Le Cas de figure Ulver
Récemment un ami m’a informé qu’il avait vendu son coffret de Ulver : Trolsk Sortmetall 1993-1997 pour s’acheter le coffret de Ulver : The Trilogie – Three Journeyes Through The Norwegian Netherworlde. J’ai été un peu surpris de ce choix et pour cette raison j’ai décidé de comparer les deux éditions afin que vous puissiez sélectionner votre achat futur et peser convenablement les pours et les contres.
A) Ulver : The Trilogie – Three Journeyes Through The Norwegian Netherworlde
1)Le contenant
Ce coffret fut mis à la disposition des amateurs d’Ulver en 1997 via Century Media. Le boîtier fut conceptualisé sur une base de carton rigide de qualité. Le couvercle est relativement sobre avec des teintes de noir et de gris afin de recréer les rainures du bois. A titre de comparaison, l’effet visuel s’apparente aux nombreuses sorties typiques de Paysage d’hiver. Le couvercle s’emboîte dans la base et au verso de celle-ci se trouve une photo d’époque où il est possible d’apercevoir Garm à l’avant plan. Sous la photo, le nom des musiciens y est inscrit afin que nous sachions l’identité des créateurs de cette musique qui hante encore l’âme de nombreux amateurs de black métal.
2) Le contenu
Comme le nom du coffret l’indique, le propriétaire du coffret aura entre ses mains la fameuse trilogie d’Ulver, soit Bergtatt, Kveldssanger et Nattens Madrigal. Il faut savoir que l’ensemble des albums furent produits en picture discs spécialement pour cette édition. À mon sens, il s’agit d’un choix extrêmement douteux puisque la qualité sonore est souvent inférieure à celle d’un vinyle classique. Toutefois, il y a une logique derrière cette prise de décision puisque la majorité des piliers de la scène black metal issus de la Norvège ont sortie un coffret de picture discs. Il suffit de penser à Emperor, Satyricon, Mayhem, Taake et Burzum. Ce boîtier contient aussi 3 affiches représentant la couverture de chaque album, mais sans couleur, ce qui est un peu fade. Finalement, Centurie Media compléta son anthologie en insérant un feuillet contenant les titres des chansons, un autocollant ainsi qu’un livret contenant une historique et les paroles anglais/norvégien.
Dans l’optique que vous soyez intéressé à acquérir ce pavé de la discographie d’Ulver il vous faudra débourser au minimum 250$ canadiens. Malgré cette valeur médiane acceptable, la majorité des coffrets actuellement en vente dépassent la valeur de référence la plus haute. Dans cette optique, vous devrez vous résoudre à dépenser plus de 400$ canadien pour acquérir une copie de ce boîtier limité à 1000 copies. Maintenant, observons le second coffret afin de pouvoir effectuer une juste comparaison.
B ) Ulver : Trolsk Sortmetall 1993-1997
1 ) Le contenant
Cette version fut mise en marché en 2014, soit 7 ans après la parution du coffret de picture discs. Une fois de plus, ce fut Century Media qui donna l’opportunité aux fans d’obtenir la musique d’Ulver. Cette fois, le label poussa un peu plus loin l’esthétique. Sur base de carton rigide il a produit un coffret simple sans mécanisme d’ouverture puisque le dessus s’emboîte dans la base et il est aisé de l’ouvrir sans l’endommager. Sur le couvercle, il est possible d’admirer la splendide œuvre de Maria Jaquete représentant un immense troll avec des arbres sur sa tête devant une immense lune. Jaquete n’est pas étrangère à Ulver puisqu’elle avait déjà collaboré avec le groupe en 1996 pour illustrer Kveldssanger. Sous ce dessin, se retrouve l’immense logo d’origine du groupe en lettres argentées. Deux des quatre côtés du couvercle sont noirs et les deux autres contiennent une fois de plus le logo original du groupe. D’ailleurs, Il faut mentionné que la dernière utilisation de ce logo remonte en 1998 pour la sortie de Theme from William Blake’s The Mariage of Heaven and Hell, clin d’œil à un passé révolu.
Si vous achetez ce boîtier neuf, une feuille indiquant son contenu et le nombre de copie existante fut insérée à l’arrière sous le scellant. Personnellement, j’aurais préféré que ces informations soient imprimées et non sur une simple feuille glacée. Par la même occasion, il aurait été possible de numéroter le coffret, ce qui aurait rehaussé le sentiment d’appartenance envers l’objet et le côté esthétique. Autre problématique, la notice indique que le coffret est limité à 3000 copies alors que c’est faux. Le coffret CD a eu un tirage de 3000 copies, mais pas la version vinyle du coffret. Il s’agit là d’une erreur d’amateur vu la taille de Century Media et malheureusement, il ne s’agit pas de la dernière bourde commise par le label…
B ) Le contenu
Premier constat en ouvrant le coffret : La magnifique pochette de Vargnatt, promo 1993, dont la seule autre version vinyle fut produite en 2003 par le label Infinite Vinyl Series, division de The End Records qui a vu le jour en 2003. Ce vinyle ne faisait pas partie du précédent coffret et selon moi il s’agit d’un plus-value puisque acquérir la version de Infinite Vinyl Series coûte plus de 100$ canadien. Pour ce simple motif, il faut admettre qu’il est plus économique d’acheter ce coffret. Une fois l’émerveillement estompé, nous retrouvons les pochettes de Bergtatt, Kveldssanger et Nattens Madrigal. Il s’agit de pochettes simples, sans insert, donc nous sommes loin des gatefolds du coffret de Windir dont il fut question dans un article antérieur. Je pense que Century Media aurait dû fournir une meilleure qualité sur ce point précis, mais le prix aurait été ajusté en conséquence pour le plus grand malheur de certains. Côté musical, outre l’insertion monumentale de Vargnatt, une pièce bonus de 5 minutes et six secondes fut ajoutée sur Kveldssanger. Celle-ci s’intitule Synen et se retrouvait initialement sur la compilation CD de Souvenirs From Hell paru en 1997 par Cthulhu Records, label noise/electro allemand qui cessa ses activités en 1999. Cette même pièce fut réutilisée par Prophecy Productions pour sa compilation Whom The Moon A Nightsong Sings en 2010. On peut supposer que cette chanson fut sûrement appréciée puisque depuis 2016, Century Media l’a systématiquement mise sur chacune des réimpressions du vinyle de Kveldssanger. Finalement, un dernier bonus musical rend le coffret attirant, il s’agit d’une cassette sur laquelle nous pouvons entendre 4 pièces de Nattens Madrigal lors d’une pratique datant de l’été 1995. Ce bonus prend de la valeur pour un fan de la première ère puisqu’il est plutôt rare de pouvoir entendre Ulver jouer du vieux matériel lorsqu’on connaît leur évolution musicale.
Matériellement parlant, le coffret contient une affiche 12’’ par 24’’ représentant des loups adossés à un mur. En prime, le label nous offre un volumineux livret de 27 pages. Dans celui-ci, Century Media présente Ulver d’album en album. Cette structure a permis d’ajouter les paroles en norvégien de chaque pièce, un commentaire par album et surtout des photos des membres ayant joué sur l’album. Évidemment, il y a une traduction en anglais disponible plus loin dans le livret afin de satisfaire les différents acquéreurs. Le contenu fut agrémenté d’une magnifique section d’archives contenant des différents logos utilisés par le groupe, des prospectus de Head Not Found faisant la promotion des albums, de vieilles photos studio ou dans la nature. Pour rendre ce recueil encore plus complet, le label a inséré une section sources donnant accès à de l’information supplémentaire sur les photos et les images. Par exemple, nous y apprenons que la rune en forme de N que nous voyons sur l’image du cd, et non la couverture, de Nattens Madrigal fut dessinée par Frost (Satyricon). Finalement, Century Media a inséré les textes se trouvant dans le livret de Ulver : The Trilogie – Three Journeyes Through The Norwegian Netherworlde.
Avant de conclure, il m’est impossible de ne pas vous parler de l’incroyable bourde de Century Media lors de la mise en ligne de ce coffret. D’abord, il faut comprendre qu’ il y a 3 versions de ce boîtier en excluant la version CD. La première version est limitée à 1500 copies avec des vinyles de couleur noire. La seconde est limitée à 400 copies avec des vinyles argentés et finalement la plus rare fut tirée à 100 copies et contient des vinyles transparents (clear). Cette version très rare retient l’attention puisqu’il y une histoire étonnante qui l’accompagne. Apres l’enregistrement de Bergtatt, le groupe garda le master tape entreposé, mais étant peu en moyen pour acquérir une seconde bobine pour enregistrer Kveldssanger, le groupe décida d’enregistrer par dessus Bergtatt. Il y a fort à parier qu’a l’époque le groupe ne pensait pas avoir une carrière aussi prolifique. La fameuse bobine fut ensuite entreposée, mais un feu se déclara au lieu d’entreposage en 2004. Cet événement dramatique rendit inutilisable le document d’archive en raison de l’impact de la chaleur et de la fumée sur le ruban. Rien n’est complètement perdu puisque pour souligner la parution du coffret, une brillante idée fut mise au point. Il fut décidé faire fondre le ruban, rien de moins, et incorporer les résidus dans une mixture qui allait servir à produire un print limité à 100 copies, signé par l’artiste Valnoir et incorporé au coffret le plus rare. Une histoire qui peut être perçue comme étant bien extraordinaire ou comme un sacrilège selon votre perception. Fier de leur coup marketing, Century Media a annoncé en grande pompe le 6 octobre que le coffret serait mis en pré-vente le 20 novembre 2014. Votre humble serviteur était prêt comme jamais, mais comble du malheur, Century Media a malencontreusement mis en vente le fameux coffret le 20 octobre au lieu 20 novembre, bonne journée mauvais mois. Cette erreur monumentale pour un label de cette notoriété a laissée les fans dans état de stupeur, de rage et d’incompréhension, malgré leurs excuses le lendemain. Aujourd’hui, ce fameux coffret limité à 100 copies vaut 500$ sur le marché de la revente, rien pour améliorer le degré d’amertume qu’éprouve certains clients encore aujourd’hui. Pour la version argentée, une personne doit environ dépenser 300$ canadien en plus du transport. Quant à la version noire, le prix median est de 250$ canadien plus les frais d’expédition et, actuellement, les revendeurs tentent de vendre le coffret pour 370$, ce qui est un non sens.
Au final, quelle version semble la plus profitable? Le coffret The Trilogie – Three Journeyes Through The Norwegian Netherworlde est globalement plus rare que Trolsk Sortmetall 1993-1997. Par contre, le support vinyle est de meilleur qualité dans le plus récent coffret puisqu’il ne s’agit pas de picture discs. En prime, il y a plus de musique avec une cassette, un vinyle de plus et une chanson bonus. Il est impossible de justifier l’achat de The Trilogie – Three Journeyes Through The Norwegian Netherworlde en plaidant l’importance du livret puisque les informations sont incluses dans celui de Trolsk Sortmetall 1993-1997. Pour un prix similaire, il est préférable d’acheter la nouvelle mouture selon moi, mais tout est une question de goût. Évidemment, vous pouvez payer plus cher pour obtenir la version plus rare avec la gravure, ce qui apportera une autre dimension à votre collection. En conclusion, il est préférable d’opter pour une meilleure qualité sonore et surtout de viser l’acquisition d’un objet nous donnant plus de musique. Avant toute chose, le but est d’écouter de la musique d’Ulver sinon nous n’achèterions pas ces objets.