allez, voyageurs! Il est encore temps de rejoindre la mission spatiale avant qu’il ne soit trop tard! 🚀
Le choix de PY Bédard
Moonlyght – Progressive Darkness. “Nostalgie quand tu nous tiens” est probablement la citation qui représente le plus mon dernier mois musical. Je le dis probablement trop souvent, mais de devoir être “Submergé par la Nouveauté” dans le Souterrain fait en sorte que je dois parfois arrêter la machine et me replonger dans mes classiques afin de mettre la switch à off et apprécier la musique plutôt que de l’analyser.
Moonlyght occupe une place particulière dans mon passé musical. En tant que petit moi-même en secondaire 4, Progressive Darkness m’a introduit à un côté plus coriace de mon Métal. Je vous entends dire “Ouais, mais PY, t’écoutes du Revenant Marquis comme si y’avait pas de lendemain pis t’es en train de nous dire que tu trouves que Moonlyght c’est hard?” À ça, je répondrai qu’il y a 20 ans, quand je n’écoutais que du Ozzy et du Black Sabbath, le groupe de Québec était un solide coup de gaz (#gazauboutte) de progression dans mon univers.
Musicalement parlant, le quintet valse avec brio entre des moments plus progressifs et mélodiques tout en ayant d’autres moments rapides et décapants. Chaque pièce est une épopée bien construite qui cadre bien avec les récits qui nous sont racontés. Les thèmes abordés traitent de l’époque médiévale et c’est totalement comme si on y était sans toutefois se perdre dans les clichés. Dans un autre ordre d’idées, l’utilisation bien dosée et bien amenée d’instruments autres que guitare/basse/batterie font en sorte que l’ambiance est riche et dense. Finalement, la performance vocale de Sébastien “Roby” Robitaille (qui se veut également le maître d’œuvre derrière Sorcier des Glaces) bonifie grandement l’expérience tant lorsqu’il chante clean que lorsqu’il hurle.
En résumé, Moonlyght est un autre joyau du Québec à découvrir dans toute sa majestuosité et son côté abrasif. Je vous invite également à découvrir le reste de la discographie du groupe qui propose une belle progression et une maîtrise de leur style.
Le choix de Floyd Lapierre-Poupart aka Florent Laroche
Mon Jukebox du mois s’arrête sur un album que je mentionnais lors de ma critique d’Emasculated Vituperation. Torsofuck n’a pas duré longtemps comme formation, mais a sans aucun doute réussi à marquer la scène Brutal en démontrant les bases du slam et une meilleure exécution des thèmes gore.
Le choix de Stanislav Stefanovski
Burzum- Filosofem. Parfois, ça prend plusieurs années avant de comprendre une oeuvre. Dans mon cas, Rundtgåing av den transcendentale egenhetens støtte était responsable du pourquoi je sous-estimais autant cet album, mais j’ai soudainement compris le mood de cette chanson ce mois-ci et Filosofem vient de prendre plusieurs coches dans mon estime. Il n’est jamais trop tard pour se “réveiller”.
Le choix de Helene Dickey
Korn – Requiem. C’était avec impatience que j’attendais le nouvel album de Korn. Sans surprise, je l’écoute sans arrêt pour tous mes déplacements. Cet album a grandement répondu aux attentes que j’avais pour ce groupe. Je savais déjà que j’allais aimer ça avec la chanson Star the Healing sortie à l’automne.
Le choix de Louis-Olivier BG
Nokturnal Mortum – Kolovorot. La hausse de tension entre les deux pays, puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie auront marqué ce mois de février 2022, ce qui m’a incité à revisiter ce classique DVD live sorti en 2012. La puissance de l’interprétation des titres et le décorum spectaculaire capturés sur cette offense impressionnent encore 10 ans plus tard. La formation Black métal de Kharkiv y démontre tout le sérieux de sa démarche musicale qui redonne vie et lettres de noblesse au folklore ukrainien. Pour toutes ces raisons, cette trame sonore et visuelle a occupé ce mois dernier.
Le choix de Grégory Moigne
Corpus Diavoli – Apocatastase (2021 – Les Acteurs de l’Ombre). Rien de mieux qu’un rituel sur fond de Black métal de qualité, au cœur des tempêtes hivernales. Paradoxalement, une lumière dans l’ombre. Oui, cet album est une lumière dans la pénombre d’un Black métal qui, trop souvent, n’offre rien de novateur. Une lumière de l’Enfer diront certains. Tant mieux, le Paradis semble ennuyeux. L’album ne quitte plus ma platine depuis que je l’y ai posé, il y a quelques nuits. L’ambiance des titres m’obsède : rythmes, mélodies et voix transportent l’auditeur dans un rituel permanent dont l’objectif serait la dissolution de l’âme dans les flammes de l’Enfer. J’y travaille. La production est, elle aussi, de qualité et permet de mettre en valeur le Black métal du quintet qui se voit soutenu par Haine, de Antilife. Laissons donc vagabonder nos esprits au fil des compositions, comme transportés par les vents d’une tempête d’hiver, au cœur des éléments et de l’ésotérisme du groupe.
Le choix de Méi-Ra St-Laurent
Vortex of End – Fvlgvr Lvx Terror. Je reviens toujours à cet album du groupe Black/Death métal français Vortex of End. L’ouverture instrumentale, parfaitement glaçante (son percussif sur les instruments, notes aléatoires et extrêmement dissonantes), me rappelle la musique du compositeur polonais Krzysztof Penderecki. La narration qu’on y entend ensuite est d’une efficacité redoutable pour établir une ambiance horrifique, comme je les aime! Musicalement, le groupe exécute un metal qui demeure assez dépouillé ; pas d’envolée mélodique ou de rythmes complexes ici, mais plutôt des riffs rapides, courts et concis, avec une voix hurlée généralement grave. Ma prescription : à écouter sans modération, seul dans le noir (de préférence) et avec sa boisson alcoolisée préférée.
Le choix de Nathaniel Boulay
Super Evil Doom, Gloom And Things That Boom. Comme le mois passé, je suis retourné à mes racines. Ce coup-ci, j’y suis allé avec des amis Sud-Africains de mon côté B de DJ et je me suis replongé dans le projet Super Evil. Ce projet se voulait une collaboration entre James Copeland de Broken Toy et Adriano Rodrigues, ancien guitariste de Zombies Ate My Girlfriend et Infanteria. C’est orienté vers le plancher de danse, avec des guitares qui guident la composition. C’est un pur plaisir à jouer et à écouter. Une énergie enivrante qu’on ne peut qu’apprécier et qui va piger tant dans l’industriel que dans le métal. Un pont entre 2 mondes.