Avec l’annonce de ce concert final de Black Sabbath, l’amateur de metal a tout tenté pour se procurer une paire de billets pour cet évènement qui se voudra historique. J’ai essayé, je n’ai rien eu. J’ai vu la tournée finale du groupe et de voir que Sabbath (en mode formation originale) va revenir le temps d’un « dernier » concert m’a excité le cervelet en ciboulot! Même chose pour le fils! Surtout quand tu regardes l’affiche complète, en regardant qui sera en ouverture. Tous les groupes se veulent intéressants (sauf Halestorm, sérieusement?) et il me semble que ce sera difficile pour les organisateurs de faire entrer tout ce beau monde dans les cases horaires.

À moins que tous les groupes et autres artistes invités ne jouent qu’une vingtaine de minutes sur scène, ce qui se voudrait plausible ou que tout le monde joue sur le même kit, ce qui ne peut pas arriver. Voyons, ce n’est pas un concours amateur… Est-ce que la scène sera séparée en deux entités distinctes pour finalement devenir, lors de la finale pour Black Sabbath, une scène unique où s’exécuteront les pionniers du metal? Ça aussi demeure plausible car il faut capitaliser sur le temps, étant donné qu’il y a de nombreux noms sur l’affiche.

Parlant de noms, il y a celui de Pantera. Non, il demeure inutile de repartir ce débat face au fait que ce n’est pas le Pantera des frères Abbott, nous le savons déjà. Je me demande plutôt si Benante va battre les peaux d’Anthrax et de Pantera lors de cette journée ou si un batteur additionnel sera derrière le kit de l’un ou de l’autre groupe avec qui Benante tape.

Et qui dit Pantera en 2025 dit surtout, Phil Anselmo. Le chanteur du groupe aime bien aller gueuler avec d’autres formations le temps d’un album, d’un mini-album, de quelques spectacles ou pour une tournée un peu plus longue. À l’époque fulgurante des années ’90 alors que Pantera n’a jamais ressenti le souffle du grunge dans la fosse de son cou, nous pouvions voir des photos de Pantera alors qu’Anselmo arborait des t-shirts de formations black metal comme Darkthrone ou Mayhem.

Anselmo a toujours mis de l’avant son appréciation du genre, allant même jusqu’à inviter Satyricon en tournée pour ouvrir pour Pantera et aussi, en mettant en place son propre projet black métallique du nom de Viking Crown. Ce groupe a roulé un brin durant les années ’90 mais est mort de sa belle mort vers 2001. En entrevue avec Anselmo à l’époque du premier album de Phil and the Illegals, nous avions jasé de son partenaire qu’était Killjoy. Il n’avait pas de mots très très tendres à son endroit…  Donc, le bon Phil Anselmo aime son metal, à toutes les sauces et en 2025, il revient à la charge avec le premier album (après trois mini-albums) pour ce groupe de black metal virulent qu’est Scour.

Généralement, nous appelons ce type de projet un « super groupe » étant donné que chaque membre de la formation provient d’une autre formation. De mon côté, je préfère le terme projet en parallèle car le fait d’ajouter le mot « super » place la barre trop haute, en plus de donner un côté Marvel qui me titille, solidement.

Ce qui est intéressant avec Scour c’est qu’aucun des musiciens du groupe ne joue avec un groupe de black metal. Effectivement, avec le bassiste John Jarvis d’Agoraphobic Nosebleed, le bassiste de Cast the Stone mais jouant de la guitare avec Scour qu’est Derek Engemann, le batteur de Misery Index, Pig Destroyer et Cast the Stone qu’est Adam Jarvis en plus de son compatriote de Misery Index/Cast the Stone, Mark Kloeppel sur l’autre guitare, on comprend que le CV de chaque membre de Scour nous indique une forte allégeance envers le death metal.

Et c’est tricoté serré, tout le monde participe au projet de l’autre, un bel esprit communautaire habite cette bande de musiciens du domaine des arts musicaux morbides mais qu’en est-il lorsqu’ils désirent jouer dans les arts plus noircis du genre métalloïde?

En toute franchise, il ne faut pas s’attendre à une révolution du genre black métallique. Cet album qu’est Gold (tout comme Baroness, le groupe aime nommer ses enregistrements avec des teintes colorées!) ne fait pas avancer le genre black métallique en tant que tel, mais il permettra plutôt d’ouvrir encore plus les horizons de certains face au genre.

Effectivement, les amateurs plus « kvlts » vont probablement crier au scandale face à cette production très léchée et proposée par des musiciens américains qui se vautrent généralement dans le death metal. Par contre, il est fort probable que les curieux face aux projets parallèles d’Anselmo puissent découvrir un sous-genre métallique. Ceux qui vont accrocher vont probablement, par la suite, tenter d’autres formations dans la même veine. Un peu comme ceux qui ont découvert le sludge doomé grâce à Down.      

Gold débute avec impétuosité avec la pièce du nom de Cross. Aucun doute, c’est virulent et rapide, Anselmo est serpentaire autant que guttural sur ce morceau. Il alterne son approche vocale et au niveau des instruments à cordes, on gratte à s’en faire saigner le bout des doigts tandis que les percussions martèlent à la même vitesse que Trump qui signe des décrets!

La suivante qu’est Blades se veut plus subtile. Il y a certaines cassures dans les rythmiques, question d’amener une certaine cohésion et Anselmo y va avec des moments plus parlés (du genre We’re taking over this town!) sur celle-ci. Infusorium est plus contemplative lors du premier tiers mais ensuite, c’est la pétarade et le morceau qu’est Ornaments, avec son piano qui semble lointain et ses claviers aux ambiances lugubres, apportent un certain répit pour l’auditeur.

Le morceau du nom de Coin (oui, chaque pièce de l’album ne comporte qu’un seul mot) est aussi rapide qu’un morceau de Marduk mais avec quelques nuances quoiqu’Evil est aussi rapide que du Marduk et c’est très bang! La mitraille se poursuit avec Devil avec ses élans à la Dark Funeral et son caractère tempétueux nous amène vers l’interlude bidouillant qu’est Contaminated, qui sonne comme lorsque nous nous retrouvons dans le laboratoire dans Resident Evil 2

La pièce du nom de Hell est celle que je préfère sur Gold. Avec sa transition vers un riff de guitare plus croustillant, elle demeure puissante mais beaucoup plus cadencée que le reste de l’album. Le dernier tiers de Gold se veut sauvage avec les impulsions qui me ramènent Goatwhore sur Invoke, en plus de la ravageuse Gold qui va se déverser vers les violons ténébreux et angoissants de l’instrumentale Angels, pour finir avec l’apocalyptique Serve qui alterne entre la vivacité et le l’appel vers le gouffre.    

C’est très rapide lorsque Scour est en mode métallique, aussi rapide que la vente des billets pour ce spectacle ultime de Black Sabbath (tout a été vendu en moins de 16 minutes!) quoique le fait d’avoir des interludes permet, justement, de faire reposer le cartilage de nos chastes oreilles.

C’est certain que le fan de Pantera qui se complait maintenant de Lamb of God sera totalement perdu en écoutant Scour car nous sommes très loin d’un produit qui offre du groove. Il risque même de trouver le tout cacophonique, bruyant et irritant car il demeure impossible d’écouter cet album de Scour tout en se sifflant des canettes de Bud Light.  

De mon côté, je trouve toujours intéressant de voir des artistes sortir de leur sphère habituelle pour pouvoir tâter le terrain ailleurs, peu importe le résultat. Et il faut donner ça à Phil Anselmo qui aime bien tâter un peu partout (pensez à En Minor avec sa parcelle mélancolique) dans le domaine musical. Avec Scour, Anselmo et les copains visitent les feux de l’Enfer, feux qui ont été allumés par Black Sabbath, il y a de cela plusieurs décennies.

Sur Gold, on sent que les feux infernaux demeurent bien ardents, aussi ardents que le prix des billets pour assister à cette finale Sabbathienne… et tu n’as pas encore compté ton billet d’avion, l’hôtel en livres sterling, les victuailles anglaises douteuses et les pintes de Newcastle!   

Disponible le 21 février sur Housecore/Nuclear Blast.

www.facebook.com/scourband/

Photo : Malcolm Pugh