Dans mon dernier billet de blogue sur la formation russe Grima, je soulignais que la dimension politique et l’origine d’une formation n’étaient pas des facteurs pour un bon nombre d’amateurs de musique metal face au fait qu’ils vont apprécier ou non un groupe metal. Après tout, ce n’est que du divertissement vous me direz. Sauf qu’en ce moment aux États-Unis, on sent que chaque journée est une journée où il se passe de nombreuses choses qui se veulent surréelles, irréelles et impensables.
Loin de vouloir faire un billet politique, j’utilise ma tribune pour me poser des questions, mais plutôt une question sur l’impact que peuvent avoir les artistes face aux comportements politiques des leaders de leur pays. Je sens qu’il y a un vide en ce moment face à la présence des artistes, surtout en ce qui concerne la façon de faire de l’administration américaine.
À moins que les gérants des artistes dictent à leurs poulains de se fermer la trappe et de se tenir loin de toute controverse? Mais est-ce que l’émancipation des artistes (musiciens, musiciennes, acteurs ou actrices) pourrait être en jeu?
Samedi le 22 février, je suis allé voir Maggots : Hommage à Slipknot avec mon garçon. Nous sommes allés rejoindre un ami dans un restaurant, question de prendre un verre avant le concert. Mon ami était lui aussi avec sa progéniture. Nous avons parlé politique. Mon fils était intéressé, la fille de mon ami regardait l’heure sans arrêt, question de ne pas être en retard au concert.
Il en est venu à me dire ceci : « Sont où les artistes? Y’est où Bruce Springsteen? On dirait qu’aucun artiste américain n’est indigné par les agissements de Trump et Musk! » À part Madonna, il n’y a pas grand monde de la colonie artistique qui s’est manifesté face à ce qui se passe aux États-Unis.
Du côté MAGA, nous voyons Kid Rock, Ted Nugent et aussi Woody Harrelson se faire aller les babines face aux décisions prises par l’administration Trump. Mais chez les artistes plus démocrates, c’est silence radio. La cérémonie des Grammy avait des airs d’un téléthon pour venir en aide aux victimes des incendies de la région de Los Angeles, mais pas un mot sur la façon dont les choses se déroulent aux États-Unis.
Sérieusement, je m’attendais à voir Tom Morello avec sa casquette bien enfoncée aller se porter à la défense de ceux qui ont perdu leur emploi face aux compressions du DOGE ou de décrier les gestes de salut à caractère nazi de Musk. Mais non. Je croyais que Dee Snider de Twisted Sister allait se faire aller les bigoudis blonds sur ses réseaux sociaux ou que Randy Blythe en jase lors de ses conférences au sujet de son dernier livre. Et que dire de Ministry? Serj de System of a Down? Green Day et Dave Grohl?
Peut-être que les acteurs et actrices d’Hollywood ont profité de leur tribune lors des Oscars, le 2 mars? C’était plutôt timide. Daryl Hannah, actrice de Splash et épouse de Neil Young, a lancé un léger « Slava Ukraine » avant d’y aller avec sa présentation et l’animateur Conan O’Brien a enligné une bonne blague visant la cordialité du président face au régime russe.
Sinon, de la colonie artistique américaine en général, y’a vraiment rien…
Je croyais fortement que Rage Against the Machine allait donner un concert-surprise, charger 300$ par tête de pipe et donner les recettes au fond d’indemnisation de ceux qui ont perdu leur job grâce aux coupures du DOGE, comme les rangers des parcs nationaux ou ceux qui se sont fait couper leur pension.
Pas un doigt n’a été levé.
Quand George Floyd a été brutalement attaqué par un policier, les gens sont descendus dans les rues, les artistes ont pris la parole. Depuis le retour des Républicains au pouvoir avec toutes leurs frasques, nous ne voyons pas de mouvement de contestation de la part de la grande colonie artistique plus démocrate, ne serait-ce que ce sketch en ouverture de Saturday Night Live, lors de l’émission du 1er mars, où l’équipe a offert une parodie de ce qui est arrivé vendredi avec Zelensky dans le bureau ovale.
Avec le caractère imprévisible de Donald Trump, est-ce qu’il en viendra à interdire aux artistes américains de sortir du pays pour faire de la tournée? Interdire des artistes canadiens ou européens de faire de la tournée aux States, avec des tarifs exorbitants pour les permis de travail, ce qui fait qu’aucun groupe ne pourra se permettre de tourner là-bas?
Ce n’est pas impossible. Tout peut se produire, même ce que nous pouvions trouver inimaginable et farfelu, eh bien ça se peut maintenant.
Plus aucun artiste américain en tournée? Plus aucune tournée en Amérique du Nord? Est-ce que vous croyez que des groupes européens pourraient faire uniquement des villes canadiennes et rentabiliser le tout? J’en doute…
Plus aucun film américain en salles? Les plateformes de diffusion en continu qui ne propose que le catalogue antique américain? Terminées les nouvelles séries? Est-ce que tout ça pourrait arriver?
Non, ce n’est pas une période très enthousiaste qui se déroule sous nos yeux et notre nez. Lorsque les artistes s’en mêlent, ils parlent au peuple avec des mots qu’ils comprennent, en chansons, sur scène ou dans leurs films.
Sauf qu’en ce moment, c’est le silence total…