Je profite de cette deuxième fermeture d’école, en relation avec les immenses quantités de neige, pour pondre un nouveau billet face à une sortie musicale décadente. Je suis théoriquement en congé mais je me dois de rester à l’affût face à la gestion d’une école, ce qui veut dire de garder ma boîte de courriels ouverte et de répondre, lorsque c’est nécessaire. La pelle a été passée mais je regarde mon patio et ma galerie. Il doit y avoir un bon mètre et demi de neige là-dessus, si ce n’est pas plus. Par contre, mon fils m’a annoncé hier qu’il allait aller pelleter les deux structures. Reste à voir si ce sera fait ou non.

De mon côté, je suis assis au comptoir. L’épouse prépare son lunch car pour elle, il n’y a jamais de répit dans son travail. Elle doit s’y rendre, coûte que coûte car la santé mentale des jeunes, ça ne prend pas de congé. Vraiment. Second café de la matinée, par la fenêtre je vois que le vent se lève et la neige effectue de grandes envolées. Rien pour me donner envie de sortir, ne serait-ce que pour aller flipper des vinyles dans les magasins locaux. Non, Terrebonne va attendre, mon logis sera ma plénitude.

Je vais plutôt me rabattre sur la nouveauté de ce groupe de Québec qu’est Scare. Du nom de In The End, Was It Worth It?, je vais pouvoir confirmer si le tout vaut la peine. Le volume n’est pas trop fort car la progéniture est encore en mode sommeil. Je ne veux pas les réveiller, je fais le tout de manière apaisante avec un débit de hardcore plutôt paisible. Par contre, après les deux premières pièces que sont Nevermind if it all Explodes, I’ll Die Anyway et PMA : Pessimistic Mental Attitude, je sens que je manque le bateau un peu.

J’arrête donc l’écoute et branche mes écouteurs, question de pouvoir blaster ce nouvel album à la puissance requise, environ 80 sur une échelle de 100. Avec Drifted Away à plein volume, j’avais l’impression d’entendre l’introduction d’Unsung de Helmet étant donné que la basse du bassiste Nate nage dans les mêmes eaux boueuses, en plus de la caisse claire qui se veut aussi précise qu’une montre suisse. Par contre, lorsque la voix embarque avec ses jappements plutôt brusques, je me retrouve dans un domaine hardcore saligaud qui me fait oublier ma comparaison initiale, quoique la portion de basse vers la fin du morceau me remet Helmet en caboche.           

Par la suite, The Black Painting se veut bien joggante. Avec son fouettage qui me rappelle Mi Amore, je me sens interpellé par les lignes plus abyssales qui saluent Entombed largement. Mon premier hochement de caboche survient avec Thrash Melrose avec son emprise totale sur le boogie woogie hardcore métallisé. C’est bien jappé, petite transition sur le snare du batteur FnF qui se verse vers un solo bien rock n’roll et on termine le tout en mode serpentaire au niveau de la voix.

Ce n’est pas propre comme contenu et ça demeure souillé avec Crowned in Yellow, avec sa parcelle plus noircie en ouverture. Présence à la voix qui se veut encore morfondue, les jets propulsés demeurent vitrioliques et c’est au niveau des percussions qui l’on sent que ça bouille aussi. À date, je me retrouve avec des morceaux qui se veulent offusqués, passés dans le tordeur, et ça faisait un bout que je n’avais pas entendu du contenu aussi pissed mais qui demeure écoutable, harmonisé et tapable aisément au niveau du bout du pied.

Doomynation est, sans grande surprise, beaucoup plus doom qui tout ce qui a été proposé depuis le début de la présentation sonore. En toute franchise, cette pièce offre le même sentiment que lorsque l’on voit une fourchette qui se retrouve dans le compartiment à couteaux, dans un tiroir à ustensiles. Ce n’est pas supposé d’être là mais ça reste dans la grande famille des ustensiles. Donc, ça fitte, juste un brin. Probablement qu’avec le temps, je pourrai apprécier un peu plus ce morceau car de couper le côté courroucé de l’album avec celle-ci me semblait un peu précoce et inattendu.

C’est un grand sifflement qui se fait entendre malgré le fait que je porte mes écouteurs. J’incline ma tête vers la droite et je peux voir que dehors, c’est vigoureux au niveau des vents. Je comprends rapidement que malgré le fait que tout soit gratté jusqu’aux dalles de patio, il va falloir repasser un coup de pelle, bientôt. Je reprends avec Turbograine qui se veut un morceau rapide et agréable. La cadence est parfaite, l’envie de twister est bien présente et j’en suis à me demander si le terme Turbograine est pour saluer Turbonegro ou plutôt, pour décrire quelqu’un qui serait, dans un sens, un méchant crétin!

La lourdeur qui accable l’introduction de Harakiri ton Industrie me rejoint amplement et la suite me comble aussi. C’est pesant, huileux et c’est hurlé à l’écœurement, le tout bien accotté par des lignes de guitares plus célestes de Gabrielle Noël-Bégin, surtout vers le dernier tiers. Ça claque en cibole dans la maison, le vent de l’extérieur fait bouger le genre de clapet qui est installé dans la hotte de la cuisine. Je replace donc mon casque d’écoute et je m’empiffre de Reality of Death in the Maze of Hope, qui se veut probablement le morceau le plus metal de cet album.

Doomynation 2 est à l’image de la précédente, beaucoup plus dans le gouffre ténébreux mais étant donné que ce morceau conclut l’album, j’ai la sensation que cette fois-ci, c’est beaucoup plus adéquat dans l’ordre des choses. Dans ce festival d’écœurantite, qui se marie parfaitement avec tout ce qui se passe en général depuis le début de 2025 autant au niveau des infos que de la météo, j’avais plutôt envie de ressentir la bile crachée venant de la part de Philip Roy en plus de la cacophonie contrôlée venant des autres musiciens.

C’est ce qui nous entoure qui nous dicte ce que nous voulons écouter, c’est bien clair. En cette période d’incertitude mondiale et de météo turbograine, il me fait un immense bien de sortir de mon metal habituel pour y aller avec de l’enragement musical de la sorte. En plus, ce groupe vient d’ici, ce qui veut dire que les membres de Scare doivent totalement savoir de quoi je parle! 

Je vous laisse là-dessus, car je dois aller pelleter le patio et la galerie…

Disponible le 21 février au scareqc.bandcamp.com 

www.facebook.com/scareqc

Photo : Shaun Be