Harakiri For The Sky est indéniablement l’un des groupes phares du mouvement post-black metal. Le 19 février dernier, après trois ans d’attente, la formation autrichienne lançait Mære, son cinquième album studio, toujours sous l’étiquette allemande Art of Propaganda. Étant également fan de Karg, second projet du chanteur de la formation, j’attendais cette sortie avec impatience.
Dans un premier temps, je dois dire que la mise en marché m’a quelque peu surpris puisque près de la moitié de l’album était déjà disponible en écoute libre sur les plateformes audio maintenant usuelles. C’est un choix qui se défend mais c’est aussi un pari risqué. Je n’ai pas pu m’empêcher de me questionner à savoir si le restant de l’album serait à la hauteur des premières odes publiées et je dois dire que j’ai été un peu déçu.
Ce nouvel opus propose neuf compositions originales ainsi qu’une reprise du groupe Placebo, Song To Say Goodbye. Certes les premiers extraits furent intéressants. Comme le veut la recette traditionnelle d’Harakiri For The Sky, le groupe allie mélodies épiques et passages atmosphériques avec son tact habituel. La voix de J.J. vient ajouter cette charge émotive dont lui seul a le secret. Les variations et l’alternance des patterns de batterie apportent un dynamisme qui vient rehausser les riffs de guitares de Matthias Sollak, principal compositeur du groupe.
Notons d’ailleurs à ce propos qu’après une première participation sur Arson en 2018, c’est toujours Kerim « Krimh » Lechner de la formation grecque Septicflesh qui officie derrière les fûts. Ses partitions apportent certes une dynamique qui fait taper du pied, notamment lors des passages de blastbeats, moments forts et souvent climax des chansons. D’autres parts, il est aussi capable de nuances qui nous font d’autant plus apprécier le changement de direction quand les pièces retombent dans le côté métallique plus conventionnel.
Fidèle à ses habitudes, le groupe a une fois de plus invité des musiciens à collaborer sur cet effort. Outre Lechner qui performe à titre de session, c’est maintenant Neige de la formation française Alcest qui s’est prêté au jeu en ajoutant sa voix au deuxième titre de l’album, Sing For The Damage We’ve Done, pièce qui à mon humble avis, est la meilleure de l’album.
Malgré tout, je ne peux passer sous silence ma déception puisqu’on tombe rapidement dans le piège des groupes qui œuvrent dans le post-black metal, les longueurs inutiles soi-disant au nom de l’ambiance. Quand la recette reprend cette longueur presque systématiquement à chaque titre, on n’est plus dans l’ambiance mais au mieux, d’un manque d’inspiration…
Dans l’ensemble, Mære est un très bon album. L’atmosphère et les sonorités qui s’en dégagent sont typiques de ce que nous connaissons d’Harakiri For The Sky mais c’est aussi là que le bât blesse. Aucune surprise, aucune innovation, que du confort dans des pantoufles chaudes où l’on peut déjà voir les orteils poindre tellement elles sont usées.
En définitive, les pièces prises individuellement sont toutes intéressantes mais, malgré tout le respect que j’ai pour la formation, je n’ai pas réussi à écouter l’album d’une durée d’une heure vingt-quatre minutes d’un bout à l’autre une seule fois sans me tanner et passer à un autre appel. C’est bien beau le modèle anti-industrie qui propose autre chose qu’une galette de 8 chansons pour 40 minutes, encore faut-il que le contenu garde l’auditeur en haleine et qu’il en redemande à la fin, objectif qui n’est pas atteint avec cet album.