Je poursuis avec ma série de billets sur des sorties qui sont passées sous mon radar. Pourquoi? Probablement parce que je mettais le focus sur autre chose, fort probablement les nouveautés de Blood Incantation, Devin Townsend et Iotunn qui ont accaparé mes habitudes d’écoute lors des dernières semaines. Maintenant propriétaire des versions vinyles des trois sorties énumérées un peu plus haut, j’ai pu reprendre mon bon vieil iPod déjà rempli des dernières nouveautés pour ce dernier tiers de l’année 2024 et j’ai sélectionné l’album Songs Against Humanity des Allemands de chez The Spirit.

C’est l’automne, c’est frisquet et pour aller marcher, je suis équipé en hiver à l’exception de ce que je chausse. Non, je n’ai pas sorti mes Merrell doublés pour agrémenter mes gants, ma tuque réconfortante et le foulard de laine qui complètent mon manteau hivernal. Je porte encore mes espadrilles de marche, question d’avoir le confort nécessaire pour longer les sentiers terrebonnois et je le fais avec la sonorité death métallique bien noirci qui m’est offerte par cette formation qui se veut un duo.

Nous sommes en heure d’hiver, il est 6h36 au lieu de 7h36, c’est frette pour le pet mais je dois l’avouer encore : l’automne est ma saison préférée malgré le frimas qui meuble mon pinch. Avec un album qui se nomme « Chansons Contre l’Humanité » lorsque c’est traduit, je sens le côté fataliste de la chose et je suis encore plus crinqué pour aller affronter la froideur automnale en cette matinée du dimanche. La pièce qui ouvre l’album se nomme, justement, Against Humanity. Ceci se veut une déclaration puissante, misanthrope et la sonorité qui est proposée par le duo se marie à merveille avec ce à quoi je m’attendais.

Effectivement, ce que The Spirit propose est fortement inspirée par Dissection, Sacramentum et Necrophobic. Étant donné que je vais me rendre à la Messe des Morts d’ici quelques jours, de me saucer dans ce type de sonorité me plait amplement car Necrophobic y sera. La cadence au galop qui caractérise cette chanson me permet de garder un rythme régulier au niveau de la marche, la voix serpentaire de Mathias Trautes est juste asse acidulée et les percussions de Manuel Steitz sont rapides et précises. Par contre, je me rends compte que mes espadrilles de marche commencent à être usés en gériboire…

« Slacke les vinyles pis achète-toi des nouveaux souliers! » que je me dis. Mais l’idée s’estompe à mesure que j’avance au rythme de cette chanson puissante.

La guitare est pincée et bien effilée, ce qui se veut parfait pour le death metal à tendances noircies à l’os. Avec Room 101, le duo débute en mode tourbillon musical pour ensuite y aller avec une séquence métallique plus aérée, ce qui permet à la pièce de prendre de la place, surtout avec le roulement efficace offert par les deux grosses caisses qui se veulent oppressantes. Cosmic Rain and Human Dust se veut pratiquement tribale en ouverture mais ensuite, The Spirit reprend la ligne plus assassine qui prévaut depuis le début de l’album.        

J’en suis à la moitié de l’album et mes souliers toffent la run. La parcelle black métallique de Songs Against Humanity est bien tamisée mais laisse passer les subtilités plus death métalliques, ce qui fait que j’en apprécie grandement la qualité, surtout la portion pratiquement progressive lors de la partie médiane de cette chanson, ce qui me permet de confirmer la précision méticuleuse du duo. Par contre, on retombe avec une viande beaucoup plus crue avec Spectres of Terror. Au yable la finesse, on y va dans ce qui se veut sec et éraillé, en plus d’offrir un gros riff à la Kreator en guise de pont musical, juste avant de tomber en roulade des percussions.

La seconde demie de Songs Against Humanity se veut aussi vicieuse mais toujours aussi constante dans cette balance entre hostilité bien noircie et la hargne death métallique. La finale se veut plus en finesse avec Orbiting Sol IV, pièce instrumentale qui permet une descente face à cet album, en toute subtilité.

De retour à la maison, j’ai ce sentiment de satisfaction face au fait que ce disque soit sorti en fin d’année et que j’aie pris le temps de fouiller dans ma banque d’albums disponibles car je m’en serais voulu un brin d’être passé à côté de cette boule d’agressivité, bien canalisée par la justesse des musiciens.

Mes souliers de marche semblent en bout de vie et n’ont plus ce souffle vigoureux. Dois-je les changer immédiatement? Avec la température qui se refroidit, ce sera le tour des Merrell de reprendre le sale boulot en période hivernale.

On verra ça au printemps car l’humanité, et mes souliers, peuvent bien attendre!  

Disponible sur AOP Records.   

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