Vous avez probablement eu le temps de prendre quelques rides en attendant la sortie magistrale du prochain album de Liquid Tension Experiment. Ce temps est maintenant révolu! Rangez vos cannes et vos marchettes et lisez ceci pour vous faire saliver encore un peu.
Ça fait 22 ans qu’on l’attend et c’est là que ça se passe avec en prime un beau disque bonus d’une heure complète de jam session.
Même recette gagnante : 8 pièces, dont 4 compositions, 2 duos, un jam et un cover méticuleusement arrangé. Mike Portnoy (Transatlantic, Sons of Apollo), John Petrucci (Dream Theater), Jordan Rudess (Dream Theater) et Tony Levin (King Crimson, Peter Gabriel) se sont secrètement mis en quarantaine en juillet 2020 (après avoir fait tous les tests nécessaires) pour un beau 2 semaines à New York.
On sait qu’ils ont joué en petits groupes séparés dans les dernières années, mais pas tous ensemble depuis 20 ans. On pensait tu vraiment qu’ils allaient être rouillés? Pentoute! C’est comme si les 22 ans séparant le 2e album du 3e s’étaient écoulés en claquant des doigts. Ils se sont installés, ont jammé la première journée et la magie a opéré exactement où ils avaient tout laissé en 1999 pour cet album d’une durée d’une heure et des poussières.
Sur la première pièce, Hypersonic, ça arrache. On essaie de prendre son souffle, on annonce son arrivée, c’est nous LTE. Tassez-vous! C’est fou comment un band peut avoir un si beau blend. Tous les instruments s’imbriquent bien. On a une grande introduction super rythmée en chromatique descendante puis ascendante, jusqu’à la moitié de la pièce où un solo bien goulu prend toute la place et où, comme d’habitude, tous les instruments laissent la place au soliste.
L’album au complet est rempli de coupures comme on les aime. C’est vraiment bien agencé. Les lignes de basse sont déconstruites avec des beaux plaqués du côté du synthétiseur. Je trouve que sur cette pièce, le keyboard a plus de couleur (orgue, xylophone, brass, etc.).À elle seule, la pièce donne un rush de sucre. À plusieurs moments, on se crispe le visage parce que ça devient plus lent et plus martelé jusqu’à ce qu’on pense que la chanson soit terminée. On se souvient d’ailleurs que ce sont de petits comiques.
Sur Beating the Odds (extrait qui est déjà paru), on remarque un début plus rock’n roll avec une mélodie qui part le bal au keyboard reprise plus tard par la guitare. C’est très relax, mais quand même joyeux. C’est une pièce chaleureuse avec des moments plus langoureux tout comme des passages acidulés remplis de hi-hat, en terminant sur un beau fade out chantant.
Liquid Evolution a un début pas mal plus soft et c’est aussi la pièce la plus courte. On explore les sons. Beaucoup de basse, de jazz et une ambiance plus smooth, limite musique de film. La recherche sonore est très intéressante.
The Passage of Time, c’est exactement comme on les connaît. C’est aussi la dernière pièce enregistrée en studio. Encore une fois, c’est un plaisir de se faire dorer les oreilles par les élans de piano et la fluidité de la guitare. Autant dans le premier morceau où on garoche tout, là on prend le temps pour chaque glissando, chaque trille et chaque attaque de tom ou de cymbale. On va se le dire (on le savait déjà), Petrucci est une vraie araignée sur son manche. Chaque membre a sa partie et c’est bien soutenu. L’équilibre est très impressionnant. On se ferme les yeux un peu plus sur celle-ci je trouve. C’est vraiment coulant.
Chris & Kevin’s Amazing Odyssey, c’est là où on s’amuse avec les sons. C’est un duo Portnoy (batterie) et Levin (basse) bien pesant, grave et épuré, carrément une expérience immersive dans les tripes des musiciens. Le rythme est lourd et ça fait même un peu doom, sans vraiment avoir de mélodie particulière. En fait, on crée beaucoup avec une thématique de base.
Ensuite, on a Rhapsody in Blue. Quel cover incroyable! Quoi demander de mieux? L’adaptation très actualisée de Gershwin est remplie de wah-wah et d’énergie. On garde le fond jazzy et emboucané du style original et on punch sur le reste. On l’accélère, on la ralentit, on la scinde à grands coups de cimbales, on joue avec et c’est ce que j’adore de LTE. On y intègre toutes les sonorités qu’on leur connaît.
Pour Shades of Hope, c’est l’heure du duo Petrucci (guitare) et Rudess (keyboard). C’est la ballade de l’album très chargée en émotions et digne des meilleurs moments tristes de rupture dans les films de sport des années ‘90. Soulignons que ce morceau a été enregistré ONE TAKE.
La dernière et non la moindre, Key to the Imagination, a un début très soft avec des harmoniques bien travaillées. On s’y attendait : ça clash par la suite. Pour moi, c’est toujours un gros fun d’essayer de compter leur métrique. Ils donnent tout ce qu’ils ont. Les enchaînements peuvent même être assez lourds sur les bords avec une sonorité parfois grunge.
Pour de vrai, les sonorités ne sont pas si différentes que LTE2, mais leur créativité, leur virtuosité et leur inventivité laissent sur les tablettes un produit de qualité impeccable, surtout pour les prog lovers.
Initialement, la sortie de l’album était prévue pour le 26 mars. Cependant, dû à des erreurs d’impression, l’album sera disponible uniquement le 16 avril 2021.
Retiens ça, le 16 avril… pis attache ton dentier.