Qu’est-ce que les membres d’Ars Media Qc ont écouté ce mois-ci? Le Jukebox du mois est l’article mensuel qui permet à l’équipe de partager ses coups de cœur, que ce soit en matière de nouveautés ou d’anciennes idylles métalliques. Alors, qu’est-ce qui a joué dans les oreilles du staff ce mois-ci?
Le choix de Yanick Klimbo Tremblay
Hangman’s Chair – A Loner. Les nouveautés pour 2022 commencent à entrer et c’est avec le Doom de Hangman’s Chair que je me satisfais le plus, en ce début d’année. Probablement que le climat actuel fait que je me complais dans ce genre et avec A Loner, nous retrouvons le même type de sonorité que ce que Pallbearer peut produire, quoique Hangman’s Chair propose beaucoup plus de puissance et de variance au niveau de la voix. Rien de très jojo, c’est aussi glauque qu’un ado suivant une leçon de trigonométrie en télé-enseignement…
Le choix de Jade Favreau
Worm – Foreverglade. Ceux qui me connaissent savent que je passe mon temps à découvrir de nouveaux albums. Que ce soit du Black métal, du Thrash métal ou du Death métal, j’aime aller mettre le doigt sur les perles rares qui restent parfois trop cachées à mon goût. Ce mois-ci, je me suis plongée dans le plus récent album de Worm, sorti le 22 octobre dernier. Quoi de mieux que d’écouter du bon Doom-Death au lieu de faire son cours de neuroscience en ligne. Je me souviens avoir vu passer l’artwork quelque part parmi les « trente douze » albums que j’écoute. Lors de ma première écoute du morceau d’ouverture, Foreverglade (intro), je savais que je venais de m’embarquer dans un album lourd et écrasant. En d’autres mots, cet album avait comme projet de me traîner dans la boue. Les riffs ont su donner une atmosphère tout simplement sombre et crasseuse qui se poursuit tout au long de l’album. La voix, quant à elle, a très bien su me ramener dans l’univers du Doom métal. Je l’ai presque sentie angoissante par moments. Finalement, j’ai adoré me transporter entre les transitions du Death métal groovy et le Doom métal salissant. Ainsi, je vous invite à aller sombrer dans les marécages les plus profonds de la Floride…
Le choix de Geoffroy Dell’Aria
Minenwerfer – Alpenpässe. En ce froid mois de janvier, c’est dans un univers tout aussi glacial que j’ai décidé d’aller me replonger! En 2019, sortait Alpenpässe, dernier album en date des américains de Minenwerfer. Une galette qui m’avait accroché dès sa parution et qui a tout pour ravir à la fois le métalleux et l’historien qui sommeillent en moi. Le duo de Sacramento (réputé pour son focus thématique sur la Grande Guerre) nous transporte en effet dans un épisode moins connu du premier conflit mondial : les combats sur le Front alpin, ayant opposé l’armée italienne aux troupes autrichiennes entre 1915 et 1918.
Le groupe nous gratifie en fait ici de ce que j’estime être leur plus bel effort à ce jour. Plus d’une heure de pur Black métal atmosphérique, composée de longues pistes planantes, alternant passages aériens et sursauts de brutalité, portés par des guitares très mélodiques et un chant écorché et puissant. Si vous êtes passés à côté de cette gemme, n’hésitez pas un instant et plongez-vous aussi au cœur de la terrible guerre blanche !
Le choix de Simon Rioux
Windir – 1184. Au creux de l’hiver, je me replonge toujours vers Windir ; leur musique à la fois glaciale et guerrière, mais aussi épique et mélodique, va très bien avec la saison, son climat et ses paysages. Je trouve aussi que l’utilisation de l’accordéon (toujours avec parcimonie) est originale. Bref, c’est un groupe que j’affectionne particulièrement dans la scène norvégienne de l’époque.
Le choix de Kevin Bylinski
Methwitch – Indwell. Mon début d’année a commencé d’une façon assez chaotique au boulot. Pas une seconde de tranquillité et la tête qui tourne… un peu la même sensation qu’à l’écoute d’Indwell. Cet album est probablement la musique la plus chaotique et déjantée que j’aie pu écouter à ce jour, mais c’est en plein ce qu’il m’a fallu pour garder ma sanité d’esprit! Cameron McBride laisse aller sa créativité et offre quelque chose d’unique qui ne plaira pas à tous, mais qui est néanmoins un de mes albums favoris sorti en 2020.
Le choix de Matrak Tveskaeg
Aara – En ergô einai. Avec le froid et la neige qui berce ce mois de janvier, j’avais envie de distorsion, de puissance et d’atmosphère dans les oreilles. C’est exactement ce que j’ai eu avec la formation suisse Aara. Même si j’ai bien aimé le nouvel album paru en 2021, je dois avouer que j’ai préféré remonter le temps en 2019 pour écouter En ergô einai à outrance. Cet opus mélange à la fois la majesté des riffs épiques, la puissance des voix déchirées et les atmosphères envoûtantes, notamment en raison du jeu dynamique de la batterie. Le tout dans un souci d’arrangements qui apporte assurément un riff clé qui vient ancrer un tempo bien assied sur le temps dans chaque pièce, rien de mieux pour faire des oui-oui à s’en dévisser la tête!
Le choix de Sarah Luce-Lévesque
Ethereal Shroud – Trisagion. Ce que je préfère quand j’écoute une vidéo sur YouTube, c’est de laisser le programme se perdre dans les abysses du genre que je suis en train d’écouter. Souvent, je suis très surprise et je découvre tant de choses! En voici un parfait exemple : Ethereal Shroud, tout droit sorti du Royaume-Uni, a su écarquiller mes oreilles avec sa mélancolie, sa lenteur et ses instruments folkloriques bien dosés. Ce qui est dommage par contre, c’est que cet artiste que je viens de découvrir a pris la décision de cesser de créer. En effet, l’album paru en décembre 2021, Trisagion, est le dernier de la formation solo de Joe Hawker (juste pour m’agacer et me dire que j’aurais donc dû avoir ça dans mon top 10 de 2021). Qu’à cela ne tienne, je vous présente quand même l’œuvre d’Ethereal Shroud, un Black métal atmosphérique, brumeux, tranchant et torturé.
Le choix de Michel Perron
Dold Vorde Ens Navn – Mørkere. En étant un fan fini de la musique norvégienne, il est difficile pour moi de passer à côté de cet album incroyable qui fut produit sous la bannière de Lupus Lounge, sous label de Prophecy Productions. Disponible en CD, en format livre avec une chanson bonus et en vinyle, pour l’instant épuisé, mais une réimpression arrivera cette année. La formation d’Oslo nous avait déjà offert via Soulseller Records un excellent EP en 2019, mais cet album dépasse l’entendement. Ce groupe formé de grosses pointures de la scène norvégienne devrait en charmer plus d’un de par sa décadence et sa variété tant au niveau du rythme que du vocal.
La musique qui marie à merveille la mélancolie, l’abrasion et l’agression est composée par nul autre que Haavard, reconnu pour son travail sur les albums classiques d’Ulver, de Vargnatt jusqu’à Themes from William Blake’s The Marriage Between Heaven and Hell. Pour ceux qui connaissent la scène norvégienne, il s’agit effectivement de Lemarchand qui jouait la guitare sur le démo All Evil de Satyricon. Cerberus a joué de la bass sur Satanic Art de Dødheimsgard, Myrvoll joue du drum dans Dødheimsgard depuis 2019 et fut impliqué dans Nidingr. Finalement, le chant entièrement en norvégien est exécuté avec brio par nul autre que le cerveau derrière Dødheimsgard, Vikotnik. Sa voix possède un grain difficilement oubliable et rend l’écoute de l’album encore plus intense.
Je dois avouer que je suis hanté depuis plus d’une semaine par les passages de clean qui sont tellement mélancoliques et merveilleux à l’oreille. Je dis souvent que certains albums arrivent au moment où nous en avons besoin, cet album me parle et semble avoir été écrit pour moi tellement il me touche actuellement, oui je sais c’est sick. Un album riche, diversifié, magistral qui gagne à être écouté et que chaque écoute rend encore plus attractif. Laissez-vous surprendre par cet album frôlant la perfection qui ne fera que croître en vous à chaque écoute, ce sera un classique, rien de moins.
Le choix de PY Bédard
Cult of Fire – मृत्यु का तापसी अनुध्यान. En tant qu’amateurs de musique du “yabe”, on ne peut dire qu’on fait rapidement le tour de l’offre musicale de notre style de prédilection. Non seulement les racines remontent jusqu’aux années 80, mais il y a tellement de groupes et de sorties #SubmergéParLaNouveauté qu’il est facile de s’y perdre et qu’une formation passe sous notre radar. C’est exactement ce qui s’est passé dans mon cas pour Cult of Fire. Certes, j’avais cru voir passer un certain “hype” lors de son passage à la Messe des Morts, mais je ne m’étais jamais arrêté un moment pour m’imprégner des personnages originaires de la Tchéquie.
Tout d’abord, je tiens à noter que l’imagerie derrière मृत्यु का तापसी अनुध्यान est tout à fait sublime, tout comme le concept général du groupe. L’œuvre d’art dans les teintes bleutées représente à merveille tout l’ésotérisme et le cultisme qui se dégage de la partie musicale de l’offrande. Concernant cette dernière, Cult of Fire propose un beat très intense et puissant parsemé de moments plus planants, voire transcendants. Mon côté plus abrasif aurait peut-être apprécié un peu plus de crasse dans la sonorité, mais le fait que cette dernière soit propre propre propre amène un côté grandiose qui concorde avec la globalité du message véhiculé.
Dans une ère où les gens font du pain, du yoga et du Tik Tok pour se relaxer du quotidien, je préfère de loin me crinquer un peu d’encens et méditer avec Cult of Fire.
“Om Krim, Kalikaye Namah”
Le choix de Floyd Lapierre-Poupart a.k.a. Florent Laroche
Druid Lord – Relics of the Dead. Druid Lord est un groupe américain qui mélange harmonieusement le Doom et le Death sous une couverture horrifique. L’album Relics of the Dead, sorti le 21 janvier dernier, nous plonge dans un univers où la lourdeur des riffs nous donne l’impression d’être dans une fin du monde zombifiée. Si vous aimez la musicalité pesante, celle qui va sortir l’âme de votre corps, c’est un incontournable pour accompagner ce froid glacial.
Le choix de Stanislav Stefanovski
Pretty Maids – Future World. Cette pièce est un bijou oublié des années ’80 qui a la puissance de plusieurs soleils. Ça ne finit plus, les trésors métalliques qui ont été publiés dans cette décennie. Pretty Maids est un groupe danois fondé en 1981, dont les 2 premiers albums valent le détour. Jetez un coup d’œil sur ces derniers : Red, Hot and Heavy et Future World. Pour une expérience optimale, à écouter en format vinyle.
Le choix de Nicolas Racine
Nightwish – Imaginaerum. C’est quand même ironique que ce soit Anette Olzon qui chante sur mon album préféré de Nightwish, moi qui est un fan fini de Floor Jansen. Avec cet album-là, Nightwish a vraiment mis la barre haute pour les fans de métal symphonique. Tuomas Holopainen, le génie derrière le groupe, a imaginé tout un univers pour sa musique ; un film a été tourné et, soudainement on se retrouve avec une bande sonore au lieu d’un album. De quoi changer complètement la façon de l’écouter : au lieu d’un album concept, Imaginaerum est maintenant une bande sonore. Il faut également mentionner que c’est avec cet album qu’est arrivé Troy Donockley, spécialiste des instruments traditionnels, qui est maintenant une partie essentielle du groupe.
Le choix de Helene Dickey
Within Temptation – Resist. Fin 2018, quand j’ai su que Within Temptation allait sortir un autre album, j’étais sceptique. Mettons que j’ai été très déçue avec l’album Hydra. Je m’étais dit que ce groupen’était peut-être qu’une phase dans mon adolescence et que je devais passer à autre chose. Mais non! Juste avec le premier single de cet album, The Reckoning , je suis tombée en amour. En fait, je suis tombée amoureuse de tous les singles qui sont sortis avant l’album. L’album est aussi à la hauteur de mes attentes.
Le choix de Louis-Olivier BG
Ethereal Shroud – Trisagion. Jusqu’au début de janvier 2022, je n’avais aucune idée de l’existence même de cet homme-orchestre britannique évoluant sous le nom Ethereal Shroud. Combinant Black métal dépressif et Doom métal dans un enrobage très atmosphérique, la sortie, qui serait, selon son créateur, la dernière de son projet, est venue me chercher par les tripes grâce à ses compositions élaborées et bien ficelées. Merci à mon ancien collègue de Cégep, Benoît Fillion, pour la suggestion judicieuse en début de mois!
Le choix de Nathaniel Boulay
Skinny Puppy – The Process. Pour ce mois-ci, je suis retourné en 1995 à mes racines industrielles et je me suis tappé à répétition The Process de Skinny Puppy. C’est le dernier album avec Dwayne Goettle qui a perdu la vie juste avant la fin de la création de cet opus et celui qui a séparé le groupe pour 10 ans. C’est probablement un de leurs albums les plus accessibles et un qui leur aurait possiblement permis de percer encore plus s’ils avaient signé sur Interscope au lieu d’American Recordings… mais bon. Rien ne sert de ressasser le passé. Plusieurs groupes se sont inspirés de ces pionniers, Canadiens qui plus est. D’ailleurs, vous pouvez les remercier pour les Nine Inch Nails, Rammstein, 3Teeth, Youth Code et j’en passe de ce monde.
Le choix de Grégory Moigne
NYTT LAND – Cvlt (2020 – Ksensa Records / Infinite Fog Prod.). En ces fraîches nuits hivernales, cet album me réchauffe l’âme. Les huit morceaux du LP s’enchaînent (il y a quatre morceaux de plus sur la version CD), où parfois s’écoutent de façon fracturée, chacun avec sa thématique. Comme beaucoup d’artistes et de groupes pagan-folk, Nytt Land développe des sonorités et des mélodies qui nous emportent calmement dans l’autre monde, au son de la tagelharpa, du tin-wisthle, du chant guttural ou du récurrent tambour shamanique. Notre esprit s’égare dans un imaginaire nourri au paganisme nordique, entre la Russie sibérienne du couple Pakhalenko et les traditions de l’Edda scandinave. Les sensations offertes par ces compositions sont multiples : de la danse des esprits à l’introspection, du calme ressenti à l’envie de se battre au nom des dieux. L’on se rêve encore près d’un feu au cœur d’une forêt sibérienne, le froid alentour, la musique de Nytt Land résonnant sous les arbres, mais elle convient aussi très bien aux paysages de l’ouest breton, les côtes et l’ouverture sur l’océan, un des chemins vers le Valhalla : vent et furie marine répondent aux appels des mythes chantés par le duo, soutenu par Jonne Järvelä (chanteur de Korpiklaani) sur « Sortunut ääni ». Loin du monde…