2020 fut une année de déceptions pour une majorité de gens. Musicalement, la déception s’est également fait sentir de mon côté malgré la sortie d’un album très surprenant d’Annihilator, avec un Jeff Waters plus focusé et concis que dans la dernière quinzaine d’années. Malgré quelques autres bonnes sorties par-ci par-là, rien ne m’a épaté. Plusieurs albums ont été décevants, ce fut notamment le cas pour Titans Of Creation de Testament, qui fut trop long et manquait de férocité, et plus particulièrement l’album dont je fais la critique aujourd’hui, Genesis XIX de Sodom.
Le groupe tournait en rond ces dernières années, c’est ainsi que Tom Angelripper a décidé de faire table rase. Il a renvoyé sans cérémonie, par texto de surcroît, le batteur et guitariste de longue date du groupe et a décidé de réintégrer dans ses rangs le légendaire guitariste thrash allemand Frank Blackfire (ayant également performé dans Assassin et Kreator), afin de recréer la magie d’antan. Il a également recruté Stefan « Husky » Hüskens à la batterie et Yorck Segatz à la seconde guitare, faisant de Sodom un quatuor pour la première fois de son histoire. Alors à quoi s’attendre de deux gratteux? Des mélodies en harmonies, du riffing de haute voltige? Malheureusement non, l’album comprend des riffs très simplistes et archaïques, et des solos qui feraient même honte à un certain Kerry King. Pour cet album, Sodom a visiblement opté pour un concept old school, le problème est qu’ils sont remontés trop loin dans la Delorean; on n’y retrouve pas la rage maîtrisée d’un Persecution Mania ou la force de compositions d’un Agent Orange mais plutôt le côté archaïque et juvénile d’un Obsessed by Cruelty et In the Sign of Evil.
Ces albums avaient leurs charmes en 1984 et 1986 et l’ont encore par la conviction et la violence qui s’en dégage. Malheureusement, en 2020, deux musiciens du groupe approchent la soixantaine et on a plutôt l’impression de voir son grand-oncle récemment divorcé retourner sur les planchers de danse en s’imaginant avoir toujours 20 ans. Pourtant, l’album commence de façon pas si mal, malgré une intro tout à fait inutile avec Sodom & Gomorrah, rapide et furieux malgré qu’elle ne soit pas du tout originale. S’en suit Euthanasia dans la même veine, mais encore moins inspiré et plus linéaire. Les problèmes apparaissent : les seuls riffs accrocheurs sont dans les mids-tempos et dès que ça accélère, tout se perd. Des morceaux trop longs, trop de répétitions, une production franchement moyenne, un Frank Blackfire qui n’a pas su évoluer avec le temps et qui livre solo gênant après solo gênant.
Bref, malgré quelques bons moments, un jeu de batterie excellent du nouveau venu et même un Tom Angelripper en voix, l’album n’est pas sauvé. Avec un Destruction qui n’a rien sorti de pertinent depuis 2005 et un retour aux sources aussi raté de Sodom, le thrash teuton n’est plus ce qu’il était, et sans un Kreator en pleine forme, il serait probablement sur son lit de mort.
Le marteau de Sonny : 2.5/5